vendredi 16 octobre 2020

Double Peine


Paula Cid, 42 ans et néonatologue, mène une existence tranquille, une vie des plus ordinaires à Barcelone. La routine d'un couple sans enfants, un verre de vin le soir pour laisser derrière la passion de son métier. Sauf qu’un jour, son compagnon de route et de vie lui annonce brutalement qu’il la quitte pour une autre. Sauf que ce même jour, quelques heures après, son ex-compagnon de route et de vie se tue en vélo. La double peine, la tristesse de s’être fait larguée et celle de le voir mort, les deux le jour même, se mêle et s’entremêle dans sa tête. Un sentiment de désespoir et de rage qui cohabite en elle.

 

« Un verre de vin à portée de main, le deuxième déjà. J'essaye de savoir si avant je buvais avec la même fréquence. Je sais que non, que je ne buvais pas autant, mais je fais semblant d'avoir un doute. Lorsqu'on est seule, il est primordial de maintenir un certain dialogue avec soi-même, de se mettre dos au mur, de ne pas tout se permettre. Après cinq minutes, l'alcool est passé dans le sang, l'idée étant de m'écraser dans le canapé et laisser l'éthanol déprimer mon système nerveux central, m'endormir et faire chuter l'intensité de mes fonctions cérébrales et sensorielles, mais j'échoue, comme pour tout ces derniers temps. » 

 

Pas le temps de s’interroger sur « l’autre », qu’elle croisera dans les couloirs d’un hôpital froid et blanc. Pas le temps d’imaginer comment ils se sont rencontrés, dans un café ou sur un site de rencontre sur internet. Aussitôt la nouvelle annoncée, sans avoir le temps de fracasser un verre ou un vase contre le mur, Paula doit déjà faire le deuil de son (ex)compagnon. Et se reconstruire, s’auto-détruire, imaginer, respirer, s’affaler sur le canapé un verre de vin à la main, re-baiser ?, s’échapper, arrêter de vivre aussi. Les sentiments filent, les pensées passent, mais l’envie qu’en est-il après cette double perte, cette double peine, cet amas de tristesse qui du jour au lendemain s’est accumulé au pied de son lit. 

 

En fait, pourquoi j’ai franchement aimé cette histoire, cette histoire d’amour au bord de la mort, cette histoire de deuil au bord de la mer. Un roman, une romance, qui pourrait pourtant facilement tomber dans le pathos. Peut-être…parce qu’elle parle de mort et d’amour, et peut-être aussi parce que j’aimerai moi aussi apprendre à parler avec les plantes, puisque je n’ai jamais appris à parler avec les êtres. 

 

« L'oubli devrait être un processus naturel. On devrait pouvoir oublier au moment même où l'on s'y résout, avec effet immédiat. Autrement, se souvenir devient une dégradation, une violence contre soit même. Je ne veux pas l'oublier. »

 

 « Apprendre à Parler avec les Plantes », Marta Orriols

Traduction : Eric Reyes Robert.


Sur une masse critique,

donde esta la playa,

Merci donc à Babelio et au éditions du Seuil





3 commentaires:

  1. Ce doit être beau d'apprendre à parler avec les plantes. Aussi beau que d'apprendre à parler à la neige qui tombe du ciel ou encore aux étoiles.
    Y'a certainement en tout cas des jours qui mériteraient de ne jamais avoir existé. Je prends un verre bien corsé à toutes les Paula de la Terre!

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    1. et à toutes les femmes de McGill ^^

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    2. Ça doit être beau que d'apprendre à parler à la neige, au blizzard et aux femmes de McGill...

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