Cela
fait longtemps que je ne t’ai pas ressorti l’histoire du pick-up poussiéreux
que je gare aux abords d’un bar tout aussi poussiéreux. C’est presque par
hasard que j’ai roulé jusqu’à Central City, Texas, guidé par le vent, emporté
par la poussière. Forcément, j’y entre, dans cet antre miteux, au risque de le
voir s’effondrer sur moi et ainsi me transformer en poussière. Forcément j’y
commande un verre de bière, un shot de whisky. Forcément, je regarde la
serveuse pulpeuse qui roule du cul – bien mieux que mon pick-up d’ailleurs –
entre les tables poussiéreuses et enfumées – oui, c’était encore l’époque où
l’on pouvait encore fumer et caresser la croupe de la serveuse, sans que
personne ne s’en offusque.
« Ici, au pays du pétrole, on trouve pas mal
de maisons semblables à celle des Branch. Dans le temps, c'étaient des ranches
ou des fermes ; mais des puits de pétrole ont été forés autour, parfois même
jusque sur le seuil, et tout le voisinage s'est transformé en un cloaque de
pétrole, d'eau sulfureuse et de boue rougeâtre cuite et recuite par le soleil.
L'herbe est morte. Les sources et les ruisseaux ont disparu, mais les maisons
sont restées, noires et abandonnées au milieu d'un fouillis de sauges, de
tournesols et de sorgho. »
Il y a quelques années, Lou a commis un meurtre,
son frère a plongé pour lui, il est mort depuis. Lou veut se venger, une putain
à ses côtés. Mais son plan n’est pas sans accroc, et surtout il ne se déroule
pas comme il l’avait imaginé. La faute à pas de chance, probablement. Mais de là, se réveille l’assassin qui est en lui… A noter que si j’ai entrepris cette
lecture, du renommé Jim Thompson, c’est aussi parce que la version
cinématographique de Michael Winterbottom
avec Casey Affleck m’avait marqué. Une
très belle adaptation d’un roman que l’on retrouve sous le titre - suivant les
traductions – Le démon dans ma peau
ou L’assassin qui est en moi. The
Killer inside me (1952) est un polar sombre, d’époque.
« Elle n'était pas grande, guère plus d'un
mètre cinquante et quelques, cinquante kilos tout habillée et un peu maigriote
au cou et aux chevilles. Mais c'était très bien. Elle me parut formidable. Le
bon Dieu avait su coller la chair juste là où il en fallait et où ça ferait le
plus d'effet. »
Les
verres vides, je sors du bar, les yeux vides de vie et de désir, le regard porté sur la poussière de ma vie. Même la putain
derrière moi n’y peut plus rien. Le temps de démarrer ce vieux pick-up, qu’elle
s’installe dans la cabine. Prochaine destination, poupée ? Où tu veux mon
chou, j’ai plusieurs vies à oublier.
« Le Démon dans ma peau », Jim Thompson.
Traduction : France-Marie Watkins
Jamais vu le film. Jamais lu le livre.Mais starring Jim et Hank je suis partant. Ne me manque que le pick-up.
RépondreSupprimerLe livre a un peu vieilli, du moins l'écriture, je trouve... Mais le film est à voir, surtout toi, plus ferru des productions indépendantes que des blockbusters...
SupprimerAh quel film, quelle musique, quel Casey !!!
RépondreSupprimerLe livre vaut le film ?
Difficile à dire pour le livre. J'ai vu d'excellentes critiques. Moi, je suis plus mitigé, mais ce n'est que mon point de vue, et peut-être dû aussi à mon manque d'expérience dans ces vieux polars...
SupprimerMais le film, oui, il était magnifique... Ah Casey... si j'étais pas un vieux bison...
Pas lu le livre mais j'avais beaucoup aimé le film !
RépondreSupprimerUn grand film méconnu...
SupprimerTasses-toé les fesses que j’embarque dans ton pick-up plein d’poussière, et n’oublies pas la binouze dans le coffre. Je m’occupe de mettre ma mini avant de pousser les portes de ce bar douteux fréquenté par les Casey de ce monde, les bad boys me font courber l’échine. Tabarnak!
RépondreSupprimerPoupée pfffffffffffff ^^
SupprimerMerci. Merci. Merci.
RépondreSupprimerNe me dis pas que tu as croisé le regard pénétrant de Casey, un verre de vin à la main ?
SupprimerSiiiiiiiiiiiiiiiiiii.
RépondreSupprimerEt sa voix de canard, j'adore !
coin-coin...
SupprimerJe termine 1275 âmes de ce bon vieux Jim. Je me suis régalée. A lire si tu as vu Coup de torchon car j'ai lu le livre avec la voix de Philippe Noiret dans l'oreille et c'est un +.
RépondreSupprimerUn nouveau sérial killer, nihiliste et amoral. Un régal.
Je connais de réputation l'œuvre de ces 1275 âmes (titre qui de mémoire en VO gagne quelques habitants de plus). Et je vois très bien Philippe Noiret dans le film...
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