Si en France, on a des parapluies, même à Cherbourg,
en Chine, ils ont des cirés noirs à capuche. C’est moins coloré, cela donne un
visuel très uniforme, voir monotone, tout dans la sobriété et la tristesse.
Univers sombre mais la pluie perpétuelle qui ne cesse de tomber pendant au moins
1h50 du film (sur 1h57, oui le générique est sobre et sans pluie) apporte une
note de mélancolie. La pluie me rend d’ailleurs mélancolique ou agit de telle
sur mon esprit fracassé par ces incessantes grosses gouttes d’eau – de quoi
même noyer mon verre de saké.
Après ces quelques considérations purement
poético-météorologiques, un cadavre de femme est retrouvé dénudée dans le champ
voisinant l’usine locale de fonderie. Puis un second… Les pluies diluviennes
lavent les indices, et l’enquête avance aussi lentement qu’un escargot venu
prendre son bain de boue, et la quête de Yu…
J’aime la monotonie de l’univers, savoir que tous les
jours la pluie s’abat sur toi, à sentir le bison mouillé. J’aime les films qui
prennent leur temps pour nous imposer une atmosphère lourde et nous questionner
sur le fondement de l’humanité (Pourquoi c’est mouillé ? Ben, parce qu’il
pleut).
Nous sommes dans les années 90, dans une Chine rurale,
j’assiste à un moment hallucinant – ou pathétique suivant les avis ou les
opinions politiques – à la remise de diplôme du meilleur ouvrier du mois. Yu s’en voit
récompensé, une immense émotion teintée de fierté se voit sur son visage. Mais là
n’est pas le sujet, puisqu’il est question de meurtres, glauques, et d’amour
chaste avec une prostituée. Et pendant ce temps-là, il pleut. It’s raining again chanteront cette même
année les Supertramp, hommage au changement climatique qui bouleversa la Chine
de cette époque-là.
Mais là, je m’égare en considération musicologue, et
si ça ne te gêne pas de marcher dans la boue, tu assisteras à une
extraordinaire course poursuite dans l’usine de fonderie et ses méandres d’échelles
et de rails, sur une musique diablement stressante, et sous la pluie, comme de
bien entendu, it’s raining again. Une pluie sans fin, interminable même qui
laisse le spectateur que je suis impatient de crapahuter dans la boue (je suis
du genre à ne pas être gêné de marcher dans la boue, ni même à dîner avec vous).
Sauf que quand je suis sorti de la salle, la chaleur était toujours suffocante,
la canicule prête à absoudre tous les péchés de nos petits vieux, hydratez-vous
dit-on à la télé, moi, j’ai ma bouteille de rhum dans ma poche. D'autant plus que parallèlement, se dresse le portrait d'une Chine socialement oppressée et exploitée, la pluie en devient son symbole, cette pluie forte qui abaisse les hommes et les traînent le visage et les pieds dans la boue, et d'une histoire d'amour faite de regards et de silences. Moi, je dis après ça, rien ne vaut la chaleur d'un negi miso ramen accompagné de la fraîcheur d'une Tsingtao...
« Une Pluie sans
Fin », Dong Yue.
Bonsoir le Bison, j'avoue que l'histoire entre Yu et la jeune prostituée ne m'a pas convaincue et je n'ai pas compris pourquoi elle saute par dessus le pont. J'ai retenu la course-poursuite qui est la meilleur séquence du film et je te souhaite de revoir Memories of murder si tu ne l'a pas déjà fait (avec un petit alcool coréen). Bonne fin d'après-midi.
RépondreSupprimerLa scène du pont est tout aussi magnifique. Quand l'espoir n'est plus, la vie non plus... Memories of murder est tout aussi excellent, un peu moins pluvieux, certes...
SupprimerY a des grenouilles au moins avec toute cette pluie ????
RépondreSupprimerEn Corée, les grenouilles frétillent dans le bouillon !
SupprimerEt oui l'eau ça mouille... que d'eau que d'eau !
RépondreSupprimerIl est beau ce film pas comme les autres.
La scène de remise des prix : aussi inoubliable que cette pluie.
Dasola ne comprend pas le désespoir d'une vie sans espoir...
P.S. : je lis une histoire (pourtant drôle) qui se passe beaucoup plus à l'ouest. En 1876 les bisons sont passés de 6 millions d'individus à 1 000. Le yankee n'a pas manqué d'imagination pour affamer l'indien :-('
Et en Europe, il ne reste qu'un seul bison sauvage... Les autres sont parqués dans des parcs fermés... Triste sort que celui du bison, des indiens aussi...
SupprimerMoi c’est l’odeur de l’humus, quand il pleut, qui me plait le plus mais le problème ce sont mes cheveux qui frisent sous la pluie moi qui passe mon temps à les raidir :D
RépondreSupprimer« pourquoi c’est mouillé... ben parce qu’il pleut ! » C’est tout bête mais ça me fait rire ... :)
Un film qui pourrait fortement me plaire !
« It's raining again
Oh no, my love's at an end
Oh no, it's raining again ... na na na na na naaaaaaa .... »
:D
Un film noir pour les âmes tristes, comme moi.
Supprimermoi, j'ai trouvé la parade contre les cheveux qui frisent ; c'est pour ça que j'aime quand il pleut, j'aime quand c'est mouillée...
Ce n'est pas un film, c'est un livre : l'Arracheuse de dents de F.O. Gisbert.
RépondreSupprimerJe suppute que ça pourrait te plaire grandement.
You know it's hard to pretend.
Oh no...
le titre est étonnant mais la couverture effectivement rappelle le grand Ouest...
SupprimerC'est délirant et passionnant.
RépondreSupprimerEt ça dit du mal de JJ Rousseau...tout pour me plaire :-)
J'ai rien contre JJ. Je ne l'ai jamais lu... Ce que tu pouvais être "vilaine" hier soir... Un mauvais film sur ta route du cinéma ?
SupprimerDézinguer Rousseau et de Vigan dans une même soirée... ;-)
Pressé de sortir pour te mettre au sec alors ? Cher Bison du Loir-et-Cher, je dois avouer que vous m'avez mis l'eau à la bouche (oui, j'ai décidé de mettre un frein aux spiritueux) avec cet article. J'y gouterai volontiers si l'occasion se présente.
RépondreSupprimergoûter de l'eau, non merci. Je suis trop vieux pour ce genre d'expériences...
SupprimerLa pluie, tu en veux ?... tu as choisi la bonne région !!!
RépondreSupprimerLe film a l'air bien.