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vendredi 17 janvier 2020

Poussières du Nord


Il fait froid, il fait sale. Des poussières du Nord. Bienvenue chez les ch’tis où les hommes battent leurs femmes avant ou après d’aller boire une bière entre potes, où les filles se font prendre dès l’âge de floraison, où il n’y a même plus assez de patates pour faire des frites, seuls quelques quignons de pains rassis trônent encore sur la table ou dans la soupe. Une lecture du grand Nord, celui des Hauts-de-France maintenant, celui des bas-fonds d’antan, le temps de Zola. Cette poussière noire se retrouve sur tout le paysage, et même là où on ne l’attend pas, dans les bronches et les poumons. Les gars qui descendent à la mine, en ressortent le teint noir. Leurs crachats sont mêmes devenus noirs. Même la misère leurs fait broyer du noir. Ne pense pas à ton petit noir du matin, même dilué avec un ersatz de chicorée, le goût reste infect et l’amertume prenante. L’eau noir probablement. L’amertume de la vie les emporte au tréfonds de la terre, à creuser des galeries souterraines pour un extraire une substance qui n’a rien à voir avec l’or noir, et pourtant. Back in Black.

« Le puits dévorateur avait avalé sa ration quotidienne d’hommes, près de sept cents ouvriers, qui besognaient à cette heure dans cette fourmilière géante, trouant la terre de toutes parts, la criblant ainsi qu’un vieux bois piqué de vers. Et, au milieu du silence lourd, de l’écrasement des couches profondes, on aurait pu, l’oreille collée à la roche, entendre le branle de ces insectes humains en marche, depuis le vol du câble qui montait et descendait la cage d’extraction, jusqu’à la mesure des outils entamant la houille, au fond des chantiers d’abattage. »