Quand le sommeil fuit mon paysage nocturne, je m’enfuis dans la littérature. Cheminée éteinte, tabarnak fait frette ici, genre j’ai oublié une fenêtre ouverte et le vent s’engouffre à m’en tourner plus rapidement les pages de mon bouquin, senteur d’érable. Roman québécois donc, ce qui doit expliquer le grand froid qui règne dans cette cabane. En revanche la parlure me réchauffe, elle est enjouée même si je ne comprends pas tout. Peu importe, cela doit faire partie d’un rite initiatique d’immersion dans un monde où il parle comme nous sans parler comme nous. Et heureusement encore que je lis moins vite qu’ils ne parlent dans cette lointaine contrée…
« A l'épicerie, dans la rangée huit, une petite dame bloque le passage avec son énorme chariot qui couvre à peine la largeur de son impressionnant derrière. Qu'elle m'empêche de circuler est une chose, plutôt normal même, vu les pyramides précaires d'articles en tout genre entassés dans le milieu de l'allée, mais qu'elle ne s'en rende pas compte et ne fasse même pas semblant d'essayer de se pousser un peu me tue. Son visage est crispé dans une moue de dédain apparemment provoquée par l'insatisfaction que lui inspire la lecture des ingrédients des produits sans exception. Elle les attrape un à un, les tourne dans tous les sens, s'attarde à tous les petits pourcentages de gras, de sucre, de sel et ne semble jamais trouvé là son bonheur ou quelque chose qui satisfasse son désir de se faire du bien. Son pouce et son index pincent sa bouche aux commissures pâteuses et viennent se rejoindre au centre de sa lèvre inférieure après avoir râclé les peaux mortes, les croutes séchées d'un rouge à lèvres à moitié effacé dans les teintes de mauve. Des traces tenaces d'un mauvais vin rouge bu la veille, peut-être. Par réflexe, fort de cette seule trace probablement mal interprétée, mon cerveau la transforme en une vieille alcoolique pas fine, facile à détester. Je m'avance en me traînant les pieds, pour faire du bruit, mais elle ne bouge pas. Sourde en plus. J'ai besoin d'aller tout droit, d'atteindre la section des desserts maison, pour ramasser trois tartes aux pets-de-soeur de la boulangerie Bouchard de L'Isle-aux-Coudres. [...] Une personne qui dort à peu près normalement se résigne sans regimber à changer de rangée pour éviter le problème. Je n'en suis pas. En passant près d'elle, en la frôlant sans délicatesse, dans ma tête je lui crie de toutes mes forces : "Mange de la laitue bio, crisse !" J'ai une voix intérieure qui porte, elle bouge, se dirige vers l'allée des légumes. Je me rends jusqu'au bout de la rangée, prends mes tartes, les paie et sors, sans détruire quoi que ce soit, sans tuer personne. Je suis parfois capable d'un contrôle absolument épatant. »
J’ose à peine sortir la graine au vent de ma cabane enneigée, de peur d’effrayer la tite Josée venue se balader dans mon coin suite à ses longues insomnies, mouvements perpétuels de l’esprit qui tourne en boucle surtout la nuit. Josée, dans ces moments-là, elle discute avec son père, rien de bien anormal me diras-tu sauf que son père est décédé même s’il erre encore les rivages de sa vie. C’est que ses pensées tournent trop vite dans sa tête, comme une vis qu’on enfonce dans le crâne et tourne indéfiniment, inlassablement, infatigablement…
Et à force de ne pas dormir, ça explose un jour, petit accès de colère là où elle enseigne. Elle a besoin de repos, de calme, de sucer la tire et de retrouver un sens à sa vie, surtout nocturne. Moi, je prendrais bien une bière de Chambly dans ces moments d’insomnie, une de ces bières éphémères qui s’évaporent du verre même quand la température descend sous le zéro. Chacun son truc. Pas sûr que la tite Josée soit de mon avis, quoique… Ça n’a jamais fait de mal une broue la nuit… Ça serait mon conseil. Josée, elle, trouve le réconfort plutôt auprès de ses voisins, de son frère et de sa belle-sœur aux quatre enfants, de sa mère qui veut toujours lui faire des rideaux et qui lit Margaret Atwood dans son club de lecture, et surtout son père dont la présence serait une réponse à ce syndrome de la vis…
Ce que j’aime dans les romans de Marie-Renée Lavoie, outre son vocabulaire parlé qui me fait la sensation d’être sur place, le cul dans la neige avec ma broue, ce sont ses histoires simples mais emplies d’une profonde humanité, le regard toujours porté sur les autres et ses voisins en particulier. Ça doit faire un bien fou, que de regarder la lune bleue par une nuit d’insomnie, et de sentir le frisson de la nuit froide pour ne pas devenir fou, pendant que cette vis tourne tourne tourne encore et toujours dans la tête. Crisse de calisse, fait péter une autre tite frette… oh pis, toe, donne-moi de suite le six-pack, ça évitera de relever ton cul de la peau de bête…
Merci. Un livre Trop cute.
Un tabarnak d'anniversaire comme on dit chez moé et
une bonne fête comme on dit chez toé.
Un tabarnak d'anniversaire comme on dit chez moé et
une bonne fête comme on dit chez toé.
« Le Syndrome de la Vis », Marie-Renée Lavoie.
« - Je traverse à l'île pour voir descendre les glaces.
- Quelle île ?
- Haïti. La mer a gelé la semaine passée.
- ...
- C'est une blague. L'île d’Orléans. A la pointe Sainte-Petronille.
C'est le temps parfait.
- Y fait pas un peu noir ?
- Non, la lune est presque pleine, y'a pas de nuages.
Le canard m'apparait mal choisi pour décrire le froid qui nous pénètre les os à la pointe de l'île ; j'irais pour quelque chose de plus mordant, comme le brochet ou la mouche à chevreuil. A la pointe de l'île, la mer noire charrie des monstres de glace à tête lumineuse qui foncent sur nous et dévient au dernier instant de chaque côté. Je bouge la main pour faire comme si c'était moi qui décidais, façon Moïse. Les blocs semblent flotter au dessus d'une mer acide qui gruge leurs corps.
Ma fascination pour la mer glacée est à moitié faite de terreur : il suffirait de s'y laisser tomber pour mourir en quelques petites minutes.
Nageur ou pas. Bouée ou pas. La mer glaciale ne fait pas de quartier, elle mange les corps crus. »
Et comme je t’ai alléché avec le titre, il va falloir que je te donne la fameuse recette des bonbons aux patates (j’te jure, les québécois ont parfois de drôles d’idées) :
Ingrédients :
- 1 pomme de terre (pas cher ça pousse dans la terre, attention faut pas qu’elle soit gelée, la terre et la patate)
- Sucre en poudre (beaucoup, genre très gros paquet)
- Beurre de cacahouète (avec générosité)
Préparation :
Tu fais bouillir une patate. Tu la piles à fond. Tu peux même la piétiner si t’as pas les pieds qui puent.
Tu ajoutes le sucre en poudre – ou glace (et pas la peine de sortir le sucre de ton igloo) pour en faire une pâte. Tu vas me dire pourquoi autant de sucre ? et je te réponds que c’est une question physico-chimique, c’est en fait pour absorber toute l’humidité…
Tu étales la pâte, genre un rectangle.
Tu tartines généreusement de beurre de cacahouète et tu la roules comme un gâteau roulé ou un joint.
Un coup au frigo ou dehors s’il fait bien frette – gare quand même au grizzly qui rôde. Puis tu découpes une rondelle, comme un serial-killer le ferait. Et voilà… une vodka pour accompagner, et tu as la saveur d’antan… De toe à moe c'est aussi simple que de décapsuler une frette...
Bonne fête Nad !!!!!
RépondreSupprimerEt un tabarnak de bon bouquin on dirait pour cette fête !!!!!
Et une tabarnak de bonne recette tirée d'un tabarnak de bon bouqin !!!!!
Et un tabarnak de beau billet écrit par un tarnark de Bison imbibé d'une tabarnak d'unibroue !!!!!
Et le commentaire le plus tabarnakesque pour une tabarnak de fête pour ma tabarnak de chum de nana !!!!!
Signé : TabarmanUk !!!!!
<3<3<3<3<3
TabarmanUk ! Ça en jette un max... Le commentaire le plus tabarnakesque, ça en jette encore plus sur mon humble site...
SupprimerLes vapeurs d'Unibroue me sont montées à la tête, je ne vois que ça... Tu sais bien que je ne supporte que le lait-fraise...
Supprimeret... t'as donc testé la recette ??!
RépondreSupprimerpas encore, mais j'y compte bien...
Supprimer:-))
SupprimerViens t'en icitte qu'on se craque des bonbons aux patates en s'enfilant quelques tites frettes unibrouesques face à la Blue Moon le cul sur une peau de grizzly ^^ ^^ ^^
RépondreSupprimerTabarnak! :-*
"elle est enjouée même si je ne comprends pas tout" ptdrrrrrrrrrrrrrrrrr
Tu sais, je peux t'offrir des cours de québécois avec le débit et tout. T'auras qu'à m'apporter ma frette en jeans de poils de castor pis à pelleter la neige dans l'entrée... pour une fois !!!! ^^
Gros becs xx merci pour tout mon Bison <3
C'est que j'ai jamais été doué pour les langues étrangères... J'ai pas l'oreille musicale pour comprendre...
SupprimerPelleter la neige ? Ni pense même pas... J'attends que la voisine y sorte dans son mini-short...