"En me couchant, je pense que je n'aimerais pas mourir au milieu de la lecture d'un roman que j'aime."
A la découverte de métiers oubliés, tel dans un journal télévisé de 13 heures, je fais la rencontre de Violette, garde-barrière. Déjà Violette, c'est pas commun, mais garde-barrière encore moins. Dans un patelin de la France profonde entre les Ardennes la Lorraine et le Jura, c'est dire le trou perdu et pommé, peut-être une des dernières barrières non automatiques de la SNCF. Et vous voulez mon ressentiment : qu'est-ce que ça doit être chiant comme boulot, attendre toute la journée les trains qui passent devant chez soi, sortir 3 minutes avant pour descendre cette foutue barrière. Mais comme toute belle (ou chiante) chose à une fin, cette barrière sera enfin automatisée.
Je passe volontairement les étapes intermédiaires, mais Violette passa ainsi de garde-barrière à garde-cimetière en Bourgogne. Ne s'appelle-t-elle pas d’ailleurs Violette Toussaint. Et oui, là aussi, un taf pas des plus joyeux. Et pourtant, c'est au sein des fleurs du cimetière de Brancion-en-Chalon que Violette va apprendre à vivre, au milieu du noir, des morts et des peines. Changer l'eau des fleurs, arracher les mauvaises herbes, faire pousser des chrysanthèmes et guider les vivants sur les tombes de leurs proches, voilà donc son nouveau boulot. Se reconstruire.
"- Et vous ? Vous ne buvez pas ?
Je me sers une larme et trinque avec lui.
- C'est tout ce que vous buvez ?
- Je suis gardienne de cimetière, je ne bois que des larmes..."
Je me sers une larme et trinque avec lui.
- C'est tout ce que vous buvez ?
- Je suis gardienne de cimetière, je ne bois que des larmes..."
Si à chaque page de ce roman, je perçois de la tristesse, des mots l'âme des morts, l'âme d'un enfant mort, je ressens également beaucoup d'émotion, de bonté, de résilience. L'écriture est magnifique, une plume de deuil, et pourtant, c'est beau ! Un pur moment de poésie. J'ai été profondément ému par cette histoire, par l'humanité de Violette, par cette balade au milieu des tombes, des chats et des fleurs de Violette.
Touché, coulé, fané.
Des ténèbres à la lumière. Maintenant, je prendrais bien une larme, d'un truc plus fort.
"Violette, le lierre étouffe les arbres, n'oublie jamais de le tailler. Jamais. Dès que tes pensées t'amèneront vers les ténèbres, prends ton sécateur et taille dans la petite misère."
"Changer l'eau des Fleurs", Valérie Perrin.
"Puisque l'ombre gagne
Puisqu'il n'est pas de montagne
Au-delà des vents
plus haute que les marches de l'oubli
Puisqu'il faut apprendre
À défaut
de le comprendre
À rêver nos désirs et vivre des «ainsi soit-il»
Et
puisque tu penses
Comme une intime évidence
Que parfois même tout donner
n'est pas forcément suffire
Puisque c'est ailleurs
Qu' ira mieux battre
ton cœur
Et puisque nous t'aimons trop pour te retenir
Puisque tu
pars...
C’est cette chanson qui est la plus entendue pendant les
enterrements. A l'église et au cimetière."
Tiens, je suis surprise de trouver ce titre ici... j'ai un gros a priori le concernant (du genre de celui que j'ai aussi pour les titres de Grimaldi, Da Costa, Martin-Lugand et consorts, alors que j'admets n'avoir jamais tenté de les lire). A tort alors ?
RépondreSupprimerÀ tort, je ne sais pas, je ne suis jamais dans le jugement. Mais moi aussi, je suis surpris de trouver ce titre ici. Et le pire, c'est que je l'ai trouvé passionnant, ne le lâchant que pour me verser une nouvelle bière. Et ce roman m'a profondément ému et bouleversé. Je sais déjà que j'en lirai d'autres de cette auteure ne serait-ce pour savoir si c'est son histoire ou son écriture qui m'a transportée...
SupprimerCurieux que tu aies lu ce roman et plaisir en même temps. Tu es sorti de ta zone de confort :) j’ai adoré ce roman. Il te faut lire, dans la même verve, « Tout le bleu du ciel » j’ai beaucoup pleuré.
RépondreSupprimerPas si curieux que ça, c'est que j'aime bien pleurer seul dans mon coin. Tout le bleu du ciel, c'est pour bientôt, je voulais enchaîner ces deux gros pavés, mais finalement trop de larmes d'un coup, je vais espacer un peu ses deux lectures, ma misérable âme ne se remettrait pas d'un tel afflux d'eaux salées...
SupprimerMais de quand date ce livre ? Je me demande si ces métiers existent encore. Il y a quelques semaines j'ai dû chercher moi-même la tombe de... Gustave Courbet.
RépondreSupprimerJe pense que tu veux dire "mon ressenti" parce que ressentiment ne colle pas vraiment avec ton ressenti :-)
J'aimerais bien être de nouveau bouleversée par un livre. Je suis dans L'ombre du vent. C'est très bien, très bien écrit mais je ne suis pas bouleversifiée.
Il est bien beau le texte de JJ.
roman moderne, et de nos jours... Je pense que la SNCF a mis tout en œuvre pour les barrières automatisées, mais moi non plus, je ne savais pas qu'il existait des garde-cimetière. D'un autre côté, il me viendrait pas l'idée d'aller voir la tombe de Gustave Courbet. J'ai bien été voir celle de Jim Morrison, mais là pas besoin de guide, suffit de suivre l'odeur de l'herbe fraîche et de ses volutes...
SupprimerL'ombre du vent, pas lu... (j'ai vérifié). J'ai lu le tome 2, le jeu de l'ange, mais comme je ne me souviens jamais quel opus j'ai lu devant l'étal de la librairie ou des vide-grenierteurs (j'invente moi aussi des métiers), j'en suis resté là...
Et JJ, c'est du JJ, il savait faire de beaux textes...
Pour ma défense votre honneur je dirais qu'après avoir vu le village, la maison, le musée, la vie, l'œuvre de Gustave, j'ai voulu voir sa tombe dans le même village. Il y a une erreur de date qui a été conservée parce c'est écrit dans la calligraphie de l'époque. Tu dois connaître son tableau Le désespéré... mon préféré qui trône en bonne place chez moi entre une affiche de Elle et lui et une image de Melancholia.
RépondreSupprimerJe me souviens des gardiens de cimetière qui faisaient la gueule :-)
La tombe de ce pauvre Jim, quel foutoir !
D'un autre coté, je ne fréquente pas beaucoup de gardien(ne)s de cimetière. A tort peut-être...
Supprimer`Bonjour le Bison, qu'est-ce que j'ai aimé ce roman dans lequel j'ai hésité à me plonger. Il est long mais on dévore les pages. Mme Perrin est une très bonne conteuse. Bon dimanche.
RépondreSupprimerBon jeudi... Effectivement, un roman qui se dévore. J'ai les autres romans de l'auteure et je verrais s'ils se dévorent autant... En tout cas, Valérie Perrin est une belle conteuse...
SupprimerBelle critique. Ce livre a plu ou carrément déplu, moi il m'avait touchée et happée (écriture vraiment filmique)
RépondreSupprimerHappé, touché, il restera comme l'un de mes grands moments 2023 - oui j'ai toujours des années de retard sur le monde...
Supprimer;-)
Supprimer(Pas vu mon commentaire d'il y a presque 6 mois ? dommage ^^)
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