lundi 22 avril 2019

Whiskey et Tennessee


« Il glissa une main furtive dans son soutien-gorge, pour cueillir au creux de sa main son sein droit. Assurément, jamais chair n'avait été aussi douce, ni aucun fruit aussi délicat. Cathy bougea à son tour, son bras doit entoura la gorge de Thibodeaux, la pression de ses cuisses augmenta légèrement, mais de façon perceptible, elle plaqua son pubis contre lui. Est-ce qu'il devenait fou, s'imaginant des choses, ou bien sentait-il vraiment entre ses jambes une source de chaleur ? »

Sandy Thibodeaux et John Stoneburner dans les années soixante-dix, deux pauvres types qu'une guerre du Vietnam a déglingué un peu leurs ambitions et flingué leur avenir. Du genre, c'était par leurs guerres, pourtant ils y sont allés, y ont survécu, et se retrouvent maintenant au retour de carnages perdus dans cette Amérique-là. Thibodeaux traîne ses guêtres parmi les décharges du Tennessee, Stoneburner est dans le genre détective privé, sans secrétaire bien roulée. Ils se sont perdus de vue, l'un a sauvé l'autre au Vietnam, à moins que ça soit l'inverse. Ils vont se retrouver dans une affaire de magot, de fuite et de drogue, l'un ayant été engagé par Cap Holder pour retrouver l'autre.

« Il serra son sein un peu plus fort, il en pinça doucement le mamelon entre le pouce et l'index, il sentit même une pression minuscule entre ses doigts, les lèvres de Cathy glissant sur sa gorge, un grondement sourd lui emplissait les oreilles, l'éternité bâillait et il ne voulait pas lui résister. Il sentait son sang courir à la surface de sa peau, et sur son ventre, son érection était brûlante sur toute sa longueur. »

Une Cadillac noire, parait-il qu'elle aurait appartenu à Elvis, Thibodeaux sème ses dollars entre les envolées de poussière. A son bord, Cathy Meecham, si célèbre qu'elle a son nom gravé sur les toilettes des hommes du tribunal. CATHY MEECHAM A UNE CHATTE SUCCULENTE est gravé pour l'éternité à la vue du comté. Je ne demande qu'à goûter, Stoneburner aussi. Comme Thibodeaux. Mais c'est la poule de Cap... Gare à tes couilles, l'ami. La femme de l'autre est sacrée dans cette contrée, même dans les bars où elle affiche le haut de ses cuisses bronzées sur ces hauts tabourets, pendant que quelques barbus louchent en maniant la queue du billard.

« Cathy déplaça son bras, sa main glissa sur le ventre de Thibodeaux, passant sous la ceinture de son caleçon pour entourer son membre en douceur. Il retint son souffle. Pour qui le prenait-elle, se demanda-t-il vaguement, mais sans s'esquiver ni vraiment s'en soucier. Quel intérêt cela avait-il de savoir à qui elle pensait avoir affaire, ou de qui elle croyait empoigner le pénis ? Il glissa la main etre les cuisses de Cathy, qui écarta les jambes pour lui faciliter la tâche. A travers le tissu, il sentit une moiteur brûlante, écarta l'entrejambe trop tendu du sous-vêtement, et glissa ses doigts rugueux dans l'orifice humide et lubrifié. Il lui frotta doucement le clitoris. »

Je recherche l'Eldorado noire au fond d'un parking, comme d'autres cherchent des amphores au fond des criques. Une bourrasque de vent fait s'envoler mon stetson, dans un tourbillon de poussière. Je pénètre l'antre de la taverne, odeur de musc et de sueur. Le temps que mes yeux s'acclimatent à la violence des néons, je la sens, cette femme pas si fatale, qui fait tant tourner la tête des hommes gravitant autour de son bronzage intégrale. Je m'accoude au comptoir, m'accorde une bière, un rye. La serveuse doit préserver son sourire pour d'autres clients, plus acceptables qu'un vieux bison triste. Verres vides, allégorie d'une vie vide, je remonte dans ce pick-up qui me sert d'autoradio ambulant, un air de Chris Stapleton sur les ondes. Fondre dans le Tennessee, refaire surface dans le Texas, suivre le Mississippi... peu importe la route, la poussière, je poursuis juste ma voie de loser, avec ce polar d'ambiance signé William Gay. Une atmosphère toute en poussière, où il est question de musique country à faire pleurer, tristesse des vies et des histoires d'amour qui finissent toujours mal, Tennessee Whiskey.

« Cap nous tuera tous les deux, chuchota-t-elle.
Il faudra d'abord qu'il nous attrape.
Elle eut un rire rauque et profond, un rire de prostituée. »

J'entends cette guitare, un harmonica, le vent ce cri de jouissance et celui du désespoir après l'éjaculation lorsque tu découvres qu'en plus la bouteille de Tennessee whiskey est vide, une dernière goutte, la meilleure la plus goûtue, celle qui concentre toute son essence. Comme un roman noir, la Cadillac noire s'enfuit dans son road trip semé de poussière et de violence, j'ai tout simplement adoré cette ballade à travers le Tennessee et le Whiskey.

« Stoneburner », William Gay.
Traduction : Jean-Paul Gratias.



Sur une masse critique, 
Voie du Whiskey, Voix du Tennessee ;
Merci donc à Babelio et aux éditions Gallimard.




« Les boissons fortes et la chatte facile, voilà ce qui a causé ma perte. C'est une combinaison qui rend un homme débile à coup sûr. »

10 commentaires:

  1. Apprécié jadis La mort au crépuscule.

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    1. J'ai affaire à un connaisseur ! Je ne connaissais pas William Gay avant cette réédition... Cela dit, normal, avec ta guitare, tu rentres dans ce créneau au goût de Tennessee Whiskey...

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  2. Avec cette musique je remettrai mon stetson, et danser un bon country. Mais pour moi pas de Whiskey... Une Carolus suffira ...

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    1. J'ai toujours les deux, Tennessee Whiskey et Carolus d'or. Deux incontournables de ma vie que je ne peux partager qu'avec moi-même...

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  3. Tennessee et dernière goutte, tu jubiles
    Et Cathy Meecham... de ce prénom émerge en moi une question à ce jour sans réponse : pourquoi c’est mouillé? :P
    Ça me semble un très beau roman dans la poussière. La poussière et la sueur
    p.s.: la hache c'est pour décapsuler ta bouteille? :D
    La classe!!!

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    1. C'est mouillé, c'est tout, pas de réponse si ce n'est que cela doit être pour cette raison que c'est SUCCULENT.

      La hache, c'est pour impressionner les ours qui traînent dans le coin, parce que pour décapsuler, j'utilise les dents !

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  4. Waouhhhhhhhhhhh les dents !!! Ça fait viril, tabarnak que j'aime ça ! :D
    Parfois c'est mouillé et ça goûte le sirop d'érable… ^^

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    1. Y'a que par chez toé que ça doit avoir le goût d'érable :-)

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