Le soleil brûlant, la poussière virevoltant, le stetson vissé sur la tête, un homme marche seul dans cette petite bourgade des États-Unis, perdue au milieu d'un désert. Il doit bien avoir plus de 90 ans, ce vieux. Pourtant, il marche, il fait ses cinq postures de yoga par jour, fume peut-être un paquet de cigarettes par jour. Il n'a pas d'âge, si ce n'est les rides de son âme.
Chaque matin, il va prendre son café au Diner en faisant une grille de mots croisés, puis va acheter son paquet de cigarette chez la mexicaine dont son fils va fêter ses dix ans. Le soir, il discute entre amis autour d'un Bloody Mary. Il aimerait bien allumer une cigarette comme il le faisait en 1968. La nuit s'étale, le vent fredonne et le matin recommence. Toujours en vie, le chanceux. D'ailleurs que sais-je de lui à part qu'on l'appelle Lucky, qu'il a fait les Philippines et la guerre du Pacifique et surtout que c'est le dernier film de Harry Dean Stanton. Son chant du cygne. Il mourut six mois après.
Et autour de Lucky, je retrouve dans ce bar un autre ami, dans le genre fidèle de sa filmographie, David Lynch qui joue pour une fois l'acteur. Et autour d'un café et d'une tarte, je retrouve pour un clin d’œil, une apparition, Tom Skerritt que j'adore, et que j'associerai toujours au shérif Brock, presque aussi vieux que Lucky, et qui se racontent donc leurs souvenirs de guerre...
Dans ce désert, il y a des cactus, majestueux, aussi vieux et décharnés que l'acteur, une tortue centenaire elle, ou qui le deviendra probablement. Dans ce désert se joue de l'harmonica sous le soleil incandescent de la vie. On ne danse pas, mais on chante accompagné de mariachis, et ce Lucky, aussi chanceux soit-il, m'a pris dans son élan mélancolique jusqu'à verser une petite larme. Juste une, elle suffit à elle-même pour ce grand acteur. Un film comme ça, c'est rare ! De par sa banalité mais aussi son éternel recommencement. On hésite entre le solaire ou le crépusculaire. Il ne s'y passe rien, pourtant, il m'a touché, ému, c'est aussi ça le cinéma. Et si en plus Johnny Cash sort du juke-box...
"il restera au moins de ce beau film son sourire superbe, à peine désabusé, dernière image d'un personnage historique du cinéma américain.", La Comtesse.
Une larme et à la fin, on sourit.
"Lucky", John Carroll Lynch.
Oh la la ce sourire !!! Tu sais quoi ? Je ne suis pas allée le voir car ça me faisait trop mal de voir Harry Dean Stanton dans cet état. Que c'est BÊTE !!! C'est l'état à peu près normal de la plupart des personnes de 90 ans qui tiennent encore debout. Je regrette. Pour moi Tom Skerritt c'est Le révérend Maclean de Et au milieu coule une rivière. Je ne sais pas qui est Brock.
RépondreSupprimerOui, c'est bête mais ça ce comprend aussi. C'est comme quand je vois Clint sur ses derniers films, comme un pincement au cœur.
SupprimerTom Skerritt fut le shérif Brock dans une série que j'ai adoré quand j'étais ado. High Secret City. Sans aller autant en profondeur, il y avait un esprit Twin Peaks dedans....
Ce qu'on trouve sur Internet quand même !!!
RépondreSupprimerhttps://pbs.twimg.com/media/EsqWmW2XMAEn6A3?format=jpg&name=small
Belle photo, effectivement...
SupprimerPaul Newman en bagnard, Luke la main froide peut-être. Des décennies que je ne l'ai pas vu celui-là...
SupprimerVoir nos idoles vieillir c'est insupportable.
RépondreSupprimerMais bon, vieillir est insupportable...
Oui c'est Luke la main froide où MON Paulot, ce grand fou mange 50 œufs durs. Pari alacon de bagnards qui s'emmerdent. Je l'ai revu ya pas longtemps (BEAUCOUP de Paulot dans ma dvthéque), ça n'a pas super bien vieilli mais c'est quand même très bien. Tu te souviens qu'il est envoyé au bagne pour avoir cassé un parcmetre...
Je me souviens que Paul n'était pas un méchant méchant (d'ailleurs a-t-il joué une fois un rôle de méchant, d'ailleurs avec des yeux comme ça peut-on être méchant), mais je me souviens surtout de cette incroyable scène des œufs...
SupprimerEn même temps, on vieillit avec ...
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