mardi 8 août 2017

Dans le Blizzard d'un Western


Dès les premières images, je me retrouve immergé dans une tempête de neige, le majeur gelé, pas facile de tirer sur la gâchette. Des flocons de neige épais et lourds s’amoncellent sur mes épaules, poids mort à transporter aussi chargé que ma conscience. Une diligence s’approche. Elle essaye de filer à toute berzingue, vitesse démesurée pour une calèche. Pourtant, je la vois de loin, l’observe longuement. Comme hypnotisé par un générique de film. Elle s’arrête devant moi. A son bord, un gars méfiant et une Dame emmenottée. Je dépose mon flingue, question de confiance ; le type n’a pas l’air commode, la nana plutôt folle sanguinaire avec ses dents en moins et à force de mandales reçues en pleine poire. Ils vont plus loin, avant de n’être emportés par la tempête. Pas de place pour moi, l’ami… Je reprends ma route, on the road again. Sur une route enneigée, le pas de plus en plus lourd.

Une auberge au loin, relais routier pour chevaux fatigués, de la fumée qui sort de la cheminée. Me réchauffer les miches, ce blizzard du Wisconsin me gèle bien plus que le majeur. Déclouter la porte pour l’ouvrir. Reclouter la porte pour la fermer. Étrange sensation que cette première incursion dans l’odeur d’un pot-au-feu maison. A l’intérieur, d’autres types. Tout aussi patibulaires. Je note, un cow-boy, un colonel en retraite, un chasseur de primes, un mexicain. Pas de trace de la tenancière, pas l’ombre d’une putain non plus. D’habitude, dans mes films de western, il y a toujours une putain qui monte à l’étage pour réchauffer les âmes perdus. Je me sers un café. Ils me regardent tous. Je recrache la sauce. Qui a empoisonné le café. Est-ce le colonel Moutarde, dans la cuisine ?


Alors pendant ce temps, je les entends parler, bavarder, bavasser, un flot incessant de discussions forcément inintéressantes pour un pauvre type qui n’a jamais rien à dire. Mais j’aime écouter. Chacun cache quelque chose. Je le pressens. Ça pue le traquenard. J’attends simplement le moment où tout va se déclencher. Ça va venir. Comme la jouissance dans le cul d’une putain. Cette giclée éjaculatoire non pas de sperme mais d’un flux sanguin. Imagine un Tarantino sans sang, ça n’a aucun sens. Et j’adore, je jubile, je suis aux anges quand il neige quand le sang gicle quand la neige devient rouge. Tout s’emballe, les flingues parlent à ma place, leur discours est nettement plus intéressant.       



Fuck le Blizzard !


« Les 8 Salopards », Quentin Tarantino.



15 commentaires:

  1. Bonjour le Bison, merci pour le teasing sur un film qui le vaut bien. Un peu bavard mais ce n'est trop grave. Bonne après-midi.

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    1. Il est devenu bavard, le Quentin. Enfin, je crois qu'il l'a toujours été un peu... J'admire les gens bavards et lorsque Quentin décide après de passer à l'action, ça déménage du flingue !

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  2. J'adore Tarantino mais pas encore vu celui-ci !!

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    1. Comment se fait-ce... Un grand Tarantino comme ça !

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  3. sans problème, je vais me mater le film

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  4. Le majeur gelé, câlisse...
    Des scènes de neige et le sang qui contraste dans toute cette blancheur, du grand Tarantino, fuck... fuck le blizzard!!!
    J'suis une fan de Tarantino, j'ai revu dernièrement Inglourious Basterds mais ils sont tous bons, Réservoir Dog, Pulp Fiction, Kill Bill, Django...
    De la Ben & Jerry's sauce aux Marshmallow, Tabarnak mon Bison, quelle classe!!!!! ^^
    Celle au sirop d'érable avec éclats d'érable croquants, une tuerie j'te dis.... :D

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    1. De la Ben & Jerry's au sirop d'érable... Tabarnak, cela n'existe que dans ton pays... Ce n'est pas arrivé jusque chez nous...

      J'ai moins été motivé par Inglorious Bastards, mais tous les autres, un plaisir de les revoir...

      Une tuerie j'te dis... j'veux bien t'croire... Fuck le blizzard !

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  5. Normalement je devrais être scandalisée qu'une fille se prenne autant de beignes dans la gueule (pas possible de le dire autrement), mais c'est chez Quentin et du coup, ça passe. Et Jennifer est EXCEPTIONNELLE.
    J'ai eu l'impression que ce film ne "servait" qu'à faire plaisir aux Fans. Mais peu importe, c'est déjà beaucoup. Et je parie qu'il va nous surprendre vraiment la prochaine fois.
    Un Quentin mineur c'est toujours meilleur que la production ambiante.

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    1. Moi, je n'ai pas senti un film mineur dans cette production. Bien au contraire. Et puis voir cette nana se prendre autant de mandales en gardant son sourire édenté a quelque chose de jouissif ;-)

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  6. J'ai très envie de voir ce Tarantino uniquement pour plonger dans le regard de kurt Russel. Il était tellement mignon jeune "Sur la piste des cheyennes" sa première série.
    Ben oui c'est que je me fais vieille moi ...

    Kurt Russel Gggrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr :-)

    Ton majeur a dégelé ? ;-) C'est que je m'inquiète pour toi... mdr :-D

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    1. Kurt Russell, même maintenant, garde son regard. Et probablement un côté mignon. Pour moi, Kurt c'est surtout The Thing. Ben oui, moi, je suis déjà vieux...

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  7. ça commence dans une diligence comme du Maupassant revu par John Ford, ça finit dans une taverne en Becketterie corrigée par Fulci et abimée par Raimi. Pendant ce temps, le blizzard carpenterien cogne à la porte. Une tuerie je vous dis, et ça me cause encore plus quand on s'empoisonne devant avec de la Ben & Jerry's !

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