Alléché par l’odeur du Kimchi, je déambule dans les ruelles, étroites et sombres. Sombre et parfumée, cette nuit éclairée par la brillance d’une lune teintée de bleu, je m’engouffre derrière le rideau d’une devanture au nom si poétique : « Le Jardin des Jujubiers ». Plat du jour : soupe de poulet aux jujubes. Une spécialité locale, comme les poils pubiens que l’on retrouve collés sur les baguettes. Après m’être réchauffé le corps, j’ai envie de réchauffer mon âme. La serveuse me propose de la rejoindre dans les petits pavillons d’à-côté. Je sens, je sais, que mon âme va jouir de cette nouvelle intimité. Bienvenue au Jardin des Jujubiers.
Yi-seol Kim, auteure que je découvre avec ce roman mais dont je connaissais déjà le nom puisque toutes les Corréennes s’appellent Kim, peint avec cynisme et crudité la place de la femme dans la société coréenne. Etre une femme et une prostituée semble être une évidence dans l’univers très masculin de la Corée du Sud, et la réalité de ces femmes reste bien sombre pour leur avenir.
« De nos jours, ne pas avoir de maîtresse pour un homme, c’est un handicap de sixième degré. Ça te dirait d’être la mienne ? »
« Il arrivait souvent que les clients touchent à peine aux plats – pourtant coûteux – qu’ils avaient commandés. A force de voir des os de poulet tachés de rouge à lèvres, des poils pubiens flotter dans les restes de soupe, des mouchoirs en papier froissés traîner dans tous les coins, des préservatifs encore humides, et de devoir essuyer les traces de sperme sur les murs, j'en venais à me demander dans quel monde sordide je vivais. Dans ces pavillons qui aurait dû embaumer l’odeur succulente de la soupe de poulet aux jujubes, on ne respirait que les effluves écœurants de passions adultères et désordonnées. »
Il y a certains livres qu’on entre par hasard, comme une petite échoppe aux senteurs aromatiques ou une femme aux parfums enivrants de jasmin. L’alchimie reste un mystère, mais la communion opère avec le livre, le restaurant ou la femme. Les souvenirs demeurent impérissables, les effluves passionnées et passionnelles resurgissent du passé, et ce roman finalement est une merveille de crudité et la poésie du poil pubien dans la soupe opère dans mon univers masculin, parce qu’il est bien connu que les hommes en plus d’êtres des moins que rien ne pensent qu’à baiser, des femmes et des putains. Et puis, j’ai appris qu’un sexe totalement épilé, c’est trois ans de malheur pour le client…
« Voir un sexe sans poils, c’est trois ans de malheur, affirma le client. Quelle poisse ! »
« Bienvenue », Yi-seol Kim.
« Un papillon nocturne me suivit à l’intérieur et alla se poser sur le néon. Quand l’homme commença à gémir, l’insecte se mit à battre frénétiquement des ailes contre le tube d’éclairage. Je portais déjà dans mon ventre un embryon issu d’un spermatozoïde dont j’ignorais l’origine et j’écartais encore les cuisses pour un inconnu que je regardais droit dans les yeux. Je tendis l’oreille au bruit paisible de la rivière. L’eau devait être presque tiède. »
"laisse-moi lécher ton jus de jujubes mûres qui s’écoulent d’entre tes cuisses…"
RépondreSupprimerRien que pour celle-ci, merci pour ce billet !!!!! ;D
Je pressens que tu es un homme de bon goût à savourer le jus de jujubes mûres ! :-)
SupprimerTsssss j’te jure ! Ptdr ;-D
RépondreSupprimerMoi c’est la dernière citation qui me plait le plus ! « Je tendis l’oreille au bruit paisible de la rivière ........ »
Heureusement que je suis là pour relever le niveau juste au dessus de la ceinture.
Mais comme dirait l’autre... « Rien ne dure au dessus de la ceinture ... » lolll
Ok je sors rohhhhhh ;-)
Et avec mon grand âge, au dessus ou en dessous de la ceinture rien n'est dur... Heureusement qu'il reste la douce musique d'une rivière...
SupprimerAlors, as-tu été au resto Vanne ?? Pas de risque de poils pubiens, ou autres, dans la soupe ;-))
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