Depuis
sa sortie en salle, je rêve de voir ce diptyque, conçu au départ comme une
mini-série en 5 épisodes à la télévision japonaise. Cinq années qui se sont
écoulées et qui m’ont obsédé, cinq années durant lesquelles je me posais ces
deux questions à chaque tasse de thé :
1.
Qui sont celles qui voulaient se
souvenir ?
2.
Qui sont celles qui voulaient oublier ?
Kiyoshi Kurosawa, avant tout renommé pour ses films d’horreur et surnaturels, dans le genre « terrifiant » et « creepy », à en hurler un cri interminable (de jouissance ?), vient ici avec un autre état d’esprit, inquiéter par le mystère. Il fait de ce Shokuzaï un thriller hautement psychologique qui interroge l’âme des hommes et des femmes en l’occurrence, puisqu’il n’y sera question que de « celles ».
Elles
sont donc cinq. Cinq petites filles que l’innocence de l’âge s’arrêtera nette
en cette fin d’après-midi, dans le terrain de sport de ce petit village de
campagne. Elles sont en train de jouer, à la balançoire, à la marelle ou à la
corde à sauter, je ne sais plus, des jeux de petites filles. Un type demande un
petit service à l’une d’entre elle. Innocent que je suis, je me dis quand même
qu’il a l’air un peu louche le gars. Pourquoi elle, d’ailleurs ? Pourquoi
pas moi ou toi ? Elles se poseront cette question toute leur vie, hantées
par une réponse qui ne viendra jamais apaiser leur souffrance. Emili vit ses
derniers instants, alors que le soleil n’est pas encore couché, violée et
sauvagement assassinée dans le gymnase désert. Elles l’ont toutes vu mais ne
disent rien, ne se souviennent pas de la tête de l’assassin. La mère d’Emili,
entre tristesse et colère, les maudira. Elles ne se déferont jamais de cette
malédiction maternelle.
« Retrouvez le visage du
tueur de ma fille,
sinon vous n’échapperez pas à
la pénitence. »
Le
polar est lancé. Je me retrouve quinze ans après. A tour de rôle les filles
vont ouvrir leurs vies, des vies que l’on sent totalement perturbées par ces
années depuis le drame. Entre la culpabilité obsédante ou la perte d’identité
sexuelle, elles restent vivantes mais totalement perdues, entre névroses et
douleurs. Comme les hommes qui croisent la route de ces nanas-là, réduits la
plupart du temps à d’uniques objets sexuels pour des nanas qui n’ont plus cette
notion d’amour. Le film est un mélange de terreur qui se noie dans le drame
sombre et l’humour noir. Il y a du cynisme, beaucoup même, et aussi un soupçon
d’étrangeté et de mystère autour du coupable et de ces fillettes qui ont
basculé, un jour d’été, de l’enfance à l’horreur.
Du
grand Kiyoshi Kurosawa, un côté
sombre et fascinant, une histoire obsédante et malsaine. Flippant.
« Shokuzaï » [2012], Kiyoshi
Kurosawa.
Terrible ! Et ça me tente, forcément !! ^^
RépondreSupprimerTotalement creepy, forcément tentant !!
SupprimerBonjour le Bison, ce dyptique vu en salle en 2013 (les deux à la suite) m'avait emballée, surtout les deux premiers. Les trois derniers quarts m'ont paru un peu long mais à voir. http://dasola.canalblog.com/archives/2013/06/18/27397342.html Bonne journée.
RépondreSupprimerMoi, je n'ai pas ressenti cette longueur, mais je l'ai vu aussi en deux soirées, une pour chaque DVD.
SupprimerAh ce criiiiii. Rien que pour lui le film est innovant. Qui a osé un tel cri... ???
RépondreSupprimerEt les petites jouent au ballon. Un truc de mecs non.
Du coup je ne me souviens plus des détails et du comment elles s'en sortent... Ça en fait des films à re-voir.
Finalement, elles jouent à la balle. Un truc de filles, non ?! :-)
SupprimerAutant de films à voir et re-voir que de livres à lire et re-lire ou de bières à boire et re-boire et re-re-reboire....
Finalement elles jouent et c'est un truc d'enfants.
SupprimerOui parfois je me demande pourquoi on re re re voit lit boit ? Un truc de barges non ?
un truc totalement ouf, ces re et ces re...
SupprimerComme j'ai envie de voir ce film!
RépondreSupprimerUn film dur, c'est certain, déchirant et douloureux.
Facile de perdre la notion de l'amour quand tout bascule et qu'on s'y était accrochée... et qu'on y avait crue...
Impossible pour une mère de se remettre de cette épreuve.
Tabarnak de vie parfois!
Sacrément dérangeant, même : :-)
SupprimerUn film tout en douleur et en émotions contenues. Des vies sombres, des tabarnak de calisse de vie...
Sacrément dérangeant !
RépondreSupprimerSacrament troublant !
SupprimerJ'ai adoré et eu une petite préférence pour la première partie... (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerPas de différence entre les deux parties. A prendre ou à laisser. J'aime les 2 ou rien ;-)
SupprimerAlors les deux :-) (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
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