Les primevères sont derrière moi. HP Ignition,
une autre histoire. A bord du ferry, un vent glacial s'emmêle dans les méandres
de ma crinière grasse qu'un shampoing à la moelle de bambou ne serait rendre
l'éclat de sa jeunesse. Les hauts buildings de Manhattan s'érigent face à moi,
je me sens petit, minable, une poussière d'étoile, de vie, de Ground Zero. Je
la vois, elle, ravissante brune. Bianca. Quelque chose dans ses yeux, son
regard qui me pénètre. J'ai envie de respirer ses cheveux, je ne sais pas ce
que sent la moelle de bambou ?
« J'atterris
dans un bar d'un tout autre style. La clientèle est différente : des
métalleux aux cheveux longs, tatoués de la tête aux pieds pour la plupart. La
musique à fond, je crois reconnaître un air de Deep Purple. Jo tient toujours
ma main. J'ai le choix entre une IPA et une Brooklyn Lager, les deux seules
boissons à la carte. Je le laisse choisir. Je n'aime pas la bière. Mais ce
soir, c'est différent. C'est très rafraîchissant, comme Jo. J'attrape ma pinte.
Jo disparaît. Je me retrouve toute seule à boire. »
Une musique dans un bar, playlist
d'une autre époque. David Bowie est resté dans son corps. Deep Purple est dans
le mien. Je fais un compromis, Guns N' Roses pour raviver ses souvenirs. Elle
est seule devant son verre de bière. Je connais bien cette situation. Devant ma
pinte, à la regarder. Ou sur un banc, à l'observer. Sa mélancolie, sa
tristesse, son envie. Je plonge dans son regard, comme un poivrot dans son
verre, ou un pauvre type dans le vide du haut de son immeuble. La situation m'est
familière, ces flashs sont fréquents dans les putains de vie. No Hope.
Une flaque de sang qui s'épanche sur
le trottoir dans l'anonymat d'une rue, du sang qui s'écoule le long d’une
poignée dans la froideur d'une salle de bain, une tache de sang dans le
fauteuil du salon, un verre de whisky à terre, une âme partie vers un autre
ciel. Je détourne le regard. Pour celui d'une rose. Axl au chant, elle au
regard. Son sourire qui me hante.
Sa vie tourbillonne, comme le piment
dans un chili, comme les glaçons dans un verre vide. Je me sers un bourbon.
Elle redemande un apple cider. Nos regards se mélangent. Elle a sa vie,
maintenant à NY ou ailleurs. Je reste dans la poussière de mon ranch. Elle me
parle de sa vie d'avant, de celle de maintenant, de son prof, de Jeff son
cancéreux disparu. Elle a pris quelques grammes, son anorexie est derrière
elle. Sic... Je me mettrai bien derrière elle aussi, mais pas sûr que mon
regard ne l'intéresse. Trop triste, sujet inconnu. Elle a la force de continuer
à vivre, je tente de survivre de loin, enfilant les bouquins comme autant de
bouteilles de whisky vides.
« J'aurais
pu rentrer bouquiner mais une journée complète à brasser du vent ne m'a pas
suffi. J'ai trouvé un pub juste à côté du Whole Foods Market. Il passe en
boucle la compile de Noël. A force de boire du hot apple cider, avec du bourbon
cette fois, je finis par chanter Jingle Bells avec d'autres habitués du whisky.
C'est déprimant, Noël, pour les gens seuls. Je vois la tête de mon père dans
mon verre. Un autre apple cider ? Oui merci. Ça panse, ça lance. Les maux.
Ils rebondissent à l'intérieur, noyés dans le bourbon. Aux toilettes, je pleure
whisky et pisse tristesse. Le tout sur We wish You a Merry Christmas. »
J'enchaîne les romans de Loulou. J'adore
son prénom. J'adore son regard. J'adore son sourire. Mais ce que j'adore le
plus, c'est sa plume. Sans concession. D'une profonde tristesse qui ne m'est
pas étrangère. Quelle putain d'écriture, quelle putain de femme. Il pleut. Je
regarde l'eau s'écouler sur la fenêtre de ma vie. Les larmes de Loulou sont les
miennes. Sa rage lui appartient comme mon verre vide à moi. Ou mes émotions.
Loulou, ses mots, mes maux, se mélangent, s'envolent comme les pétales d'une
rose qu'une bourrasque de vent aurait défleurie. Loulou, je l'aime...
« La
tristesse est une prison. »
« Hope », Loulou Robert.
« Je vibre. Le chanteur, Axl
Rose, a une énergie folle, j'arrive à la sentir d'ici. La mélodie m'emporte.
Une force s'en dégage, comme quand on tombe amoureux. C'est enivrant. Je ne
peux pas lutter. Je ne veux pas. Chaque partie de moi est attirée. C'est
émouvant. Je suis amoureuse d'une chanson. Le guitariste se lance dans un solo.
Jo me murmure qu'il s'agit de Sweet Child O' Mine, leur plus grand tube.[...]
Mes poils se hérissent sur mes bras. Je tremble. Les notes montent en moi, la
tension aussi. Elle est à son comble. « Where
do we go now ? » J'explose. En larmes, tellement je suis
vivante. »
Salut, le Bison
RépondreSupprimerEh, bien ! De nombreuses paillettes se mêlent à l encre de ta plume lorsque tu écris le prénom de Loulou au point qu il est irisé et brille comme les étoiles...
Toutefois, je ne suis toujours pas prête à la suivre jusque New-York !
Par ailleurs, ne crois tu pas que nous essayons tous de survivre ?
Les paillettes sont surtout dans le regard de Loulou et les étoiles dans sa plume...
SupprimerPar ailleurs, je pense qu'il y en a qui vivent, d'autres survivent et d'autres encore ont simplement abandonné l'idée de vivre.
Par ailleurs, je suis bien d'accord mon Bison...
SupprimerHope, mon premier Loulou <3
RépondreSupprimerPuis "Je l'aime", que je viens de terminer. Bouleversant...
Elle me touche cette Loulou, j'aurais adoré la rencontrer, à la lumière de ses mots...
La rencontrer à New York, encore mieux, pourquoi pas.
Elle a aimé cette ville pour sa désinvolture, la fuite de sa terre natale, le renouveau, l'espoir d'une nouvelle vie. Je la comprends. J'ai aussi eu cette fièvre new Yorkaise, pour les mêmes raisons.
Une belle âme cette Loulou :-*
Il me reste "je l'aime" qui me croasse bien et puis après, attendre le prochain... de cette belle âme à l'écriture touchante et fracassante
SupprimerHope for ever... !!
RépondreSupprimerTu as vu... elle est belle ma photo ;-)))
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