Cette ville pousse à boire, ma première réflexion, ou celle d'un auteur connaissant parfaitement ce coin-là, São Paulo. La plus grande ville de l'Amérique du Sud, de hauts buildings, richesse d'une économie florissante, quartier d'affaires et de magouilles. Juste à côté, la favela, immense bidonville où survivent un peuple aux origines diverses. Entre les deux, du trafic, de drogue, de sexe, de dollars. Pour encadrer ce marché florissant, des gouvernements qui se succèdent. Lula, Dilma, Temer, et pour finir Bolsonaro. 2003 - 2018, une grande épopée brésilienne au cœur de São Paulo.
"La voiture s'arrête dans le coin le plus éloigné de cette aire de jeu bétonnée. Ils sont à peu près à la même altitude que le sommet de la colline de la favela. A peut-être un kilomètre et demi à l'est, à vol d'oiseau. Les cratères débutent là où s'arrête la route principale. Briques et poussière. Des néons clignotants de gargotes de restauration rapide. Ils surplombent tout le trafic automobile. Des nuages stagnent, lourds gonflés dans des cieux bleu sombre. A leur place, je ne bougerais pas non plus, se dit Leme. Personne n'a envie de faire grand-chose. Baisser les stores, se branler un coup et piquer un roupillon est à peu près tout ce qu'on peut envisager de faire dans une telle chaleur. L’ambition sous les tropiques."
Je suis au début ou à une fin, peu importe l'ordre comme le dit l'auteur ou l'éditeur, au cœur d'un grand Quartet, dans la lignée du L.A. de James Ellroy, voilà le São Paulo, version I ou version IV de Joe Thomas. Un roman, passionnant et riche, foisonnant de personnages, des types biens, flics dépassés par des crimes de haine, des femmes bonnes, aides sociales dépassées par les magouilles financières et autres pots-de-vins, jusqu'à l'exécrabilité en la personne de son dernier président, misogyne, homophobe et raciste pour ses principales qualités.
"Happy Hour : trois pintes de Heineken pour seulement trente-cinq réaux. Ou deux pintes de Paulaner au prix cassé de quarante-sept réaux. Des boissons qui sont des symboles de réussite sociale, destinées à une clientèle en pleine ascension, au goût sûr. Qui vit des jours heureux.
Lisboa commande une Heineken. L'envergure d'une vraie pinte, c'est tout de même autre chose. Parfois, une chopp ou une bouteille glacée avec son petit verre ne peuvent pas suffire.
En buvant sa première gorgée, il se demande, vu la taille des verres, comment les gens en Angleterre réussissent à travailler."
A São Paulo, je n'y suis pas pour danser la samba. A São Paulo, je n'y vais pas pour me prélasser sur la plage de Copacabana. A São Paulo, non, je ne rencontre pas la fille d'Ipanema. A São Paulo, j'observe les maux d'une société brésilienne florissante et en pleine expansion, autour d'une, mais là tu ne me crois pas, donc de plusieurs bières, fraîches et parfois glacées - peu importe la marque d'ailleurs. Un grand moment littéraire, qui demande certes du courage, certes de l'attention, mais d'une telle richesse que j'y étais, dans la place, favela fever. Saúde ! São Paulo !
"Brazilian Psycho", Joe Thomas.
Traduction : Jacques Collin.
Sur une masse critique,
Merci donc à Babelio et les éditions du Seuil Cadre Noir,
pour ces bières bues dans - et en dehors de - la favela de Sao Paulo...
"- Tu es belle, avais-je répondu avec le sourire maladroit de trop de bière."
Babelio devait me l'envoyer, je l'attends encore...
RépondreSupprimerDommage... parce que là c'est un peu tard... La maison d'édition a dû t'oublier, cela fait un mois que je l'ai reçu et j'ai vu plein d'autres qui l'avait déjà reçu également... Cela dit, pas pour remuer le couteau dans la plaie, mais un très bon bouquin...
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