D'un coté, il y a Antonio et Emilio, fous amoureux de Rosario, la femme fatale de Colombie. Rosario aime Emilio mais se confie à Antonio. Le triangle amoureux de Medellín semble aussi dangereux et fatal que le triangle des Bermudes. De l'autre coté - ou de partout autour, il y a la belle Medellín, cette ville sublimement parée de lumière et de violence.
Rosario est de ces femmes qui sont à la fois le venin et l'antidote. Elle guérit celui qu'elle veut guérir, et elle tue celui qu'elle veut tuer.
Rosario se retrouve à l'hosto, une balle en plein cœur, Antonio le cœur déchiré à son chevet. Rosario, la fille aux ciseaux. Ne me demande pas d'où lui survient ce surnom, ça risque de faire mal à ta virilité masculine. Oh oui, j'ose imaginé, mais putain que ça doit faire mal... Aussi mal qu'un cœur brisé. Et si je suis avec plaisir la jeunesse de ce trio dans ce qui ressemble à une chevauchée fantastique dans la nuit et la violence, c'est surtout pour découvrir les lumières de la cité colombienne, ses obscures ruelles et ses étoiles qui veillent tard dans la nuit. Roman nocturne sous les néons blafards de l'hôpital.
De la fenêtre de l'hôpital, Medellín ressemble à une crèche. De petites lumières incrustées dans les montagnes scintillent comme des étoiles. Il ne reste plus aucune partie sombre dans la cordillère trouée de lumières du pied jusqu'à la cime, la "petite tasse d'argent" brille comme jamais. Les immeubles éclairés lui donnent une allure de grand bazar cosmopolite, un air de grandeur qui nous fait penser que nous avons vaincu le sous-développement. Le métro la traverse en son milieu, et la première fois que nous le vîmes circuler, nous crûmes que nous avions enfin cesser d'être pauvres.- Comme elle est belle vue d'ici, disions-nous, tous ceux qui contemplions la cité d'en haut.
Les lumières de Medellín s'illuminent dans la chaleur de la nuit. Entends-tu les coups de feu déchirer le ciel étoilé ? Crois-tu à l'amour proclamé de ces prostituées agenouillées ? Regardes-tu ces aiguilles plantées dans des corps presque inanimés. Violence, sexe et drogue, ou s'est donc enfui le rock'n'roll ? Dans le noir, dans le sombre, dans les ruelles puantes de pisse et maculées de sang. La fille aux ciseaux, recommandée par le syndicat d'initiative de Medellín, propose ainsi une ballade nocturne, une ritournelle du désespoir, un voyage sombre et sans issue, dès la première page vers une musique chaude aux relents de mort. Antonio, Emilio et Rosario, la fascination macabre à marcher sur la corde raide de la vie et de la mort, le long des trottoirs dangereux de Medellín.
Je me souviens des paroles d'Emilio quand il l'a embrassée pour la première fois. Il se vante toujours des premières étapes, le premier serrement de mains, le premier baiser, la première fois au lit. Mais cette fois, sa remarque n'avait pas été triomphaliste, plutôt déconcertante.- Ses baisers ont un goût bizarre.- Quel genre ? lui demandai-je.- Je ne sais pas. Un goût très bizarre, me dit-il. Comme un goût de mort.
"La Fille aux Ciseaux", Jorge Franco-Ramos.
Traduction : René Solis.
Ah!.... ces femmes qui détiennent à la fois l'antidote et le venin...:D J'en connais pas mal de ces copines de McGill qui sont comme ça, qui n'ont pas froid aux yeux...
RépondreSupprimerLa "fille aux ciseaux", aie, je devine... elle se défend, forte, tant pis pour ceux qui en ont abusé...
Pour ce qui est des lumières de la Colombie, l'une de mes Grandes amies y est née. La Colombie m'attend, auprès d'elle, depuis tout ce temps qu'elle souhaite me la faire découvrir..
Oui, en bonne féministe, je crois à l'amour des prostituées.
Les aiguilles, la violence, le sexe, la drogue... Le rock'n'roll est dans l'âme.
J'aime les voyages sombres ef sans issus. J'aime déjà ce livre... <3
Abstraction de la violence et de la drogue, les lumières de Medellin doivent être magiques...
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