Allant à la bibliothèque, je l’avoue j’ai un faible pour les lunettes de la bibliothécaire, du genre brune et souriante, je croise la route de mon fidèle compagnon. Des années que l’on se suit de caniveaux en motel à l’abandon, vétusté des lieux et du temps. Il déambule comme un pauvre ou un miteux alcoolique, à la recherche d’un mégot au fond de la poche d’un cadavre endormi ou d’un bout de trottoir entre deux flaques de pisse encore chaude et fumante. Compagnon qui sait si bien m’émouvoir si bien me faire rire, le grand Arturo Bandini est de retour. Il est en pleine forme. Il a la rage, envers le monde, envers la société, envers les femmes. Il est tout simplement humain et c’est ce qui me plait chez lui, le grand Arturo Bandini. Mais d’où me vient cette passion subite pour la bibliothécaire ? sa paire de jambes, ses gros seins, ses lunettes ? Je l’entends d’ici, sa tirade enflammée digne d’un Nietzsche sous amphétamines. Un jour il sera publié, Arturo Bandini le Grand avec les majuscules là où il faut et j’irai voir la bibliothécaire, avec son sourire et son large décolleté pour lui demander : « avez-vous par hasard le grand Bandini en rayon ? » Elle regardera dans son fichier informatique, un grand sourire et un ange passera, et se lèvera de son fauteuil en skaï noir épousant ses délicieuses formes. Je regarderai bien sur son cul comme l’aurai fait Bandini et l’aurai suivi dans les rayons obscurs de la bibliothèque attendant le moment propice pour la prendre debout entre les plus grands philosophes me retenant d’éjaculer… O Zarathoustra ! sur ses lunettes…
« Dissertation Morale et Philosophique sur l’Homme et la Femme, par Arturo Gabriel Bandini. » Le mal est réservé à l’homme faible, voilà pourquoi il est faible. Mieux vaut être fort que faible, car être faible, c’est manquer de force. Soyez forts, mes frères, car je vous le dis, si vous n’êtes pas forts, les puissances du mal auront votre peau. Toute force est une forme de puissance. Tout manque de force est une forme de mal. Tout mal est une forme de faiblesse. Soyez forts, sinon vous serez faibles. Evitez la faiblesse si vous voulez devenir forts. La faiblesse dévore le cœur de la femme. La force nourrit le cœur de l’homme. Voulez-vous devenir des femmes ? Dans ce cas, devenez faibles. Voulez-vous devenir des hommes ? Oui ? Alors, devenez forts. A bas le mal ! Vive la Force ! O Zarathoustra, accorde à tes femmes une abondance de faiblesse ! O Zarathoustra, accorde à tes hommes une abondance de force ! A bas la femme ! Longue vie à l’homme.