mardi 6 mars 2018

Santiagay

Une image me restera gravée pour longtemps. Je me promène dans les rues de Santiago du Chili. Un jeune homme jovial se promène avec une amie à la tombée de la nuit. Le quartier ressemble à n’importe quelle rue de notre monde, entouré de ses graffitis et de sa nébuleuse pollution atmosphérique. Les lampadaires se sont illuminés, loin d’être des étoiles dans le ciel pour se guider. Au détour d’une rue, la fille voit ces trois types, elle prévient le garçon de filer, ils s’enfuient tous les deux dans des directions opposées. Mais à trois… le jeune garçon est vite rattrapé et massacré. Des coups de lattes dans la gueule, dans les couilles, je présume, la caméra se fait discrète et film la tête des agresseurs plutôt que de la victime. Coup de barre de fer, coup de pied dans la face, comme au bon temps des skinheads. Un déchaînement inouï et insupportable de violence s’abat sur sa figure, son crâne.

Pourquoi un tel acharnement physique envers son fils ?
L’hôpital. Son père parle à un médecin. Préoccupations financières de telles opérations, cynisme du monde médical.
Des interrogations, une porte qui s'ouvre sur un monde qu'il ignorait totalement.
Ce n’est pas un hasard, mais pas une raison non plus. Son tort ? Celui d’être une fiotte, une tafiole ou une tafiotte, peu importe le terme. Quelque soit la latitude, les gays ont encore du mal à trouver leurs places dans cette société-là. J’aurais préféré découvrir une autre facette de Santiago. Mais d’ailleurs, peu importe où ? La barbarie humaine ne s’est jamais limitée à des frontières. De fait, un monde s’écroule pour le père, Sergio Hernandez déjà vu dans l'excellent et pétillant « Gloria », associé dans une fabrique de mannequins en plastique au visuel si parfait et lustré, ignorant tout de la vie de son fils, Pablo. Pablito pour les grands-mères.

Le sujet est terrible, bien entendu. Malgré cela, j’avais envie de découvrir cette histoire, mais j’avoue que je ne suis pas totalement rentré comme je l’aurais dû. J’étais spectateur, trop détaché. Il m’a manqué une pointe d’intérêt pour profiter pleinement de ce film, estimé et bouleversant pour certains. Je me dis qu’il faudrait que je le revisionne, le principe des DVD (sortie du DVD, 3 octobre 2017, aux éditions Epicentre). Et je suis certain qu’ayant fait cette première erreur, je m’attacherai plus aux personnages, à la musique, au décor de fond, même si de Santiago du Chili, je ne vois qu’une nappe de brouillard, signe des grandes villes à la pollution assassine. 

Pablito ne sera désormais « Plus Jamais Seul ».    


« You’ll never be alone - Nunca vas a estar solo », Alex Andwandter.


Merci à CinéTrafic pour cette nouvelle opération,

Un DVD contre une Critique !
par là
- à retrouver sur Cinetrafic

Merci à Epicentre



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11 commentaires:

  1. sur l'Avenue, on a pris une bonne claque. La scène de l'agression est terrible.

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    1. J'ai vu après coup ta chronique sur cinétrafic et c'est ce qui me fait dire que j'ai loupé un peu d'attention pour rentrer pleinement dans l'histoire.

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  2. Rien que pour la scéne de violence que tu décris, je ne me sens pas capable de regarder ce film ... En tout cas, pas encore ...

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  3. Je pensais l'avoir vu... et puis non. J'ai dû voir souvent la BA en salle.
    Ce doit être fort et en même temps je comprends que parfois on est pas embarqué et on s'en veut presque parce que le sujet est fort.

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    1. du coup cette impression de déception, celle d'être passé à côté alors que le sujet marque.

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  4. Il y a des histoires, des films pour lesquels, une relecture ou un second visionnage sont les bienvenus et nous font prendre conscience pleinement de leur véritable potentiel...

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    1. Tout à fait d'accord. Combien de fois ai-je regardé certains de mes grands - ou petits - films...

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  5. Qu’importe la latitude, le monde est tout de travers pour des questions de différences (culturelles, religieuses, éthiques etc) alors que c’est justement là toute sa beauté. J’y comprendrai jamais rien ...

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    1. Alors que justement la richesse et le plaisir vient du mélange de ces différence. C'est comme pour un cocktail. Une tequila seule, c'est bon. Mais Si on rajoute, un peu de sucre de canne, quelques gouttes de citron, une pincée de sel. Que l'on mélange le tout, avec un fond de gin, et du bon rhum des îles sentant la vanille, cela devient un autre plaisir, une autre vie. Du jus de coco avec ?

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    2. svp, et un ver au fond que j'puisse sucer gaiement ... et croquer ensuite... :P
      (j'adore ta métaphore)

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