dimanche 21 juin 2020

Bouquet Fané

Parfois je ris tout seul...

AVERTISSEMENT : le titre de ce livre est totalement fictif


aucune ressemblance avec un lecteur... bla bla bla... bla bla bla...


De cela, tu t'en doutais avant. Mais l'époque que nous vivons mérite donc ce préambule, pour éviter toute velléité à procès intenté. Parfois je ris tout seul est une élucubration probablement sous emprise de l'alcool de la part de l'auteur, parce que je ne ris jamais, seul ou accompagné. C'est bien connu. Je ne ris jamais, j'ai la gueule triste comme d'autres ont l'amour triste, moi c'est la vie, tout court. Alors, tu vas me dire pourquoi ai-je entrepris la lecture d'un tel bouquin, dont le titre feel-good ne te ressemble guère. 

Et finalement, après moult hésitations et bières, j'ai ouvert les premières pages, elles se lisent vite, nettement plus vite qu'une première gorgée de bière qui épanche la blancheur de sa mousse sur mes lèvres asséchés. Oui, j'ai les lèvres sèches, pas toi ? Et j'y ai pris un certain plaisir, non pas de voir ces lèvres s’humidifier mais de lire ces petits mots. De minuscules écrits, une page ou deux maximum, genre pensées instantanées dans lesquels j'y ai pioché quelques moments de spleen, des situations absurdes, des passages cyniques, mes maux du quotidien.

Tu vois, cette tristesse-là, je ne suis pas capable de t'expliquer d'où elle vient. Des fois, je ne pense à rien, je regarde des crayons posés sur une table, ou un téléphone qui ne sonne pas, ou une voiture qui passe, enfin je surveille d'un œil des choses qui ne veulent rien dire. Et tout d'un coup, tu vois, je ne sais pas pourquoi, mais ça vient, je me sens devenir triste.

Le sujet de prédilection, l'absurdité de l'instant ou le triste destin de la vie de couple à l'image de ce bouquet fané sur la couverture. Les défauts de ma femme, ceux de toutes les femmes, mes penchants misogynes, mes dérapages au quotidien, la tristesse qui me colle à la peau. Oui, ce livre parle de moi, le pauvre type qui fantasme sur une brune en talons aiguilles, le pauvre type qui a peur de se regarder dans le miroir, un reflet à faire peur les belles brunes, autant que le silence d'un homme dans le lit d'une femme après l'amour - ou avant - brune ou blonde. Une nouvelle Ford, le bruit d'une tondeuse, un téléphone qui sonne ou pas, des heures qui s'écoulent à Tokyo dans un hôpital ou dans une chambre d'hôtel, la rencontre d'un chien, d'un ours ou d'une langouste, bref y'a du tout et surtout du n'importe quoi qui que peu importe car  


Parfois je bois tout seul. 
Parfois je lis tout seul.
Parfois je ris tout seul...

- Qu'est-ce qui te prend, pourquoi as-tu fait cet écart ?
- Pour éviter un orignal.
- Un orignal ?
- Parfaitement.
- Attends, tu sais ce que c'est, un orignal ?
- Un élan de l'Alaska.
- Et tu as vu un élan de l'Alaska sur l'autoroute de Saint-Sébastien ?
- Exactement.
- Par moments, je t'assure, tu me fais peur.
- Moi aussi, j'ai eu peur. Et celui qui a dû avoir le plus peur de nous tous, c'est l'orignal.
- Mais enfin, tu perds la tête ou quoi ?
- Ce que tu ne sais pas c'est que pendant que tu dormais, juste après la frontière, j'ai failli percuter un couple de caribous.
- Donne-moi une cigarette !
- J'en ai plus. L'Algonquin que j'ai pris en stop à Biarritz a fumé la dernière.
- Mon pauvre ami, tu perds vraiment la boule !
- Te fâche pas, c'était pour rigoler.
- Hé, tu es fou ou quoi ? Pourquoi tu piles comme ça ?
- Tu préférais qu'on percute le troupeau de bisons ?  

En plus, y'a des bisons... Cela lui vaut bien une place particulière dans la poussière d'ici-bas. Merci.


« Parfois je ris tout seul », Jean-Paul Dubois.



10 commentaires:

  1. Plus de chance de percuter un Pottok qu'un troupeau de bisons sous ces latitudes, je dis ça, je dis rien. :-)

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    1. Il est vrai que je dois modestement m'y connaître un peu plus en bison qu'en pottok :-)

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  2. Les petits maux du quotidien,
    Un peu de tout
    De rien
    La vie quoi !

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    1. Des petits maux pour les uns, des gros pour les autres. Le même quotidien ne fait pas les mêmes vies.

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  3. Si tu veux un remède contre les lèvres sèches, j'en connais un bon...

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    1. Vas-y balance... Peut-être qu'un jour, une autre vie, ça pourra m'être utile !

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  4. Ché pas quoi dire. Ça me fait de la peine de lire ça, mais je comprends.
    Superbe chanson.

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    1. Avec ce Thiefaine-là... difficile de trouver des mots après...

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  5. Des mots et des maux, du spleen mais aussi quelques soleils de rires cyniques.
    C'est la vie, c'est Dubois et je l'adore :-*

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    1. Il m'en reste encore plein... Son prochain, j'ai ma p'tite idée...

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