mardi 6 juin 2017

Le goût tourbé d’un whisky de Géorgie

La chevelure blonde descend difficilement de sa bécane. Usée par la vie, l’alcool et son foie usé, elle retourne sur ses terres de Géorgie. Cette chevelure aussi blonde que légendaire n’est autre que Gregg Allman, l’un des frères des Allman Brothers Band. Il voulait faire un dernier opus avant que son foie ne l’emporte définitivement dans le bayou. Un album de reprises, éternels morceaux maintes fois pris et repris, mais une voix unique, celle du sud, un accent de moiteur et de chaleur tropicale sur des airs à la Muddy Waters ou B.B. King, s’entourant de quelques grands noms du sud et du blues, comme le fabuleux Dr John au piano.

La voix s’élève une dernière fois de la jungle sudiste, charme les crocodiles et garde en bouche le goût tourbé d’un whisky de Géorgie. Les fans les plus fanatiques des Allman Brothers Band feront peut-être la fine bouche, espérant toujours mieux du prince du blues aux cheveux d’or qu’une simple revisite du répertoire sudiste. Moi, j’ai redécouvert la nonchalance de ce sud, la mélancolie de cette terre presque tourbée. En fermant les yeux, je pousse les portes battantes de ce bar presque perdu et abandonné si une dizaine d’Harley Davidson n’était pas garée devant. J’entends d’abord ce piano signé du Docteur de la Nouvelle-Orléans et cet homme encore debout, encore blond, toujours blues, toujours rocailleux. Je commande un verre de whisky, la sueur goutte de mes aisselles, parfum moite du sud profond, et j’écoute ce vieux Gregg. Rythm’n’blues sauvage, hommage.

Gregory LeNoir Allman est donc parti rejoindre son frère ce 27 mai 2017. Info qui m’était passé inaperçu si je n’avais pas vu son clone (ou presque – à part la chevelure - il ne m’en voudra pas) reprendre un de ses titres, Midnight Rider. Il faut que les gens meurent pour que je prenne le temps d’écrire et de même les redécouvrir. Cette semaine, j’ai oscillé sur ces trois albums, « Low Country Blues » [2011], « Eat a Peach » [1972] et le fameux et fabuleux, certains diront même qu’il s’agit du plus grand live de blues rock « Live at Fillmore » [1971] de tous les temps. Et le temps du rock est compté.

« Low Country Blues » [2011], Gregg Allman.

Floating Bridge



10 commentaires:

  1. Ecrivons, cher Bison,, écrivons, et écoutons-les ,ces gars-là, réécoutons-les avant qu'ils ne meurent, ou que ce soit qui meure, c'est que Gregg n'avait qu'un an de plus que moi.
    Ainsi parlait le clone. Le clone a par ailleurs adoré ce clin d'oeil et ce Pont Flottant. Bluesment, et Stetson bas, l'ami, à la tienne!

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    1. Je savais que tu ne m'en voudrais pas... Et si cela se trouve, tu avais toi aussi, dans ta jeunesse, cette crinière blonde qui fait le reconnaissance de Gregg...

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  2. Merci pour ce super morceau... (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)

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    1. Un album que j'écoute depuis sa sortie - sans être un fan absolu des A.B.B. et dont j'apprécie son univers et sa nonchalance. C'est frais, c'est moite, c'est bon...

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  3. Un Ironweed Rye devrait faire l'affaire... ;-)
    A la votre & à la sienne ...

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    1. Je ne connais pas, mais effectivement ce Ironweed Rye serait en parfaite adéquation avec la voix de Gregg Allman...

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  4. Tu sais que je suis allée voir ce que "Tourbé" signifiait ^^ Le goût tourbé d'un whisky ! Mazette quelle belle mise en image ... J'adore ! C'est que tu t'y connais toi en Whisky ;-)

    Malheureusement c'est quand les personnes ne sont plus que l'absence se ressent ...

    Merci pour ce live beau Bison à la crinière blonde sauvage Ggggrrrrrrrrrrrrrrrr :-D

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    1. Je n'y connais pas grand chose en whisky, la palette est trop large, mon expérience trop inexpérimentée.

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  5. J’ai écouté ce Floating Bridge, j’sais pas si c’est le genre de musique qui me passionne vraiment mais en même temps j’me dis que l’écouter sur le bord d’un lac de Géorgie, je saurais sans doute mieux l’apprécier. Parce qu’après il y a aussi un lieu pour chaque musique, l’endroit rêvé pour en apprécier toutes ses saveurs et ses notes.
    Pas si loin de l’Alabama et du bayou, de sa moiteur et des crocos. Moi j’aime les crocos, j’suis fan, surtout en descente de rivière......^^

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    1. Même pas peur des crocos. C'est que moi j'ai vu Crocodile Dundee quand j'étais 'plus' jeune ;-)
      J'aime ce disque pour son ambiance. Quand je l'écoute, j'ai vraiment l'impression de me retrouver dans les marais de Géorgie, la chemise qui colle à la peau, transpirant d'une sueur humide et salée, m’apprêtant à aller au bouge du coin boire un dernier verre de rye en attendant les étoiles...

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