« La neige escomptait les contours de la plage, lui donnant des airs d’aquarelle. Elle avait coiffé le sable, les galets, et drapé la jetée. Sous la neige, le paysage devenait à lui seul un conte. Ses paillettes immaculées arrondissaient les angles et gommaient les différences, propageant une beauté douce et rassurante. Le silence ouaté transformait les cris en murmure et le vent en musique. »
Le tableau est idyllique, de la neige, belle et silencieuse, celle du Grand Nord à peine foulée. Le froid qui bleuit les doigts, même celui des cadavres. L’air frais de la Suède, et de belles suédoises pour faire frémir le caleçon. Mais oublions, le temps d’un roman, ces saunas où mon état vaporeux se prélasse dans une fantasmagorie des plus libidineuses. Car la réalité est nettement plus sanguine. Cruelle même, affreuse, abjecte. Une vision d’horreur.
Petite revue en détail de l’équipe, Emily Roy, la profileuse qui semble partager sa vie entre Londres et cette région suédoise, Alexis Castells, écrivaine spécialisée dans les crimes en série, le commissaire Bergström et son équipe aux noms bien suédois, et la jeune Aliénor Lindbergh, autiste Asperger qui complète l’équipe de ses incroyables connaissances… Ça en fait du monde à suivre, pour un troisième épisode pour qui n’a pas lu les précédents. C’est d’ailleurs mon seul reproche, cette difficulté à intégrer l’équipe et à comprendre leur rôle respectif, n’ayant pas abordé auparavant les précédents opus.
Revenons à Aliénor qui en plein de mois de décembre, voit son père et sa mère poignardés à plusieurs reprises, langues coupées post-mortem, pantalons baissés. Sa grande sœur a subi le même sort dans sa propre chambre. Pause, je vais aller poser une gerbe.
« Cette putain de dictature, quand même ! On n'aura jamais fini de laver le sang qu'a fait couler Franco. Et ce putain de pacte du silence... Gauche comme droite, à poser des couches de béton sur les cadavres, à oublier les crimes de guerre, alors qu'il aurait fallu creuser, punir, réparer. Et pas seulement le pays, mais toute notre histoire, tout notre héritage. On n'a pas eu notre Nuremberg, nous, ici ; Franco est mort en serrant la main de Juan Carlos. Le roi est mort. Vive le roi. »
Entre ces cadavres suédois sur fond de neige et de PMA, se mêlent des chapitres concernant les orphelinats espagnols du temps de Franco, humiliations et tortures, pour ces enfants, enfants d’opposants et de traitres au régime bien nommé. Bien sûr, tu t’en doutes, un lien restera à faire entre ces deux ambiances, mais la partie espagnole montre bien l’horreur des dictatures. Pause, je vais aller poser une gerbe. En souvenir. D’ailleurs, à propos de souvenir, il y a eu plusieurs langues coupées ces derniers temps, un tueur en série ou un boucher…
Le rythme de l’épisode est soutenu, peu de temps morts, le temps du polar nordique est bien maîtrisé. Pas le temps de s’ennuyer entre deux verres ou deux chapitres, courts comme de bons shots réchauffant d’aquavit. Bon sur ce, moi, je vais aller me faire mousser, une petite blonde dans un sauna m’attend, une brune mousseuse y dévoile ses arômes.
« Sång », Johana Gustawsson.
Sur une masse critique,
poésie du free-jazz et de la drogue ;
Merci donc à Babelio et les éditions Bragelonne.
Merci donc à Babelio et les éditions Bragelonne.
« Olofsson déposa trois Falcon sur un coin de la table de conférence et avala une goulée de sa bière avant de s’asseoir.
Boire sa mousseuse au bureau, dans cette pièce aux murs badigeonnés de sang et de larmes à force d’y étaler la mort, rendait cette première gorgée bien plus savoureuse. Voire plus glorieuse qu’une coupe de champagne. D’autant que le champagne, ce n’était pas son truc. Sa couleur faiblarde, sans caractère, était censée être chic et avoir de l’allure, mais il n’aimait pas ses bulles piquantes qui frétillaient la langue comme une fille excitée. Tandis que la bière… ah, la bière… Authentique et moins prétentieuse, elle roulait en bouche avec franchise ; et le seul fait de tenir la chope le comblait. »
Boire sa mousseuse au bureau, dans cette pièce aux murs badigeonnés de sang et de larmes à force d’y étaler la mort, rendait cette première gorgée bien plus savoureuse. Voire plus glorieuse qu’une coupe de champagne. D’autant que le champagne, ce n’était pas son truc. Sa couleur faiblarde, sans caractère, était censée être chic et avoir de l’allure, mais il n’aimait pas ses bulles piquantes qui frétillaient la langue comme une fille excitée. Tandis que la bière… ah, la bière… Authentique et moins prétentieuse, elle roulait en bouche avec franchise ; et le seul fait de tenir la chope le comblait. »
Un petit séjour en Suède s'impose...
RépondreSupprimerAh oui, je pense que tu aimerais. Mais si tu prends ton visa, je te conseille de commencer par son premier, Block 46. Je pense que du coup, tu apprécierais mieux la suite...
SupprimerÇa a lair saignant à souhait.
RépondreSupprimerIls ont quoi les suédois avec les crimes affreux ?
Ils essaient de s'occuper lorsque la nuit est tombée... et vue qu'en hiver, elle tombe assez tôt...
SupprimerDu rhum brun ! des filles blondes !! C'est pas l'inverse que tu kiffes d'habitude ?
RépondreSupprimerBah... Je kiffe tous les rhums, bruns ou blonds... :-)
SupprimerCrisse, ils sont forts les scandinaves en polar!
RépondreSupprimerElle est douceur cette neige, cette blancheur, une langue coupée sur ses cristaux. Et quelques blondes le majeur en émoi dans un sauna avec la sueur qui coule entre leurs Joes...
C’est beau le Grand Nord, les grands froids qui titillent mon âme...
Elles ont le cul à l’air les suédoises dans tout ce frette? Ou elles ont des minis en poils de rennes en rut...
Mince l'auteure n'a pas pensé à parler des minis des suédoises ni même de leurs culs dans la neige ou dans le sauna. A croire que ce ne l'intéresse pas... (pourtant qui ne serait pas intéresser par de grandes blondes suédoises, la majeur en émoi dans la chaleur d'un sauna).
SupprimerEt petit aparté, Johana Gustawsson n'est suédoise que par nom (enfin celui de son mari), l'auteure étant bien française... Mais elle se fond totalement dans le polar scandinave...