Isserley.
Un regard magnifique. Et une paire de seins incroyablement incroyable. Pas que
sa paire de nichons m’obsède, je suis bien loin de ces considérations
esthétiques, mais l’auteur semble prendre du plaisir à me décrire les atouts de
sa grosse poitrine. Il y revient souvent pour que je m’imprègne bien de l’image
d’Isserley, que cette dernière reste gravée au fond de ma mémoire comme un fantasme
récurrent.
Du
petit matin au crépuscule, elle arpente sans scrupule les routes écossaises dans une vieille voiture
retapée. Un mal de dos constant, ce qui l’oblige à mettre sa poitrine en avant,
comme une avant-garde de son pouvoir de concentration, les yeux portés sur la
route sinueuse, entre les gouttes de pluies balayées par les essuie-glaces, mon
regard concentré sur le mouvement respiratoire de ses seins. On pourrait croire
qu’elle conduit sans but précis, juste pour apprécier le silence des landes à l’odeur
de tourbe.
Isserley
passe devant cet homme, le pouce levé. Elle le dépasse, fait demi-tour, l’observe
de nouveau, repasse dans l’autre sens et s’arrête cette fois-ci. Il a quelque
chose qui l’intéresse, dans son regard, dans sa corpulence, dans sa solitude.
Elle aime la solitude des hommes, surtout lorsqu’il se présente à elle le corps
envieux. Lui, que le silence ne gêne pas, se contente de la regarder, de fixer
même son avantage proéminent, son énorme paire de seins – c’est pas moi qui le
dis, l’auteur insiste lourdement bien sur ce délice visuel. Jusqu’au moment où…
« Quand elle apercevait un auto-stoppeur,
Isserley le dépassait, pour se donner le temps. C’est ce qu’elle avait toujours
fait. C’est ce qu’elle allait faire maintenant. Il y avait un auto-stoppeur en
vue. Elle le dépassa.
Elle cherchait
du muscle. Les spécimens chétifs et maigres ne l’intéressaient pas. Celui-ci
était chétif et maigre. Il ne l’intéressait pas. Elle continua sa route.
C’était
l’aube. Le monde physique n’existait pas pour elle, sauf le ruban de goudron
gris sur lequel elle roulait. La nature était une distraction. Elle refusait d’être
distraite.
L’A9 semblait
déserte, mais il ne fallait pas s’y fier. Tout pouvait arriver, à tout moment.
Voilà pourquoi elle ne quittait pas la route des yeux.
Trois heures
plus tard, elle vit un autre auto-stoppeur. Une femelle. Les femelles n’intéressaient
pas Isserley.
[…]
Deux heures et
demie plus tard, elle aperçut un autre auto-stoppeur en vue. Quand elle voyait
un auto-stoppeur, Isserley le dépassait toujours, pour se donner le temps. Elle
le dépassa.
[…]
Elle fit
demi-tour et le jaugea une deuxième fois. Il avait de bons bras. Des épaules
excellentes. Des pectoraux impeccables et la taille fine.
Une fois son
demi-tour effectué, elle revint vers lui, pour la troisième fois. Ses cheveux
roux étaient frisés et rebelles, il portait un pull épais tricoté de laines de
différentes couleurs. Tous les vodsels à gros pulls qu’Isserley avait
rencontrés étaient sans travail, menaient une vie de parias. Les autorités
devaient les forcer à porter ce genre de vêtement, supposait-elle, comme un
stigmate de leur condition.
Ce vodsel qui
lui faisait signe devait être un proscrit. Et ses jambes engraisseraient sans
problème.
Elle
s’arrêta ; il courut vers la voiture, en souriant.
Isserley
ouvrit la porte du passager, prête à crier « Je vous
emmène ? ». »
C’est
le moment où je me tais pour ne pas trop en dire, m’efface en silence avec mon
verre de single malt écossais, parce que l’histoire se construit comme un
thriller efficace et prenant. Du moins au début. Une serial-killeuse avec deux
obus atomiques tuent des auto-stoppeurs sur les routes écossaises. Une tueuse
sur la route. Mais de thriller, il n’en est point question parce que le roman
vire à la science-fiction. Je vous avais dit qu’Isserley avait quelque chose de
spécial en elle, un pouvoir attractif mais cela va bien au-delà, il fallait
lire entre les lignes. Et moi qui ne suis pas habitué à lire de la pure SF, j’ai
pris mon pied avec Isserley, terrible, et du coup je me demande si je ne vais
pas devenir vegan.
« Under The Skin », Michel Faber.
« Ses yeux, magnifiés par ses verres, étaient
un peu rougis par la fatigue, mais il les trouvait étonnamment beaux. Ses iris,
d’un marron noisette illuminé de vert, scintillaient comme… comme des lamelles
de cultures bactériennes exotiques sous un microscope. »
Bien
sûr, si je suis venu à ce roman, c’est avant tout aussi parce que quelques
années auparavant, j’avais vu le mystérieux film de Jonathan Glazer. On adore
ou on déteste. Bien sûr, si j’ai lu ce roman c’était aussi pour me motiver à
revoir le film, j’avais tant apprécié le jeu de Scarlett Johansson, nettement plus tentante que dans les films de
Woody. Elle n’a pas la paire de seins décrites dans le livre, mais son pouvoir
attractif me perturbe. Quelque chose dans son regard, ou dans sa longue paire
de jambes, déshabille-toi Scarlett. Mystérieux film n’est d’ailleurs peut-être
pas approprié. Le mystère y est, certes même une incompréhension totale de ses
motivations. Le mot « film » est peut-être de trop, car il s’agit
avant tout d’une expérience visuelle jamais vu qui peut hypnotiser ou ennuyer,
ce côté silencieux et répétitif de l’action. Mais moi, je suis dans le silence, je suis dans l’adoration entière et totale, d’ailleurs je suis prêt à donner corps et âme pour finir dans
la camionnette de Scarlett.
« Under The Skin », Jonathan Glazer.
« Elle est belle, pensa-t-il. Étrangement,
étrangement belle. »
D'après les extraits cela semble très bien écrit.
RépondreSupprimerLe film très intrigant a fini par me tomber des yeux car le spectateur est un peu abandonné sur le bord de la route.
J'aime beaucouo Scarlett.
Un livre de SF très accessible même pour les non-initiés comme moi. Le film est différent, plus une expérience, et comme j'aime ces expériences, je le regarderai certainement une troisième fois, et encore plus...
SupprimerN'ai pas lu le livre ni vu le film, mais j'aime également cette actrice (découverte toute jeunette dans "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux" avec Robert R.), énormément de charme et de personnalité ! :-)
RépondreSupprimerSinon, dans le thème de serial killeuse, j'avais vu l'impressionnant "Monster" (2003) avec une Charlize Theron à 10000 lieues de la pub "J'adore"...!
Hors-concours, face à tous ces fantasmes masculins de compétition, ces blondes à fortes poitrines... je sors... :I
Et de côté là, Isserley déclasse toutes les femelles humaines. Hors-concours, effectivement... Et en plus, elle n'est pas forcément blonde.
SupprimerAvec cette galanterie légendaire qui t'honore tellement...(cf : "femelles") ^^
SupprimerBlonde, pour Scarlett, et tooooutes les autres !!!!
Heureusement que les brunes sont piquantes, à côté...
C'est qu'Isserley ne se considère pas comme une femme, mais de là où elle vient comme appartenant à une espèce femelle...
Supprimerje suis un fan des obus et pourtant je suis anti militariste
RépondreSupprimerÊtre antimilitariste est tout à ton honneur !
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