J’allume
la télé, chambre douteuse d’un hôtel, Rue de la Gaieté. La rue des théâtres.
Mardi, c’est relâche ce soir. Alors je descends la rue dans tout son long jusqu’au
Falstaff, bar à Chouffe. Se désaltérer d’une Chouffe avec toute la langueur et
le cérémonial. Une seconde pinte même, c’est happy hour. En remontant la rue,
je vois les néons de quelques sex-shops encore en activité. Presque glauque. Je
me glisse derrière le rideau, en toute discrétion. Je glisse une pièce dans la
fente. Je glisserai bien un majeur dans sa fente, danseuse nue et aguicheuse
derrière une vitre, des miches rondes, un cul pressenti ferme. Où est le vrai
là-dedans ? Certainement pas dans ses seins, ni dans l’amour ou la
passion. Le lieu est froid, sans amour, sans attrait même, même pas celui de la
digression. De toute façon, internet a tué les sex-shops.
« Il ferma la porte à clé derrière lui, glisse une pièce de dix francs dans l’appareil et cherche la chaîne vingt-deux. La brune est toujours là mais pas la blonde. A sa place, un grand type musclé à genoux fait un cunnilingus à celle que malgré lui il considère déjà comme sienne. Autant c’est excitant à faire un cunnilingus – et certaines filles, se dit-il, ont des chattes délicieuses, il est persuadé que la chatte est la bouche de l’âme, les âmes noires et amères donnant aux chattes un goût noir et amer -, autant c’est ridicule à voir. Ce type à genoux qui tire la langue, grotesque ! »
J’allume
la télé, nouvelle chambre miteuse d’un hôtel de campagne. Pas de room-service,
ni même de bar. J’éteins la télé, de toute façon, y’a même pas le câble. Il
faut que j’aille sur la place du village, troquet ouvert jusqu’à 22h30 où les
agriculteurs en mal de solitude étanchent leurs soifs jusqu’à plus soif, d’un
rouge agressif d’un blanc cassis, une télé toujours allumée sur les
informations régionales pour suivre le cours de la viande de bœuf. Barbezieux.
Il y a plus idyllique pour faire des rencontres. Je hais ces salons littéraires
qui déplacent l’esprit au milieu des bouses de vache. A marcher dedans sans
porte-bonheur. Rencontres chaudes à Barbezieux, ça fait bander !
« Il retourne dans sa chambre et se confectionne un autre bloody mary en regardant le journal régional de FR3. Il aime bien les journaux régionaux. Ouverture d’une école maternelle, fermeture d’une usine. Un habitant de Barbezieux a gagné 1 689 155,80 francs au Loto. »
Demain,
je pars pour Cognac. Un verre, une bouteille, des rencontres, du sexe.
Rendez-vous est pris. Cunnilingus et sodomie en perspective. Un beau programme.
Alléchant, même. J’aime bien lécher. Ai-je un côté chat qui sommeille en
moi ? Je m’assois à une table. Menu du jour, moules au Pineau des
Charentes. J’adore. Le pineau, les moules. Toutes les moules, tous les pineaux.
J’irai prendre un verre de Cognac ce soir. M’assoir au comptoir, le nez dans
mon verre. Sentir le parfum de la moule, du jour et de la veille. Je la vois,
elle. Des reflets dans ses cheveux longs. Une longue paire de jambe, jean
moulant. Pas une cowgirl mais pas loin non plus. Fille d’un vigneron,
probablement venue s’encanailler un mardi soir, après une visite de courtoisie
au chai de papa. Bonjour. Bonjour. Un sourire. Elle me plait. Elle me rembarre.
Je vais retourner seul à l’hôtel, putain de vie de campagne. Pourtant, cela ne
m’aurait pas déranger de lui léchouiller sa chatte mouillée. Pas de problème, même. Pas
sectaire.
« - Vous n’êtes pas mariée ?
- Non : je suis lesbienne.
- Je ne savais pas qu’il y avait des lesbiennes à Cognac.
- Pas des. Une.
- Vous devez vous sentir seule.
- A Bordeaux, il y en a une autre.
- Vous la connaissez ?
- Je vis avec.
- Le grand plaisir des hommes est de voir deux femmes coucher ensemble.
- Ma copine et moi, nous ne couchons pas ensemble : nous faisons l’amour.
Aïe, il était tombé sur une gouine romantique et solennelle. Ce n’était pas son jour. »
Alors,
je continue mon livre. J’achète une bouteille de Cognac pour me finir.
L’alcool, ça m’aide à trouver l’inspiration, à aspirer à des rencontres plus
bandantes. Parce que des romans bandants, j’en ai lu des mieux. Oui, je suis
déçu. Pas par Barbezieux, mais par la plume ou l’histoire de l’auteur. Patrick
Besson. J’ai lu mieux que cette histoire d’écrivain qui fait de ses salons
littéraires des rencontres orgiaques avec son attachée de presse. Alors je me
sers un verre. Puis deux. Je bois directement à la bouteille. Pour finir ma
chronique qui manque cruellement de nique et d’instinct poétique.
« - J’ai soif.
- Vous avez déjà beaucoup trop bu.
- Boire, pour un écrivain, c’est de la conscience professionnelle. »
Je
relierai certainement un autre Patrick
Besson. Pour me faire une autre idée et parce qu’il le mérite, je pense, je
sens. Parce que cette « Orgie Échevelée » était une commande, publiée
dans un premier temps anonymement. Parce que j’aime quand le vin se mélange au
sexe, que le sexe sente le vin. Parce que quand je débouche une bouteille de
vin, je pense au sexe, avant, et après aussi. Il y a une certaine philosophie
là-dedans, il suffit juste d’y réfléchir, un verre de Chablis à la main, une
femme les jambes écartées.
« Y a-t-il un bruit plus doux sur terre que du chablis versé dans un verre ? se demanda-t-il. Et il se répondit : Peut-être le floc-floc du pénis dans le vagin, quand on finit de faire jouir une femme. »
« L’Orgie Échevelée », Patrick
Besson.
Il y a dans ces mots toute la poésie d'un tire-bouchon ;)
RépondreSupprimerOn espérait mieux de la poésie d'un Chablis...
SupprimerLe vin est traître parfois...
SupprimerLa poésie d'un tire bouchon c'est pas mal vu :-) et la délicatesse d'un décapsuleur.
RépondreSupprimerJ'aime pas Besson et je suis trop sentimentale pour apprécier cette... littérature.
Mais j'aime les moules... Avec une Duvel je te l'ai déjà dit.
Besson... Patrick ou Philippe ? Pas du tout la même littérature...
SupprimerMais en Charentes, les moules c'est avec le pineau et pas la Duvel. Après une moule, reste une moule et quelque soit l'accompagnement, on aime les sucer avec délectation...
Et j'aime la Duvel, aussi, je crois que je l'ai déjà dit.
Je pense qu'on parle du même Besson. Je lisais des critiques ciné consternantes d'un Besson... peu importe je ne mirai pas :-)
SupprimerLes moules moi je les croque. Chacun sa méthode.
Oui tu l'as dit mais j'aime insister vu que c'est la seule bière qui trouve grâce à mes papilles. Alors je le redirai car à l'occasion aussi je radote.
jamais lu de Besson. Je trouvais la thématique de ce bouquin intéressante mais il semble qu'il se soit fourvoyé. Pas toi en tout cas !
RépondreSupprimerMon premier Patrick. Alors que je suis fan de Philippe. Mais après plusieurs Philippe Besson, grandement apprécié, j'ai voulu m'encanailler avec ce Patrick Besson, d'un autre style. J'y reviendrais quand même...
SupprimerUne histoire avec du sexe
RépondreSupprimerOù coule le Chablis
et pleins de cunnis
Et pourtant un Bibison perplexe !
Joli, Bibi,
Supprimermais ne me dis
pas que cette nuit
dans le Chablis
tu as trempé ton pénis
ptdrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr la chute est tabarnaquement poétique................ ^^
SupprimerUn Bison-décapsuleur, où est la vérité où est la légende ?...
RépondreSupprimerUne déception forcément, pour imaginer des rencontres chaudes à Barbezieux, il faut une sacrée bonne giclée, euhhh dose pardon, d'imagination !! Et puis, n'est pas Besson qui veut...
Euhhh sinon, tu serais pas en manque, toi ?? ^^
N'est pas Besson qui veut, effectivement. Surtout à Barbezieux, la terre de l'autre Besson.
SupprimerEn manque... En manque de pineau des Charentes, assurément. Un an que j'ai pas dû y tremper mes lèvres...
T'es peut-être un peu déçu par ton roman mais au moins, en passant par Cognac t'as pu t'arrêter faire une virée à Hennessy avant de souper d'un plat de moules, p't'être même celle d'la voisine (meowwwwwww ^^), accompagné d'un verre de pineau.
RépondreSupprimer(Tabarnak attention quand même de pas sentir la bouse de vaches ça pourrait déplaire à la dame...) :P