« Après ma cinquième bière,
je me sens ragaillardi. A la neuvième, rassasié comme un poulet
grillé et pimenté servi dans du papier journal puis d'une sole
braisée dépiautée de mes mains, ça va mieux. A la douze ou
treizième, je me mets à rire quand une averse soudaine nous chicote
tous et qu'on se retrouve serrés sous un auvent.
A la je ne sais plus combientième,
je me trouve en discussion avec une serveuse en short. Elle s'appelle
Pascaline et ses seins débordent de partout. Son nombril et ses
hanches ne sont pas mal non plus.
A trois heures et demie du matin,
après avoir bu et rebu, Silué siffle la fin de la récréation et
décide de me rapatrier en Zone 4. »
Zone 4. Un nom qui évoque
nostalgie et décadence à tous les amoureux de l'Afrique. Lieu des
plaisirs nocturnes, du bruit et de la musique, des femmes – des
jeunes filles – aux seins lourds et au cul bien ferme.
Zone 4. Une chaleur torride sur
le dancefloor. Devant moi, des culs qui frétillent, des seins qui
sautent et jonglent sous des tee-shirts mouillés de sueur et d'émoi,
des sourires qui éblouissent, des jambes longues et noires luisant
sous les stroboscopes... et des shorts mini mini mini.
La Zone 4, c'est un quartier
d'Abidjan, bien connu des expatriés français qui s'abandonnent...
Là-bas, la famille est mise entre parenthèse, oubliée même, le
temps de boire chaque soir, jusqu'au bout de la nuit, des dizaines de
Flag. Ô putain, ce que ce bouquin m'a donné soif d'une Flag,
combien d'années n'en ai-je pas bu... Aaaahhh, cette Zone 4
se sont des souvenirs qui me reviennent en flash-back. J'étais
jeune, j'avais un pompon sur la tête et je buvais des bières dans
un de ces fauteuils confortables où il fait bon s'assoupir en
attendant la fin de la nuit, le début du jour... Mais c'était aussi
un autre temps, une époque où le couvre-feu n'existait pas encore,
où les français « dérangeaient » un peu moins...
« - N'aie pas peur, petit
blanc ! Je vais bien te faire l'amour. »
Zone 4 est un roman, premier
roman même d'Eric Bohème – j'en profite donc pour le remercier
chaleureusement de m'avoir proposé d'en faire sa chronique à ma
façon – qui m'a fait un bien fou. Cela pourrait être un roman
glauque et qui dérange. Mais non. Il dérange certes, avec ces expat' grisonnant qui baisent des filles du même âge que les leurs... mais il est
aussi mélancolie et tendresse. Très réaliste de la situation,
l'auteur connaît son affaire, partageant sa vie entre la France et
la Côte d'Ivoire – il est notamment membre de l'AECI (Association
des Écrivains de Côte d'Ivoire). Entre coups d'état et coup
d'éclats, moment de bohème et de luxure, beauté noire et bière
rafraîchissante, je perçois la sensualité chaude de ces sorties
nocturnes, j'aime cette sueur aigre qui coule entre les seins,
j'écarte ces cuisses qui s'ouvrent uniquement pour mon plaisir
lubrique de petit blanc, le sexe épilé qui brille presque dans la
pénombre de cette chambre d’hôtel. Plaisir avoué et inavouable.
« Alors, au moment où nous ne
sommes plus chiens et pas encore loups, nous humons l’odeur de
l'autre monde. Celui qui s'éveille au vrombissement des grosses
voitures dans lesquelles on s'engouffre, des sonos à fond, des rires
à n'en plus finir, du bruit des glaçons qui s'entrechoquent dans
les verres. Celui où les serveuses deviennent biches, les barmaids
panthères, les hôtesses girafes. Celui où toutes les femmes sont
belles et où tous les laids sont drôles. Le monde des regards
complices échangés au travers des bouteilles qui scintillent, celui
des billets CFA qui filent si vite sans qu'on en ait peine. Monde,
enfin, des filles aux dents étincelantes, aux œillades assassines,
aux roulés de hanches torrides, aux frôlements faussement innocents
et aux caresses incandescentes. »
Zone 4, c'est mon Afrique, mon
Abidjan, mon plaisir, mon abandon, ma soif...
« Zone 4 »,
Eric Bohème.
Avec une couverture pareille, il était fait pour toi ce livre !! ;)
RépondreSupprimerElle est top cette couverture !! Elle montre juste ce qu'il faut, point trop pour laisser place au suspense et à l'imagination :-)
SupprimerJ’ai pensé la même chose rien qu’en regardant la couverture !
Supprimer:D
Homme faible ! ;-)
Rooohhh ca va je sors ! Mdr
Je me souviens d'une réplique exemplaire de Depardieu dans Fort Saganne à qui on proposait de très jeunes filles pour assouvir le repos du guerrier en plein Sahara :
RépondreSupprimer"Je ne suis pas ici pour passer mes nerfs sur des petites filles".
Alors non, des blancs libidineux face aux hanches torrides... non.
Un saint, ce Gérard !
SupprimerJe viens d'aller lire sur cet écrivain, tu avais piqué ma curiosité... voilà un homme qui connaît son sujet, et de près. L'Afrique m'a toujours passionnée. À travers son regard j'aimerais le découvrir un jour.
RépondreSupprimerCe livre-ci ou un autre. Car les livres qui allient la mélancolie et la tendresse à l'authencité des lieux, j'aime ça. Autant qu'une frette quand y fait frette, c'est pas plate pantoute... :D
un livre pas plate tantoute. Malgré son sujet, j'ai adoré... Et même par 20° la nuit, il arrive de faire frette... c'est la magie des lieux...
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