dimanche 4 juin 2017

Les Obsessions de Mel

L’histoire vraie et presque aberrante si elle n’était pas humaine d’un objecteur de conscience qui veut partir faire la guerre sans fusil, ni bouquet de fleur c’était avant l’ère hippie. La défaite de Pearl Harbour s’affiche sur grand écran dans ce petit cinéma de Virginie, du temps où les actualités passaient avant le film, du temps où le garçon avait les mains moites lorsqu’il les posait sur la cuisse de la fille à ses côtés, du temps où il pouvait se prendre une claque parce qu’il l’avait embrassé sans la prévenir… Virginie, la campagne profonde de l’Amérique, la foi chrétienne affirmée, un père violent et alcoolique qui a perdu ses amis lors de la grande guerre, et Desmond T Doss qui signe son engagement en bon citoyen américain. Il est patriote mais refuse de toucher une arme. Tu ne tueras point, le commandement le plus important de la loi du Seigneur.

 


La bataille d’Okinawa. Une boucherie, des cadavres, explosion de tripes et de corps, des corps cramés au lance-flammes, des jambes arrachées, des bras arrachés, des têtes arrachées. Amoncellement de cadavres, de souffrance et de puanteur. Au milieu, un homme, Andrew Garfield, la sainte bible dans sa poche, parcourra le champ de bataille, entre les bombes et les tirs, recouvert d’une pluie de sang et de poussière, pour ramener – ramasser - ses camarades blessés, à l’agonie, laissés pour mort. Il deviendra héros. 

En démarrant ce film, je savais à quoi m’attendre : les obsessions de Mel Gibson, réalisateur. Il y est souvent question de héros et de foi dans une violence extrême, insupportable, démente. L’opposition entre la foi humaine qui peut être très belle et l’âme humaine qui peut être très bestiale, d’une cruauté intransigeante. Une foi inébranlable fait face à la violence incontournable de la guerre, une guerre de religion, une guerre d’expansion, une guerre du Pacifique. Je n’ai pas vu « Apocalypto », mais « La passion du Christ » ou « Braveheart » porte cette violence extrême, ce sang qui coule qui gicle qui inonde âmes et spectateurs tout au long du film. Mel film l’hémoglobine à outrance, ce film n’en fait pas exception, mais c’est la loi de la guerre. Et toute cette foi, profonde et sincère – il n’y a qu’à voir le sourire presque naïf de ce bougre de Virginie - peut paraître étonnante au milieu de cette haine. Comment expliquer qu’un gringalet de ce gabarit qui soulève des corps au milieu d’une nuée de bombes puisse se retrouve avec le sourire au milieu d’un champ d’horreur, de haine et de tripes ? Il n’y a que l’Amérique pour produire des héros dans ce genre, le premier – le seul ? – objecteur de conscience à être décoré pour faits de guerre mais surtout pour bravoure.  

Encore un de plus ! 



Tu ne tueras point [2016], Mel Gibson.

DVD sorti le 9 mars 2017 chez Metropolitan Filmexport.
 


16 commentaires:

  1. Je vois que Mel prêche un converti en ta pâture, alors qu'il s'est heurté à mon âme de mécréant.
    Impossible de mettre la plus petite once de foi dans ce ramassis de clichés outranciers censé raconter "une histoire vraie". Sans doute le vieux DD aurait accueilli ce film avec son proverbial sourire, mais mieux vaut revoir l'épisode "Okinawa" de l'incroyable série "The Pacific" ou bien revenir sur les plages d'Iwo Jima filmées par Clint Eastwood pour prendre pleinement la mesure du drame.

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    1. Converti, je ne sais pas. J'aime bien l'image de Mel, acteur. Réalisateur, je le connais tout de même moins.
      Et puis entre le moment où Cinétrafic m'a donnée les liens et j'ai vu le DVD et donc écrit ma chronique, il s'est passé deux mois (j'écris à chaud, pour les films). Alors deux mois après, qu'est-ce que j'en retiens. Finalement plus grand chose, en dehors du divertissement de l'instant présent et de la surenchère d'hémoglobine, de bombes soulevant poussières et têtes arrachées.
      Mais je te l'accorde, je reverrais plus facilement le Iwo Jima du grand Clint !

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  2. Bon, j'ai trouvé ce film assez nul (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)

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    1. J'irais pas jusqu'à dire nul, mais j'aurais pu m'en passer. Juste un divertissement, pour occuper deux heures sur un canapé avant d’attraper un bon bouquin japonais :-)

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  3. Montrer la violence pour la dénoncer, un prétexte comme un autre, pourquoi pas...

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    1. je ne sais pas si dans l'esprit de Mel Gibson, il y a de la dénonciation ou de la complaisance envers cette violence extrême...

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  4. Mouais ! Violence à outrance ... Pas pour moi ^^

    J'ai vu il y a très longtemps "La passion du Christ", un film très fort, j'avais beaucoup aimé. Mais c'est Mel Gibson le réalisateur ??? J'ai dû rater un épisode ! Quelle surprise! Avec du recul j'aimerai beaucoup le revoir !

    "Un whisky tourbé" La vache! il fallait le trouvé celui là !

    Zut c'est pas pour ce billet lollllllll

    ;-)

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    1. Mel Gibson, pour moi, c'est surtout les souvenirs de L'arme fatale et son humour... Bien loin de ses réalisations sanguinaires...

      PS : tu dois confondre avec La dernière tentation du Christ de Scorcese, la passion du Christ est bien de Mel mais a eu une retombée plus confidentielle, tournée en araméen.

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    2. Mais bien sur ... c'est bien "La dernière tentation du Christ" ceci dit, sa dernière tentation s'appelait Madeleine et elle fut également sa passion :)

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    3. Joker, la vie privée des people ne m'a jamais intéressé...

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  5. Je l’ai vu avec mon grand Vincent au ciné à sa sortie, il est complètement fan de ce genre de film. Vraiment j’ai passé un super moment de ciné, Andrew Garfield est SUPERBE dans son rôle!!! Quand il retourne sur le champ de bataille pour ramener ses camarades (incroyable le nombre qu’il descend de là-haut quand même) j’étais sur le bout de mon fauteuil. Un film dur mais excellent, comme tu dis Mel Gibson ne lésine jamais à épouser foi et violence extrême.
    Ah vraiment j'ai eu un gros coup de cœur pour Andrew Garfield, quel talent...

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    1. J'ai vu Andrew Garfield dans son tout premier film "Boy A" que j'ai adoré... Et puis c'est tout. Pas encore vu non plus sa version de Spider-Man...

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  6. Un héros incroyable interprété par un acteur qui me hérisse les cheveux.

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  7. Ah si j'ai vu... j'en avais même dit grand bien du Garfield débutant... depuis je l'ai toujours trouvé vraiment mauvais.

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    1. Alors là, je n'ai rien à rajouter, comme ce Boy A était le seul film du Garfield que j'ai vu...

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