« - Y a un fusil pointé sur toi, vieux, a lancé un type. Approche-toi de la lumière, les mains en l'air.
C'était pas le moment d'enfiler mes bottes. J'ai obéi.
- T'es là depuis combien de temps ? a demandé un homme avec une moustache noire.
Ils étaient quatre. Tous armés.
- Combien de temps, on s'en fiche, a repris un barbu. Ou bien il est avec nous, ou bien il est mort.
- Je suis avec vous, j'ai répondu. C'est qui, vous ?
Le barbu a froncé les sourcils.
- T'as déjà convoyé du bétail en participation ?
- Juste contre un salaire. Je suis un cow-boy pas fainéant qui cherche une occasion.
- Elle vient de te trouver, a-t-il déclaré. On t'appelle comment ?
- Duke, j'ai fait.
- Certainement pas, a-t-il dit. Duke, c'est moi.
Il m'a regardé d'un sale œil à la lueur du feu et il a ajouté :
- Toi, tu t'appelles Leather.
- Ça m'étonnerait, j'ai répliqué. Je suis pas un dur à cuire. J'ai une peau tout à fait normale.
Brusquement, j'ai compris qui était Duke. Tout le monde le connaissait - c'était un des meneurs du Rough String. En fait, j'avais choisi de m'appeler Duke, peu de temps auparavant, à cause de la réputation qui entourait ce nom. J'ai ajouté poliment :
- Si tu le dis... Je m'appelle Leather.
- Allez chercher les bottes de Leather, a ordonné Duke. Servez une tasse de café à Leather.
C'est comme ça que j'ai changé de nom. Et c'est comme ça que je suis devenu un bandit. Pas plus compliqué que ça. Je me suis endormi honnête et fauché. Je me suis réveillé hors-la-loi et toujours fauché. Et incompris de tous. »
C'était pas le moment d'enfiler mes bottes. J'ai obéi.
- T'es là depuis combien de temps ? a demandé un homme avec une moustache noire.
Ils étaient quatre. Tous armés.
- Combien de temps, on s'en fiche, a repris un barbu. Ou bien il est avec nous, ou bien il est mort.
- Je suis avec vous, j'ai répondu. C'est qui, vous ?
Le barbu a froncé les sourcils.
- T'as déjà convoyé du bétail en participation ?
- Juste contre un salaire. Je suis un cow-boy pas fainéant qui cherche une occasion.
- Elle vient de te trouver, a-t-il déclaré. On t'appelle comment ?
- Duke, j'ai fait.
- Certainement pas, a-t-il dit. Duke, c'est moi.
Il m'a regardé d'un sale œil à la lueur du feu et il a ajouté :
- Toi, tu t'appelles Leather.
- Ça m'étonnerait, j'ai répliqué. Je suis pas un dur à cuire. J'ai une peau tout à fait normale.
Brusquement, j'ai compris qui était Duke. Tout le monde le connaissait - c'était un des meneurs du Rough String. En fait, j'avais choisi de m'appeler Duke, peu de temps auparavant, à cause de la réputation qui entourait ce nom. J'ai ajouté poliment :
- Si tu le dis... Je m'appelle Leather.
- Allez chercher les bottes de Leather, a ordonné Duke. Servez une tasse de café à Leather.
C'est comme ça que j'ai changé de nom. Et c'est comme ça que je suis devenu un bandit. Pas plus compliqué que ça. Je me suis endormi honnête et fauché. Je me suis réveillé hors-la-loi et toujours fauché. Et incompris de tous. »
Un air d’harmonica comme dans tous les bons westerns se mélange aux refrains du vent. Un homme sur son cheval, son costume noir maculé d’une poussière ocre et collante. Le teint gris, tiraillé par la soif, il chevauche la dernière colline, avant le repos éternel. Des coups de feu au loin, règlements de compte à OK Corral ou Duel au soleil. Des braillements humains, cris avinés sortant du saloon et rires des dames de petites vertus venues égailler la solitude des chercheurs d’or.
Je grimpe au sommet de cette colline pour voir le soleil se coucher, découvrir ce parfum de sauvagerie, Far-West et western littéraire sous la plume de Dorothy M. Johnson, « vieille » dame du grand Ouest. Des hommes, des cow-boys même, dans le Montana. Des Cheyennes et des chercheurs d’or, un médecin étrange. Le vol des flèches indiennes fouette l’air poisseux, des traces de grizzlis, un fusil pointé dans mon dos… Si je réchappe à cet univers, mes santiags encore à mes pieds, c’est que je dois être un vrai cow-boy, du genre à boire toute la nuit des verres de whisky et qu’une dame en petite tenue – pour l’époque - me fait monter dans sa chambre à l’étage du saloon-bordel. Mais au sommet de cette colline, j’observe surtout cette corde qui se pend. Probablement qu’un jour, ma tête sera à l’intérieur de ce nœud coulant, et que mes santiags se balanceront au gré du vent, au son de l’harmonica. Alors, en attendant, face au miroir derrière le comptoir, je regarde ma tête et je me dis qu’un jour, je serai Gary Cooper.
« Juste avant de plonger dans le camp des chercheurs d’or de Skull Creek, la route enjambait le sommet d’une colline aride et passait sous la branche horizontale d’un grand peuplier de Virginie.
Une courte longueur de corde, récemment coupée, pendait à la branche et se balançait dans le vent lorsque Joe Frail emprunta cette route pour la première fois, à pied, en menant son cheval bâté par la bride. Le camp n’avait que quelques mois d’existence, mais on avait déjà pendu quelqu’un, sans doute à juste titre. Les prospecteurs, en général, s’intéressaient plus à l’or qu’aux pendaisons. Quand Joe Frail leva les yeux vers la corde, ses muscles se contractèrent, car il se rappelait la malédiction qui pesait sur lui. »
Une courte longueur de corde, récemment coupée, pendait à la branche et se balançait dans le vent lorsque Joe Frail emprunta cette route pour la première fois, à pied, en menant son cheval bâté par la bride. Le camp n’avait que quelques mois d’existence, mais on avait déjà pendu quelqu’un, sans doute à juste titre. Les prospecteurs, en général, s’intéressaient plus à l’or qu’aux pendaisons. Quand Joe Frail leva les yeux vers la corde, ses muscles se contractèrent, car il se rappelait la malédiction qui pesait sur lui. »
« La Colline des Potences », Dorothy M. Johnson.
Jamais lu La colline des potences. Mais vu le film plusieurs fois. le grand Gary y est magnifique. Et les hanging trees sont si fréquents dans les westerns. Je viens de revoir celui de Johnny Guitar. So long ami des grandes prairies.
RépondreSupprimerJe savais qu'avec Gary Cooper, tu allais seller ton cheval pour me rejoindre, sous cet arbre de Virginie, et me voir pendu à cette corde, pour me jouer un petit air de guitare...
SupprimerVu aussi le film ;-)
RépondreSupprimerA l'inverse de Cooper, Maria Schell y fait pas un tabac.
Peut-être que je l'ai vu. Dans un autre temps, une autre époque, probablement sous l'ère de La Dernière Séance...
SupprimerJamais vu ce film, mais Gary Cooper dans quelques autres.
RépondreSupprimerPar contre, j'ai dû voir tous les films de Sergio Leone ! (Clint Eastwood, Lee Van Cleef, autres réincarnations de la force tranquille...)
Ça doit être une question d'âge... :-)
SupprimerJe suis aussi plus Clint que Gary...
je confirme, on s'y croirait dans le grand Ouest à la lecture de ces nouvelles. Son autre recueil est très bien aussi, et même, je l'avais préféré !
RépondreSupprimerLa contrée indienne...
SupprimerAh ben c'est joyeux ici...
RépondreSupprimerla corde se balance aux chants des oiseaux.
SupprimerEst-ce que tu aimes / Dans les westerns / Quand le héros s'en va / Seul comme un chien ? / Oui j'aime.
RépondreSupprimerEst-ce que tu aimes / Dans les westerns / Quand le héros revient / Et descend calmement / Tous ses vieux ennemis ? / Oui ça j'aime.
Bon alors / Nous irons vivre libre / Dans un pays sauvage / Et nos armes seront / L'amour et le courage
Extrait de Est-ce que tu aimes ? par ( Arthur ) H et M ( Chedid )
Deux initiales que j'apprécies énormément ! Merci pour cet extrait
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