Et
si je levais un peu les yeux de mon bouquin...

Sentir
le vent bousculer ma crinière ondoyante et voir s'emmêler quelques
fleurs de cerisier venir atterrir dans mon verre de bière. Regarder
ces fleurs si éphémères embellir les vies de promeneurs anonymes,
de belles amoureuses ou de sombres et tristes solitaires. Comme un
feu d'artifice floral qui illumine les jardins à l'ombre du zen et
des temples. D'ailleurs, question temple, je me retrouve à Kamakura.
Splendide ville où règne le Daibutsu de sa majestuosité, des
vagues qui se déchirent sur ses falaises, et de longues marches
d'escalier pour atteindre l'antre sereine des nombreux temples
égrainés aux abords de la forêt.
« Les
oiseaux bavardaient gaiement, comme s'ils picoraient les vestiges de
la nuit. »
Guider
par quelques senteurs, animer par le plaisir d'un thé fleur de
geisha, je découvre une papeterie que je n'avais jusqu'à présent
jamais osé pénétrer. C'est que je suis timide et qu'il me faut du
temps pour oser m'aventurer dans certains plaisirs de la vie.
M'attabler à la terrasse, commander une bière, et la regarder,
écrire, s'appliquer sur chaque syllabe calligraphiée, trouver le
bon sens d'écriture, l'enveloppe adéquate, la qualité du papier,
de l'encre, de la plume, surtout pas de critériums. Même le choix
du timbre a son importance. Chaque chose a de la valeur dans la
correspondance, même dans une lettre de rupture.