vendredi 22 septembre 2017

Après un verre de Chablis, une sodomie ?

Pas dans le cul aujourd'hui
j'ai mal
et puis j'aimerais d‘abord discuter un peu avec toi
car j'ai de l'estime pour ton intellect.

Ainsi commence ma lecture, par les vers de ce poème qui s’introduisent pernicieusement dans mon esprit. Dès les premières lignes, je suis accroché, l’instinct bestial que je ressens et pressens que cette lecture fera date, comme une rencontre entre la philosophie et mon sexe.

Une longue lettre de Jana Cerna à son homme, qui bouscule mon intimité, car elle sait me parler « philosophie » avec son parfum d’amour, de chatte et de foutre. Les mots sont crus, bandant même, mais quel plaisir incommensurable, j’ai eu à lire cette lettre. Sans aucune poussière de voyeurisme, les phrases s’échappent de la feuille de papier au doux grammage des éditions La Contre Allée et se transforment en images sensuelles dans ma tête. Je fais le vide, respire, débouche une bouteille. Bruit du jeu du bouchon et du tire-bouchon, je me sers un verre. Continuer la lecture, prendre ce plaisir, une main tenant le verre, l’autre main…

« Tu écris dans une de tes lettres que ton travail philosophique, tu l’as fait dans les cafés, auprès de ma chatte, dans le désespoir, le cynisme et la bassesse, mais sûrement pas dans les bibliothèques. »


Philosopher avec un verre à la main, ou ma langue sur ta chatte, c’est plutôt mon truc, effectivement. Peut-être même est-ce comme cela que la philosophie doit être conçue. La dépoussiérer, la rendre moins austère. Pas sûr que j’y comprenne mieux, mais sûr que j’y serai plus attentif. Sûr que j’y trouverai plus de plaisir. La vie sous un autre jour, la philosophie de la chatte.

Une lettre sur l’absence.
Une lettre sur le désir.
Une lettre sur « lâche-toi ! ».
Une lettre sur la liberté.
Une lettre sensuelle, érotique, pornographique. Je la relirai à l’occasion. La magie opérera de nouveau. Parce que la lettre va bien au-delà des mots. Elle affirme le droit à la femme, le droit à la passion, le droit à la vie tout simplement en toute liberté au-delà des impressions et des préjugés.   
« S’il te plait, c’est quoi, cette bêtise, pourquoi n’es-tu pas là ? Qu’est-ce que c’est cette connerie ? Que je ne puisse pas t’embrasser, que je ne puisse pas m’étendre près de toi, te caresser, t’exciter et m’exciter par toi, que je ne puisse pas te sucer jusqu’à l’orgasme et te sentir entre mes jambes et rire ensuite avec toi parce que ta barbe empeste au point de donner une érection au contrôleur du tram qui poinçonnera ton billet ? Que je ne puisse pas livrer tout mon corps à ta dévastation à commencer par mes nichons et ma chatte et jusqu’à mon cul, pour que tu les baises et rebaises, et puis te forcer, de ma langue artistement plongée dans ton cul, à balancer ta sauce, le visage tordue par le spasme ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas te sentir en moi, presque immobile dans une tendresse poignante, érotique au point d’être sentimentale, que je ne peux pas coincer ta queue entre mes nichons et les essuyer ensuite toute fière, pleins de sperme visqueux ? Pourquoi sacredieu n’ai-je pas ta langue dans ma chatte alors que c’est mon plus ardent désir… »
Sacredieu, le bonheur n’est pas dans le pré mais dans les rues de Prague. Il s’affiche ostensiblement dans la crudité de ces mots, une manière en soi d’effacer un peu la distance qui sépare ces deux amants. Comme l’exutoire d’une passion débordante en attendant des jours où ces deux–là se retrouveront.

Une question s’impose : pourquoi a-t-on pensé à moi, pour me faire cette découverte, en tout bien tout honneur ? Mais quelle belle découverte, probablement ma première incursion dans la littérature tchèque, première introduction dans la féminité de Jana Cerna. Merci, Noctenbule.
« Pourquoi est-ce que je ne peux pas te pomper et faire passer ton sperme de ma bouche jusqu’à la tienne, pour te faire avaler et que tu t’engoues de son goût pénétrant qui me reste toujours sur la langue longtemps après, si bien que toutes les bouffes ont la saveur de ta queue et quand je mange une tartine de pain, ça a le goût du foutre ? »
J'aime. J'adore. 
Je bande. J'éjacule.

Pas dans le cul aujourd’hui ?
Mais après un verre de Chablis, une sodomie…

« Pas dans le cul aujourd’hui », Jana Cerna

17 commentaires:

  1. Tu me fais rire avec ton chablis ;-)
    On pourrait croire que c'est un récit pornographique alors qu'il est tout autre. Un très beau récit, une très belle plume, très poétique. je le lirai bien tien ! Zut j'ai envoyé ce livre dans les Charente si je ne me trompe !

    Euh ... tu me sers un Chablis .... ptdrrrrrr .....
    Je lol :-D

    Une chouffe suffira ;-) ^^

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  2. Oh la vache quel titre ! Ça laisse de la place à l'imagination... après une pression ? après un gin ? après un mezcal ? Bon en fait j'ai pas tant d'imagination que ça alors je vais rester sagement à la vodka même si ça rime à rien.

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    1. C'est vrai que cela rime avec Chablis, et puis et puis c'est tout...
      et puis avec aussi le raki... Mais ça j'en ai pas...

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  3. Ce fut le premier livre que j'ai critiqué sur mon blog... Superbe lettre ! (Goran : http://deslivresetdesfilms.com)

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    1. Tu vois, j'étais persuadé de l'avoir lu aussi sur ton blog... J'ai cherché, mais je ne l'ai plus retrouvé... Superbe lettre...

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  4. Moi, j'y connais rien en chablis ! Par contre... ^^

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    1. Faut bien s'y connaître quelque part... Chacun son domaine de compétence...

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  5. Ils sont séparés mais ils vont se retrouver parce que oui franchement, "s'il te plait c'est quoi cette bêtise"... ?

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  6. je crois que je vais commencer par le Chablis. Et je finirai par te "mettre" dans ma prochaine revue de Caphys

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    1. Avec le Chablis commence toujours une certaine sensation d'extase et de jouissance...

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  7. J'ai adoré ! J'aime beaucoup le titre mais il est malheureusement trop choquant pour bien des culs-serrés (forcément^^) et au final il dessert grandement ce livre tellement puissant.

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    1. De toute façon, si tu as le cul serré, tu n'apprécieras pas cette lettre... Alors, moi, je trouve que ce titre joue beaucoup dans son attirance, et que de l'attirance, j'en viens à la jouissance d'une putain de belle lettre...

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  8. Une rencontre entre la philosophie et ton sexe... ishhh
    Puis sodomie ça rime aussi avec hostie...

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    1. Hostie ! point de sacrement avec la sodomie ! c'est trop sacré !

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