Je
connais le réalisateur depuis des années. Depuis une certaine histoire
d’enfants livrés à eux-mêmes. C’était en 2003, c’était « Nobody Knows ». Je m’en souviens
encore. A la fois terrifiant et émouvant. Drame à l’état pur, tristesse brut d’un
monde sans enchantement. Je l’ai suivi ensuite avec « Still Walking », « I
Wish » [les titres traduits du
japonais en anglais pour une sortie en France, rrrr] et plus récemment
« Tel Père, Tel Fils »,
« Notre Petite Sœur ».
Tous ses films sont d’une simplicité extrême. Des tranches de vie, presque
banales, et pourtant ô combien intéressantes, ô combien émouvantes, ô combien
sinistrées.
Une
tempête se prépare. Au typhon N°23 se succèdera le typhon N°24, une année à
typhons. Ryota – Hiroshibe Abe -,
divorcé et écrivain raté, a l’âme du loser. Il ne voit son fils qu’une fois par
mois, s’il arrive à payer la pension alimentaire à son ex… Son ex qui semble
voir quelqu’un d’autre, un autre pauvre type apparemment. Il a la passion du
jeu, probablement un héritage de son défunt père, et toute sa paye – et même
plus – de pseudo détective privé de séance zone spécialiste dans les chantages
et les affaires conjugales passe dans le pachinko ou les courses de chevaux, de
vélo…
Pourtant,
son premier livre fut couronné d’un prix littéraire très gratifiant. Mais
quinze ans, il ne reste plus rien de son aura d’écrivain et sa mine transpire
la déception, l’échec, la fin des ambitions littéraires. Il continue sa vie
comme d’autres des putains de vie, sans ambition, ni espoir, juste voir son
fils une fois par mois… Un portrait familial presque classique, avec le syndrome
de l’échec dans une société nippone toujours très portée sur la réussite. L’histoire
est simple, les vents s’enchainent, la vie s’écoule, le « héros-loser »
descend plus profond que la mer. J’adore… ces êtres fragiles, loin d’être
insipides. Ils m’émeuvent, me questionnent, me bouleversent. C’est pour cela
que j’aime tant le cinéma de Kore-eda qui transcrit et transmet ces émotions
dans un environnement où j’adore me promener. Des petites ruelles de quartier
dans Tokyo, loin des grands buildings et du bouillonnement incessant. Là, au
détour d’une ruelle, on prend le temps de regarder un cerisier en fleur, de manger
des sobas debout à la sortie d’une station de métro. La grand-mère - Kirin Kiki - cuisine à merveille, ses
plats sentent aussi bon que dans les « Délices de Tokyo », normal, c’est
la même grand-mère. Et lorsque la tempête s’annonce, quoi de plus réconfortant que
de se rassembler en « famille » autour d’une marmite fumante. Et attendre la fin des vents, pour pourquoi pas une nouvelle vie s'envisage « Après la Tempête ».
De sa cinématique associative, l'ami Eeguab propose et dispose, toujours modeste dans ses choix et ses [ré]percussions, comme un cinéma... calme. J’entends
un air de J-Pop, toujours plus profond que la mer, et je perçois ce film comme
une ode à la flânerie tokyoïte, un spleen familial entre deux typhons déversant
ses flots de vents, de pluies et de subtiles émotions. Bref, j’ai adoré, mais
je ne suis pas objectif, car le cinéma de Hirozaku
Kore-eda est une affaire de goût, un goût de sésame noir et de sobas, et
moi je raffole de ces dégustations culinaires cinématographiques.
« Après La
Tempête » [2017], Hirokazu Kore-eda.
J'ai vu tous les films d'Hirokazu Kore-eda et les aiment tous... (Goran : http://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerPeut-être pas tous vu... J'ai un doute sur Air Doll... Mais une chose sûre, j'aime tous ses films vus. Beaucoup d'émotion et de simplicité.
SupprimerBelle analyse d'un qui connait tellement mieux que moi litterature et cinéma japonais. Et merci pour le clin d'oeil.
RépondreSupprimerje n'y connais rien, pas comme un cinéphile en tout cas. Je regarde juste, sans analyse, par plaisir, par choix, par désir...
SupprimerTout pour me plaire celui-ci !!
RépondreSupprimerJ'espère que certains cinémas le proposeront (ou le propose encore). Car il n'est pas sûr que le film fasse le tour de la province. Malheureusement... Mais certains cinémas d'arts et d'essai régionaux proposent souvent de beaux choix. Alors si tu le vois, n'hésite pas...
SupprimerUn beau film que j'ai vraiment envie de voir, pour ses tempêtes d'émotions et les odeurs du réconfort. J'aime la simplicité des portraits familiaux et les êtres fragiles.
RépondreSupprimerLa bande-annonce et la musique qui l'accompagne sont délicieux!
Une merveille, c'est sûr...
Sûr, ce film est une petite pépite, simple et tranquille, sur les rapports familiaux... A voir, une tempête sans blizzard, ça te changera !
SupprimerIl nous avait assommés avec son Nobody knows...
RépondreSupprimerEt si tu avais vu Air doll tu ne l'aurais pas oublié.
J'espère qu'elle ne va pas rester avec le bouffon qu'elle s'est trouvée la miss.
Et Ryota est un bien beau loser.
un loser comme je les aime. Un peu comme moi, même si moi je ne m'aime pas...
Supprimerj'ai beaucoup aimé : still walking, i wish, tel pere tel fils. Un peu moins notre petite soeur, mais j'ai complètement loupé la sorti de celui-ci ! à voir d'urgence donc !!
RépondreSupprimerCe n'est pas en crapahutant sous le soleil des calanques et du pastis que tu risques de prendre un saké après la tempête...
SupprimerBonjour le Bison, je me rends compte que j'ai vu tous les Kore-Eda depuis Nobody Knows. Mon préféré reste Still Walking. Après la tempête m'a plu parce le père est un perdant mais à qui on pardonne tout. Quant à la grand-mère, j'aurais aimé en avoir une qui lui ressemble. Bonne après-midi.
RépondreSupprimerQuelle grand-mère, effectivement. Et quelle cuisinière, j'avais les papilles qui en frétillaient d'envie...
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