Prendre le RER, le froid t’étripe, le périphérique s’éloigne derrière toi, le paysage se grisaille. Des barres de béton, couleur gris sale, gris sombre, gris pénombre. And the sky is grey, California Dreamin’ mais « C'est pas Hollywood, ici, c'est la Seine-Saint-Denis. » et le 93 n’a rien pour faire rêver, violence dans la rue, drogue à tous les étages, tournantes dans les caves. L’univers est glauque et pesant. Des gyrophares tournoient dans la nuit, des cordons de sécurité étirent un périmètre, la police scientifique se vêt d’une combinaison blanche. Un premier cadavre, un black sans couilles. Mais il reviendra du monde des morts. Un second mort, combustion spontanée de l’âme et de la chair. Étonnante entrée en matière, Coste, un vieux flic qui a fait toutes ses gammes dans cette banlieue, est chargé de l’affaire. Première entrée en matière d’une PJ à suivre sur plusieurs épisodes, comme dans une série télévisée. Normal… Olivier Norek est aussi à l’origine de la sixième saison de la série « Engrenages ». Ce « Code 93 » a les mêmes codes.
Au milieu de ces sombres histoires de morts et de sauvagerie barbare, je perçois quelques notes de poésie. Certes, il faut bien les chercher, mais la poésie permet de tenir le coup, sous une pluie de coups, coup dur pour les survivants, les autres, les morts jonchent sur une table métallique de la légiste ou s’enterrent dans le carré des inconnu(e)s sans nom connu. « Faire l’amour, c’est offrir son corps et son esprit. » Voilà une phrase qui me parle mais qui veut de mon esprit ? Coste voit un de ses fidèles lieutenants quittés les lieux, trop pourrissants pour vivre décemment. Une nouvelle venue, un peu de féminité dans l’équipe ne va pas nuire à l’histoire. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, le passé a ses cadavres qui vont resurgir de dossiers enterrés ou oubliés.
Très classique dans sa construction, dans ses thèmes, dans son ambiance, pourtant je suis activement le déroulement de l’enquête, ses méandres nauséabondes dans la luxure bourgeoise et politicienne. De quoi en faire une version cinématographique ou le décliner en série télé d’une chaine payante. Ce « Code 93 » c’est un polar en béton armé. Solide et sans espoir, une terre d’abandon à l’heure du Grand Paris où l’ultra barbarie de l’âme humaine côtoie la tristesse d’une âme. « La tristesse c'est personnel, ça ne se partage pas. » Voilà une autre phrase qui me parle...
« Code 93 », Olivier Norek.
« Il est de coutume que lorsque deux flics font connaissance,
l'un comme l'autre,
déroulent leur parcours,
comme deux chiens se sentent le cul. »
Joli contraste entre le triste et la noirceur du livre et les lumières du jazz de Truffaz et des paroles d'Oxmo Puccino.
RépondreSupprimerErik Truffaz me sort de l'ombre et apporte sa lumière... et toutes ses collaborations sont souvent intéressantes et magiques...
SupprimerJolie trompette aussi.
RépondreSupprimerLe complément du verbe dire c'est merci :-)
Je note ce livre. Un polar en béton armé ça me parle.
Il a tous les codes cinématographiques pour être adaptés...
SupprimerQuand à la trompette... elle me transporte souvent, celle-là...
Bonjour le Bison, j'ai tellement aimé que j'ai lu les suivants qui ne m'ont pas déçue non plus. Bonne journée.
RépondreSupprimerJe ne dirais pas non à la suite. Parce que même si c'est simple et sans réelle surprise, cela reste une lecture pleine de plaisir (malsain) comme lorsqu'on se pose dans un fauteuil au coin d'une cheminée, un verre de scotch pour entretenir la flamme...
SupprimerDeux citations... aux antipodes ! Da,s les deux cas, tout dépend de l'offre et de la demande ^^
RépondreSupprimerAlors que 'Faire l'amour, c'est offrir sa tristesse'... cela ne fonctionne pas bien....
SupprimerLa poésie du silence est la plus belle. La plus belle des musiques... Même dans un monde de brute. Surtout dans un monde de brutes...
RépondreSupprimerUne belle musique, le silence...
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