
« Le reflet que le vin laissait sur ses lèvres m'invitait depuis un moment. À la lueur des réverbères, j'ai retiré mon chandail, que j'ai laissé tomber à mes pieds. Ses doigts ont effleuré mes seins de longues minutes avant qu'il ne me prenne. Sur le tapis du salon, une valse maladroite et libératrice. Sur mon ventre, des gouttelettes de vin blanc renversées par mégarde, sa langue. Au milieu de notre guerre silencieuse, nous avons joui. Moi la première. »
Premier roman de Miléna Babin, d’une jeunesse talentueuse, j’ai pris un plaisir à découvrir l’auteure dans cette histoire si fréquemment étudiée, le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Un vent de fraicheur souffle sur les pages, c’est qu’au Québec il peut faire frette, mais un index qui descend lentement dans le creux des reins jusqu’à la craque des fesses réchauffe l’atmosphère, mon sourire et mon âme à cette image. Entre deux chapitres, je m’imagine déambuler dans la rue, entre les craques des trottoirs, dans mon coton ouaté, jusqu’au prochain dépanneur pour acheter un paquet de cigarettes et quelques bouteilles de Trois Pistoles. Grimper dans une van, une Seagull à l’arrière, faire chauffer l’autoradio d’un hard-blues enivrant et suivre les étoiles qui filent jusqu’au point de rendez-vous : BBQ & Binouzes chez Max. La simplicité même. Cela s’appelle, je crois, sourire à la vie.