mardi 23 octobre 2018

Falaises, bis

Se promener le soir à la fraîcheur de la lune.
Regarder le rivage à la lueur des étoiles.
Reconnaître ce chemin sous les cieux,
Sente aux mille senteurs nocturnes.
Se souvenir de ces âmes errantes, et…
Plonger du haut de cette falaise.

Entendre le cœur battre, un peu,
Puis s’effacer discrètement, ou fracassement, face à cette putain de vie,
Vie sans envie, voix sans sourire
Harmoniques du désespoir,
J’erre seul sur cette voie dans le noir,
Sombres comme mes pensées.

Se retrouver au Japon, forêts de cryptomérias,
Des moines bouddhistes récitant leurs sutras.
Voyeur, je regarde cette toison brune gémir de plaisir,
L’esprit geisha qui m’habite. Elle me prend la main.
Envieux, j’imagine ces promeneurs se tenir la main…
Avant de plonger dans le vide.   

« Je les regarde baiser dans la nuit devenue fraîche, je les regarde jusqu'au bout, aimantée, fascinée. J'ignore ce qui me retient ainsi. Je crois que je trouve ça beau. Quand elle gémit on dirait qu'elle a mal, on ne sait pas si elle souffre ou elle jouit, elle ne bouge presque pas, seul son visage se crispe, se plisse et se détend par spasmes. Il se dégage de leur étreinte quelque chose d'incroyablement lumineux, tendu et net. On croirait une danse. »



Prendre une bouteille de whisky
Se servir un verre, les pieds flottant dans le vide
La solitude des derniers instants.
Les reflets de la lune flottant sur cet océan apaisé et apaisant
D’une lueur aussi bleue profonde que celle de la profondeur de l’âme de la lune
Ouvrir les yeux et sentir le vent s’engouffrer dedans.

Cela fait quelques temps que j’ai pris ce roman,
Fidèle dans les histoires d’Olivier Adam,
Je plonge immédiatement dans la mélancolie sombre de ces vies
Je plonge dans les bouteilles de whisky aux sombres héros de la mer
Une mer qui m’emporte ou me déchiquette.
Vie amère. Amen sans rédemption.

« Je poursuis jusqu'aux sables gris, la mer absorbe toute la lumière, se déploie lisse et brillante, sereine et sans blessure. J'aimerais me fondre en elle, la laisser couler en moi, j'aimerais tant en être capable, sentir en moi le sang ralentir et battre sans accroc. Je pense aux forêts, aux rivières, au temple, à ses jardins imperturbables, à son vieux pin, au camphrier frissonnant à la moindre brise, je pense à la lumière dans les branches, à la transparence de l'eau ruisselant sur mes poignets, à la douceur de la mousse au pied des arbres, couvrant leurs racines brunes, au balancement des fougères. »

« Falaises » bis, le cœur aimanté par cette fascination du vide
Se dire que la vie ne vaut qu’un pas,
Un pas de danse sous la lune lumineuse qu’un nuage pervers cache
Pour te masquer l’étendue vide de ta vie.
Sarah, Nathan et Natsume des souvenirs qui ne s’oublient,
Des êtres qui ont une histoire, qui sont marqués par une histoire.
J’y repense souvent à ce roman, j’y pense souvent à ces falaises.
Est-ce que j’ai été voir s’il y avait au bout du chemin des falaises ?
Trop tentant, comme de plonger dans ce roman sombre.


« Le Cœur Régulier », Olivier Adam.



10 commentaires:

  1. Il est toujours désespérément triste, désespéré même Olivier Adam. Mais quelle écriture somptueuse.

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    1. Oui, désespérément belle...
      Rien sur E.S.T. ? J'y trouve la même ampleur - une énergie et un rythme plus fougueux - que Keith Jarrett... Une mélodie somptueuse, désespérément mélancolique quand elle veut...

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  2. « Falaises » et « Le coeur régulier » sont dans ma PAL alors forcément après ton billet j’ai envie de plonger de la falaise et de viser la lune

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    1. La lune fut pour moi inaccessible. Sous sa lueur bleue, la falaise donc plus tentante.

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  3. Il est dans ma PAL et mériterait bien d'en sortir !
    Elle est bien belle cette musique...

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    1. Je reconnais bien le mélomane passionné... Une musique magnifique, un pianiste entré dans la légende, et son décès qui gardera au fond de moi ces notes mélancoliques...

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    2. "Mélomane passionné", ça c'est tout moi oui, ou pas ! ^^

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    3. Tous ces concerts à Barbezieux ont fait de toi la grenouille musicale que tu es :-)

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  4. Le coeur... poète :-)
    A lire encore, et à voir (peut-être)

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    1. Pas vu le film qui en a été tiré... Mais à (re)lire encore, certainement...

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