L’histoire
démarre en Colombie-Britannique. Le cul assis sur une souche, je me prends à
regarder les pins et quelques érables pliés sous le vent. La neige tombe, la
neige s’envole, mes espérances aussi. Des espoirs qui ont abandonnés toute une
génération, aussi soudainement qu’un éclair venu fendre le ciel étoilé, aussi
brutalement qu’une balle venue fracasser la tête d’une étoile, des morceaux de
cervelle blanche, des éclaboussures de sang rouge de son mari ayant tâché la robe rose d'une brune prénommée Jackie.
Un
professeur d’histoire se retrouve confronter à la grande Histoire, celle des
Kennedy, à l’histoire de ces parents, morts successivement en 67 et 68. Il a 14
ans à l’époque. O’Dugain, l’auteur s’amuse avec son nom et avec les racines de
son protagoniste. Des années après ce double drame, il replonge, dans le cadre
d’une thèse, dans cette époque des années 60, où l’on assista à la mort d’un
président, à la mort d’un futur-président, à une guerre au Vietnam, une
presque-guerre avec Cuba, et une bande de hippies fleurs bleues sous LSD qui
déchanteront rapidement avec la fin de la décennie, fin d’une utopie. Le tout
orchestré par des manipulations diverses, aussi bien de la mafia, du FBI que de
la CIA. De quoi donner la foi en la politique, mais rien de surprenant vue la
qualité des pantins récents qui se sont succédés à la Maison Blanche. Blanche
comme la neige d’un hiver en Colombie-Britannique.
« La neige a déserté les champs, l’hiver 1964,
les oiseaux s’éclaircissent la voix, le froid se fait moins tenace. Bobby fait
sa première réapparition en public depuis la mort de Jack, le jour de la
Saint-Patrick à Scranton en Pennsylvanie. « Nous sommes des moutons sans
bergers, alors que la neige ferme le ciel. Oh ! Pourquoi nous as –tu
quittés, Owen ? Pourquoi es-tu mort ? » Le mélancolique poème
pour Owen O’Neill s’égrène dans la voix de Bobby qui revient à la lumière par
une ode funèbre. Il est applaudi mais ne se fait aucune illusion, c’est son
frère défunt qu’ils acclament à travers lui. »
Si
le professeur ne se remettra jamais de la mort de ses parents, d’où des années
plus tard le besoin la nécessité de se replonger dans cette sombre histoire
pour comprendre, Robert Kennedy lui non plus ne se remettra jamais de celle de
son frère John. Il se remémore sans cesse ce jour de novembre 1963, ses peurs
et sa rage. Il sent la vérité, celle qui reste cachée à tout jamais, enfouie
sous des faux rapports et des assassins convenus. La vérité ne sortira
probablement jamais de ce vieux dossier texan, mais peu importe, les romans
sont là pour émettre toute sorte d’hypothèses – et même crédibles - sorties de
la théorie du complot. Marc Dugain m’a plongé dans ces sixties avec ce roman
psychologique à la limite du thriller, avec l’art de mélanger les histoires
mélancoliques, qu’elles soient Grandes ou intimes.
Après le 23 novembre 1963 et le décès de JKF, RFK le suivra à Arlington, Virginie, un soir, le 5 juin 1968. La mort des initiales célèbres.
« Condamné en lui-même à être président ou à
figurer près de son frère dans le cimetière d’Arlington. »
« Ils vont tuer Robert Kennedy », Marc Dugain.
"It ain't me, it ain't me, I'm no fortunate son"
RépondreSupprimerThank you for the link, dear friend. Un bon bouquin, pas étonnnant, l'auteur a du sang d'Irlande et le personnage aussi, mais tu l'as très bien dit.
C'est vrai que j'aurais pu prendre une bière irlandaise... Ça aurait été plus classe et plus en adéquation avec l'esprit du roman. Car même si l'on est de l'autre côté de l'Atlantique, l'Irlande a sa part entre ces pages.
SupprimerLe choix du narrateur parano limite un peu l'intérêt de cette réécriture, j'ai trouvé ... Je préfère Dugain plus crédible !
RépondreSupprimerJustement, c'est les parties du roman que je préfère, celles du narrateur tendance parano... Sans lui, c'est un bouquin qui traite de l'Histoire. Avec lui, cela devient un roman avec une histoire...
SupprimerBonjour le Bison, passer des jeunes princesses sous Louis XV (au cinéma) à Robert Kennedy, l'écart est grand. J'avais aimé La malédiction d'Edgar. J'arriverais bien à lire celui-ci. Bonne après-midi.
RépondreSupprimerC'était mon premier Dugain. Peut-être qu'un jour, je lirai à mon tour la malédiction d'Edgar...
SupprimerUn moment que je veux lire Marc Dugain, Avenue des Géants m'attend...
RépondreSupprimerJe relierai aussi Marc Dugain, ce mélange d'Histoire et d'histoires...
SupprimerBon ben moi je ne connais pas ce Marc Dugain.
RépondreSupprimerMais à lire une réponse comme celle-ci "celles du narrateur tendance parano... Sans lui, c'est un bouquin qui traite de l'Histoire. Avec lui, cela devient un roman avec une histoire.", ça me donne envie de le découvrir en crisse! (thumbs up !)
p.s. : rassure-moi, le cul sur la souche il est à l'air au moins???
p.s.s : je viens de croquer le ver..... le ver dans le verre de trop ^^
Je pense que je le découvrirais aussi ailleurs, ce Dugain. Et j'aime bien les personnages tendance limite parano...
Supprimerp.s. : le cul à l'air, y'a de quoi congeler les noisettes, surtout en Colombie Britannique.
p.s.s. : Pourquoi le transvaser dans un verre et donner la chance au ver de s'enfuir... Non, le ver, ça doit être direct de la bouteille au gosier...
J'ai eu ce livre en mains.
RépondreSupprimerTu me tentés bien...
Et quelle famille que cette famille.
Une famille très cinématographique, du genre sur la route du cinéma - en décapotable...
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