vendredi 20 juillet 2018

Spirit of St Louis

Un été 1927 à découvrir. Une année riche, formidable, épique. Une année folle composée de légendes et de drames, des hommes et des triomphes. Commençons par le plus grand évènement du siècle dernier ou presque puisque à l’époque l’homme n’avait pas encore marché sur la lune, mais n’avait pas non plus traversé l’Atlantique en avion. C’est de ce point de départ, et en guise de fil rouge que Lindberg va traverser l’océan pour la première fois, en solitaire qui plus est, dans un avion façonné presque de bric et de broc, sans compas, ni la voix érotique d’un GPS ou celle d’un copilote grincheux. Respect et admiration de la foule. Le Spirit of St Louis a décollé de New-York pour atterrir quelques jours plus tard à l’aéroport du Bourget. Clameur de la foule, la population se déplace en masse pour découvrir ce nouvel héros et le célébrer tel un… champion du monde… Grande parade, immense émotion, les gens en pleurs et en cri.

Mais le soccer n’est pas encore implanté – et ne le sera probablement jamais dans ces terres-là. Non, là-bas, les dieux du sport, sont les joueurs de Baseball. Que de matchs épiques racontés par l’auteur, comme de souvenirs de jeunesse, bien qu’il ne soit pas assez vieux pour les connaître. Mais le sport se raconte de génération en génération et les héros tel que Lou Gehrig et surtout son coéquipier Babe Ruth révolutionnèrent ce sport avec leurs frappes dingues et des records de Home-run. Oui, tu n’y connais rien au Base-ball, tu n’as jamais vu un match de ta vie, pourtant, avec la plume de l’auteur tu ressens cette sueur dans le gant, les frissons des spectateurs manquant de s’étouffer avec leurs hot-dogs, la balle qui vrille grâce au crachat du lanceur…

La boxe aussi entame sa révolution. Avec des cogneurs, des Blancs et des Noirs. Là aussi, j’ai le droit à la description de combats épiques, des gouttes de sang blanc qui se mêle à la sueur noire, le Ku Klux Klan perd son principal responsable pour une malheureuse affaire de violence sexuelle et s’effondre dans les sondages de popularité. Même si les temps changent, le doute subsiste, des périodes sombres se profilent, amis allemands, les noirs savent où sont leur place… quoique, finalement, les temps ou les mentalités mettent un certain temps à évoluer…

Dans deux ans, il y aura la grande crise. Celle de 29, comme un précurseur à celle des subprimes. Quand je disais que le temps ne change rien à la vie, à la douleur, au désespoir. Et puis avec cette crise, il y a la chute de l’épopée de la Ford-T, toute une époque, une révolution industrielle. En fait, la richesse de ce livre ne se compte pas avec son pesant de pages, plus de 600 tout de même, ce qui en fait un livre assez lourd à porter, nettement plus lourd que le Roadbook de Lindberg dans son Spirit of St Louis… Les aspects économiques, politiques, climatiques, culturels et sportives y sont abordés. Al Capone aussi, qui remercia tant la prohibition de lui accroitre un tel pouvoir sur ses concitoyens, l’avènement de la mafia. Et ma bouteille de Jack Daniel’s dont la jauge arrive sur ses derniers centilitres, voilà ce qui arrive à partager involontairement une lecture – et une masse critique – avec l’ami du folk reprenant à sa guitare et à sa manière des airs de Louis Armstrong (si, si, cela doit être possible).

1927, une année folle.   


Le déclin moral se manifestait partout, même sur les pistes de danse. Le tango, le shimmy et le charleston, avec leurs pulsations insistantes et leurs battements de bras, évoquaient une frénésie sexuelle que bien des anciens trouvaient alarmante. Il existait une danse populaire encore plus épouvantable, le black bottom, qui se caractérisait par de petits sauts d'avant en arrière et des claques sur le postérieur - un geste d'une scandaleuse désinvolture visant une partie du corps dont beaucoup eussent préféré ignorer l'existence. Même la valse hésitation recelait une part de sensualité qui en faisait l'équivalent de préliminaires amoureux. Mais le pire de tout, c'était le jazz, souvent considéré comme un tremplin vers la drogue et le libertinage. " Le jazz fait-il un péché de la syncope ?" demandait un article du Ladies' Home Journal. Réponse : Et comment ! Un éditorial de New York American le décrivait comme "une musique pathologique provoquant irritation nerveuse et excitation sexuelle".


« L’été où tout arriva », Bill Bryson.

Merci donc à Babelio et
aux  éditions Payot-Rivages pour cette nouvelle masse critique et cette confiance renouvelée, 
une traversée littéraire de l'année 1927 en compagnie de Charles Lindberg, et tant d'autres.



En 1927, 
commença également le pharaonique chantier 
du Mont Rushmore 
avec la tête des cinq plus grands présidents des États-Unis :
 Ritchie Blackmore, Roger Glover, Jon Lord, Ian Gillian et Ian Paice…



6 commentaires:

  1. Anticipation. L'été 2018 resta célèbre pour une lecture commune involontaire mais bien venue avec mon ami Le Bison. Eté qui nous vit nous régaler tous deux de ce beau récit. Et puis ce cher Buffalo, qui doit être membre d'honneur de Deep Purple, m'apprit que le Mont Rushmore n'était pas que le point d'orgue de La mort aux trousses. Je lève mon verre, cher ami des plaines. C'est du Jazz Daniels.:D

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    1. Tu as raison de lever ton verre, parce que ma bouteille, elle est vide maintenant...

      Au Mont Rushmore, se croisent deux catégories de personnes, les cinéphiles et les vieux hardos...

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  2. Une couverture joliment vintage...
    Beau billet !! :-)

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    1. Pas l'habitude de lire ce genre de récits... mais là, j'ai pris un sacré envol. Que du plaisir à lire, j'ai d'ailleurs dans ma pal encartonné un vrai "roman" de Bill Bryson à lire...

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  3. Réponses
    1. Tu dis ça, sur le moment... mais une fois entamé la lecture de ce dernier, tu es happé par le vol de Lindberg, cette année folle et la musicalité des événements...

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