mercredi 2 août 2023

Une Béninoise à Cotonou


 Cotonou. L’air chaud. La sueur qui dégouline. Les pales d’un ventilateur fixé au plafond tournent au ralenti, comme un moteur de 404 passée d’âge et de kilomètres. La Béninoise est chaude, la bière, la femme. Là-bas, je rencontre un poète breton, Stéphane Néguirec de la banlieue de Guingamp. En avant, on se joint à une foule, à la tombée de la nuit, tombés d’éblouissement devant le corps de cette danseuse, Déborah Palmer. Un nom qui claque, un nom qui pipe, nom d’une fellation, quel corps de rêve, avec sa poitrine large et ferme, avec ce cul large et ferme, avec ce sourire large et bandant. D’ailleurs il n’y a qu’à voir la bosse dans le pantalon de tous ces messieurs, les yeux rivés sur la scène du Kama Sutra, l’échoppe sexuelle locale, la bouche ouverte et la chope à la main.

« A cinq pas, une petite gargote, avec un étal éclairé par des lampes blanchâtres, l'attira. Il se dirigea aussitôt vers la vendeuse. Au passage, une amazone au décolleté sauvage et aux lèvres fumantes de clope, lui décocha un sourire-invitation. Light ignora l'appel et alla s'asseoir sur un banc de la gargote. Une fillette, aussitôt, s'approcha de lui pour prendre commande.
- Riz au poulet.
- Boisson ?
- Coca.
Devant lui, la rue gagnait en animation. A 21 heures, les filles, comme des éphémères après la pluie, sortaient du néant et venaient se positionner sur le trottoir. Il y en avait pour tous les goûts et pour toutes les chaudes-pisses. »

Alors que la demoiselle, d’un noir luisant, se déhanche de gauche à droite, de bas en haut, je perçois de l’inquiétude dans l’œil illuminé de mon nouvel ami Stéphane Néguirec. Il sort d’une course poursuite, de folles envolées de latérites en moto-taxi, en bus et même en Peugeot. Tout ça pour une femme, une histoire de vol entre Porto-Novo et Cotonou, ah l’amour, c’est beau ces pulsions qui font cambrer des reins au creux de la nuit… Stéphane Néguirec est amoureux de la Béninoise, la femme, la bière. Me too. 

« Cotonou. L'air chaud. Les plaintes hâlées de la mer. Les rires contagieux des petites gens. Les rondeurs ovales de la Béninoise, en pagne ou en bouteille. Et les nuits brassées par les bruits des zomatchis, ces moto-taxis au ventre dégoulinant d'essence kpayo... »

Quel plaisir de repartir sur la poussière de Cotonou des années après. Boire des bières, regarder des femmes, s’enivrer de bières et de femmes tout en médisant sur d’autres femmes, méditant sur d’autres bières, avec toute la sagesse populaire africaine : un œuf dans la bouche vaut mieux qu’une poule dans le poulailler, le visiteur est un brouillard qui ne tarde pas à se dissiper, si le feu gagne la forêt, l’animal court vers la rivière, il faut avoir déjà traversé le fleuve pour dire que le crocodile a une sale gueule, lorsque la salive franchit la bouche, elle ne peut plus être avalée…  
  
« Mais à Cotonou, il y a un adage qui se vérifie toujours : "Quand la béninoise en bouteille ne vous enivre pas, c'est la Béninoise en pagne qui y parvient." »

« La Traque de la Musaraigne », Florent Couao-Zotti.



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