Alors
que je gare mon pick-up devant le saloon, le soleil se lève – ou se couche, je
perds la notion de l’heure, du temps, du pas de danse entre le soleil et la
lune, des bruits de machines à sous sonnent, des néons illuminent le désert du
Nevada, Reno capitale du jeu et du divorce, je m’apprête donc à descendre de
caisse quand je vois cette nana ! Putain, quelle nana. Une nana qui a du
chien.
Quel
cul, j’ai envie de dire. Éblouissante en plus avec son sourire. Elle sort d’une
relation douloureuse avec son ex. Un divorce, normal pour la ville de Reno.
Alors je la regarde descendre les marches du palais de justice. Quel chien,
elle a, j'me répète. Dans son postérieur, dans son allure. Un coup d’œil et j’en tombe
amoureux à faire frémir ma moustache à la Clarke Gable. Hey poupée, tu montes ?
une bière entre quatre yeux, ça te tente. Et après j’te montre ma selle, y’a de
quoi se prendre pour un cow-boy.
« Perce Howland est assis sur sa selle, le dos contre la cabine de verre piquée au bord de la route. Il a le menton dans les mains, les yeux fixés au sol. Voyant la voiture reculer, il l’observe d’un œil endormi. C’est un de ces cavaliers qui s’exhibent dans les rodéos – c’est-à-dire, à l’approche de la trentaine, une sorte de vagabond, dormant neuf fois sur dix sans même se déshabiller, riche puis fauché au cours du même après-midi, connu de tous les petits hôtels du pays dont il s’est fait expulser un mois plus tôt pour grivèlerie. Il ne montre pas encore l’oreille en chou-fleur, les dents de devant ébréchées ni l’œil hébété propres à l’espèce, mais sa figure a déjà été recousue et ses os cassés plusieurs fois. »
Dans un roman comme ça, à la frontière du far-west, je me prends pour un cow-boy. Un cow-boy à la noix, certes, mais cow-boy un jour, cow-boy toujours. J’ai l’âme du cow-boy dans mon âme. Alors, tu peux me brancher rodéo, je fonce de suite. Chevaucher une pouliche surexcitée ou un taureau en mal d’amour, ça me fait pas peur. Je bande les bras, tire sur la corde, et joue le fier sur ma monture. Surtout garder le sourire, pour emballer les nanas qui ont du chien et qui aiment les cow-boys.
Dormir
à la belle étoile, hurler comme un coyote ses peines de cœur, boire, boire, et
boire encore pour oublier la fin d’une époque, celle du cow-boy chevauchant les
grands espaces au milieu des bisons ou de mustangs sauvages par milliers. Alors
que maintenant, ils n’ont plus de ranch, il n’y a plus de mustangs, et les
rodéos ne sont que folklore pour appâter la galerie marchande des trottoirs
illuminés du Nevada. Tout juste bons à rien, limite asociaux, des misfits comme
ces mustangs sauvages que l’on ne trouve plus guère dans le désert à la sortie
de Reno.
« Rien que des misfits, ces chevaux… Des tocards, chérie. »
Le
film, « Les Désaxés » pour le titre en VF, je n’ai pas dû le voir…
J’ai envie maintenant. Même si je sais que le roman est très fidèle au film,
scénario d’Arthur Miller himself. Ne
serait-ce que pour voir la nana qui a du chien. Je ne voyais que Marylin dans
les pages, son sourire, son sex-appeal, son « chien ». Je me prenais
pour Clarke Gable – tu aimes ma
moustache ? – mais surtout j’étais immergé dans le soleil de cette
nature. Le désert, les chevaux sauvages, des morceaux de jazz qui sifflotent
dans l’autoradio, je suis dans mon élément, l’ouest, les grands espaces. Ce
livre, ce film, marque la fin d’une époque. Triste à voir la fin de l’ère des
cow-boys. Les cow-boys, dans mon imaginaire, c’est l’Amérique. Mais l’Amérique
a viré de bord, les cow-boys se retrouvent sur le bord de la route, écarté de
la vie, écarté de la société, des misfits… Mais même comme ça, je les aime quand même ces cow-boys, inadaptés sociaux, parce que je suis aussi un tocard, poupée. C'est ça mon âme. L'âme du tocard, poupée.
« La fin de la nuit. Les étoiles pâlissent puis s’effacent, le bord du disque solaire apparaît au-dessus de l’océan des collines et le ciel s’embrase soudain. L’œil est attiré par l’horizon, par la paix qui émane de la terre. Des chants d’oiseaux aussi limpides que l’azur saluent le retour du soleil. Puis l’œil sa fatigue d’infini et, partant en quête de détail, redécouvre la lutte pour la vie. Un lapin sort de sous un buisson de sauge, et une ombre passe sur lui. Un faucon décrit avec majesté des cercles qui se rétrécissent et les chants des oiseaux se font aigus et saccadés. Des hirondelles, sorties on ne sait d’où, plongent pour chasser le rapace qui s’élève. Un papillon flamboie sur une pierre et la langue d’un caméléon jaillit et le gobe. »
Les Misfits, Arthur Miller.
Un sacré bouquin, entre mustangs et alcools forts, et un sacré film, Monty si fragile, Gable en fin de parcours, Norma Jean, on dirait Marilyn, c'est tout dire. John Huston et son cinéma de cassés. Géant. Ride your pony Dear Buffalo. Je tache de rester en selle encore un moment même si je fatigue un peu.
RépondreSupprimerPour le bouquin, sacré !
SupprimerSi t'as le dos fourbu, saute de ta monture, attrape ta guitare et ride your pony autour d'un bon feu de bois...
Dernier film de Marilyn et tout est parti en couilles ..... Jusqu'à sa perruque qu'il a fallu retailler. Quand t'es dans le désert quoi :-)
RépondreSupprimerDu coup, depuis, j'ai envie de voir le film qu'à ma grande honte, j'ai toujours esquivé... Et bienvenue par ici, toi que je vois souvent trainer sur un autre site plus cinéphile...
SupprimerPfff, c'est tellement simple de tomber amoureux d'elle.
RépondreSupprimerEt le film... crois-moi, tu ne l'oublieras pas.
Ce casting de folie... Les voici tous les quatre réunis dans un même plan (n'oublions pas le 3ème ivrogne de la bande Elli Wallach)
https://youtu.be/NisPlwJNnn0
Et cette scène mythique, parce que big John avait filmé la crise de désespoir en plan très large
https://youtu.be/CkPo6_EwSZ0
Et celle-ci devrait te ravir :
https://youtu.be/9IuMUzCJ5m8
Merci pour ces liens. Oui, la plan large est magnifique... Quand à la scène du bar, c'est comme dans le bouquin, j'y étais déjà...
SupprimerJ'étais et je suis fan de Norma-Jean. J'ai pratiquement tout lu sur elle ! Arthur Miller lui a écrit et offert ce scénario. Le couple était déjà sur sa fin. Pour Hutson ce tournage vire au cauchemar par les excès, les retards, les absences et les caprices de Marylin. On lui reprochera d'ailleurs la mort de Clark Gable, éreinté par le tournage !
RépondreSupprimerMarilyn dira de Montgomery Clif qu'il est la première personne encore plus désaxée qu'elle !
Quel beau film, quelle belle scène de Marilyn dans le désert avec le cheval !
J'aime ce film, j'aime Marilyn écorchée. Aucune actrice n'a pu égaler son sex-appeal ,
Quel plaisir ton billet !
:-)
Belle soirée !
Suis-je le seul à ne pas avoir vu ce film ? Suis-je le seul à boire un Jim Beam ce dimanche soir... Ou un Talisker, un éclair... En fait, je connais très mal Marylin, encore plus Norma-Jean...
SupprimerAs-tu seulement la moustache de Clark Gable ou as-tu aussi... les oreilles ??? ^^
RépondreSupprimerSa moustache, ses oreilles, son regard. J'aurais pu être sa doublure si le vent ne l'avait pas emporté...
SupprimerJ’pense pas non plus avoir vu le film mais pour voir la moustache de Clarke Gable « frémir », à défaut de son majeur, ça en vaut sûrement le coup...!!! :P
RépondreSupprimerCâlisse, le désert du Nevada... l’Ouest... les grands espaces... les cow-boys à moustache (^^)....... les misfits et les nuits à la belle étoile...... manque juste un majeur à frétiller dans un lac gelé pour en faire un paradis.
T’sais Bison, chevaucher une pouliche surexcitée à ton âge ça pourrait t'faire un tour de rein. Fais attention quand même... :D))
Poupée pffffffffffffffffffffff !!!!!!!!!!! ^^
un lac gelé dans le Nevada ??? Et pourquoi pas des aurores boréales la nuit !!! C'est la moustache frémissante de Clarke qui t'émeut tant... :D
SupprimerEt laisse mes rêve en paix. Une bibine à la belle étoile et une pouliche à la belle étoile.
Ça te dit de m'en décapsuler une, poupée ?!
Une chose est certaine, la moustache de Clarke me titille les sens et me met toute à l'envers, mais il neige aussi au Nevada l'hiver m'sieur Bison! :D
SupprimerPour les aurores c'est moins sûr, sauf qu'après une caisse de p'tite "frette" (frette : bière) tu verras des aurores boréales, même en Arizona, j'te jure, c'est câlissement unique... ^^
Tu veux une p'tite frette? Quand t'iras t'en chercher une tu m'en rapporteras une bien fraîche (et j'ai soif maintenant, si c'est possible!)!! :P
Si tu l'dis... Tu as du y poser tes fesses plus souvent que moi, dans le désert du Nevada :)
SupprimerUnique, je veux bien te croire, ça doit être quelque chose ! ça doit frétiller intérieurement, autant qu'une bonne bière à la belle étoile...
Un doigt de whisky avant la frette ?