samedi 17 mars 2018

Chroniques Canines



Il était tard hier soir quand je suis sorti du bar, histoire de prendre l’air, respirer la brise nocturne et glaciale, sentir le froid piqué mon visage qu’une barbe de trois jours habillent de ses poils grisonnants. A la lumière d’une lune bleutée ou d’un lampadaire blafard, je ne me souviens plus trop de l’éclairage de la scène, j’ai vu un chien sur trois pattes. Étonnamment, il semblait bien le vivre, il se promenait cahin-caha, une pluie fine venue mouiller ses poils, ça sent le chien mouillé. Je retourne me prendre une nouvelle bière, bien au chaud, dans un intérieur éclairé de néons qui donnent un éclat triste à ma voisine de comptoir, ça sent la chatte mouillée. L’envie de lui offrir un verre, mon lit, ma musique, on va chez elle, lumière tamisée par quelques bougies autour du lit.

« Comme je l'ai déjà dit, la maison où Bill et moi vivions se trouvait à côté des voies de chemin de fer. C'était la ligne des trains de marchandises Missouri-Pacific. C'est Bill qui m'a initié au plaisir de traîner près des voies ferrées. Il aimait marcher le long des rails et rester là des heures interminables. Les rails s'étendaient sur des kilomètres et des kilomètres dans chaque direction et les paysages étaient très apaisants. Le terrain vague autour de la ligne à haute tension peut procurer un sentiment semblable.  […] »



Je me réveille, draps humides d’une passion nocturne, pour aller lever la patte quand je les entends couiner au pied de son lit. Je ne les avais pas remarqué hier soir avant de m’allonger sur son corps, la tête entre ses cuisses, trop obnubilé probablement à y glisser ma langue ou mon majeur. Ils me regardent les yeux humides avec des regards tristes de chiens battus. Pas le genre à les caresser dans le sens du poil, je continue ma route, on the road again, l’air absent le regard posé à l’horizon, la porte des chiottes. Les chiots m’ont suivi le pas. A la lumière blanche d’une ampoule au plafond, je les découvre, cette bande de Freaks. Le Freak c’est chic. Elle se lève nue, la chatte collante et enfile son vison, une fenêtre à demi-ouverte, m’explique qu’elle a recueilli ces chiots, difformes, informes, certains ont trois pattes, classique j’en ai déjà vu un, d’autres qu’un œil, ou encore siamois, sans pattes juste un tronc, monstruosités de la nature. Hallelujah.

« Un jour Bill et moi on se baladait le long des voies ferrées et on est tombés sur deux chiens qui étaient gravement blessés. Ils avaient été tous les deux heurtés par un train. L'un deux, une femelle, ne pouvait plus remuer ses pattes arrière. Elle se contentait de gratter la terre avec ses pattes de devant. L'autre, un mâle, était mort ou tout comme. Son flanc était défoncé et gluant de sang. Le train avait également sectionné une de ses pattes. Mais il respirait encore. Je trouvai étrange que deux chiens soient imprudents au point de se faire percuter par un train de marchandises. »

Je m’enfuis, tant bien que mal, le pantalon sur les chevilles, j’y laisse mon caleçon à fleurs, le soleil n’est pas encore levé. Dans la sombre ruelle, je faillis écraser une limace géante phosphorescente, ça me rappelle certains concours stupides, du genre le lancer de limace la seule règle qui compte c’est qu’après son splash sur le trottoir d’en-face, elle continue de vivre, aussi répugnante soit elle. Je vais pour rentrer dans un premier bar, histoire d’oublier ma putain de vie ou les putains de ma vie, à cette heure-ci, je ne sais plus trop, quand j’entends une petite voix tourner autour de moi. Qui me parle ? Hallucination fertile, je crois que j’ai trop bu, mais quand je vois ce lilliputien, mi-chien mi-homme, mon compte est bon, je commande un double whisky sans glace. Et je m’épanche sur la barmaid, le regard interrogateur sur ses seins, je lui raconte ma vie de chien, et que j’ai envie de la prendre comme une chienne. Elle me file son adresse, ma queue se redresse.        


« Le Chien de ma Chienne », Arthur Bradford.

NOTE DU TRADUCTEUR (Claro)

Je tiens à remercier la SRSC – la Société de Réinsertion Sociale Canine – pour son soutien constant et ses conseils avisés. Grâce à elle, aucun animal n'a été blessé ni maltraité au cours de cette traduction (le lancer de limace a été entièrement simulé). Seules treize puces ont péri au cours d'un chapitre particulièrement délicat, mais leur propriétaire – qui a tenu à rester anonyme – a donné au préalable son accord et il a été dédommagé en conséquence.


Parce que j'aime follement cette crinière blonde, 
J'aime les torses imberbes 
Et que j'ai toujours rêver 
Secrètement
D'être Robert Plant, 
Que je trouve son déhanché
Érotique
Sensuellement
Pronographique 
Black Dog...




« J'ai sucé un de ses seins et elle a poussé un petit gémissement, 
haut perché, surprise et 
excitée. »

8 commentaires:

  1. "ça sent la chatte mouillée" Comme j'ai ri ptdrrrr Il n'y a que toi pour écrire des trucs pareils ... je ris encore !

    Trouduc ! ;-) mdr !!!!!!!

    J'adore ta chronique !:D

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    1. Je ne sais pas si il n'y a que moi mais j'en suis pas très fier...

      Le livre n'est pas à la hauteur des promesses engagées sur la couverture. En fait, le plus absurde et désopilant dans ces chroniques canines restent la note du talentueux écrivain-traducteur Claro en fin de bouquin. Le meilleur moment.

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  2. Quel billet !!
    S'enfuir le pantalon sur les chevilles, ça doit pas être facile facile...
    Perso, quand j'ai le pantalon en bas des pieds, je savoure plutôt ! ;)

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    1. Il faut savoir vivre dangereusement quitte à se ramasser la gueule et finir la tête dans le caniveau rempli de pisse simplement parce que tu n'as pas eut le temps de remonter ton futal...

      Mais, jeune grenouille, tu as raison de savourer ce plaisir...

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  3. quelle version que celle de ce black dog ! Je parle de la première là haut

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    1. C'est la force - ou la magie - de Robert Plant. A 30 ans ou a 60 ans, il incarne tellement ses chansons qu'il (m')émerveille toujours autant.

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  4. La chatte mouillée y'a de quoi ravir ton majeur!
    Mais tes bobettes à fleurs me semblent peu inspirantes... tabarnak Bison... ^^

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    1. Une chatte mouillée ravit toutoujours mon plaisir. Waouf !

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