Ma
première approche, très caricaturale, remonte aux années 89-90, la rencontre
avec Raymond Babbit. Ray compte les cartes, « pouvoir » très
intéressant sur une table de blackjack, et ça, Tom Cruise a bien perçu le
potentiel de son nouveau frangin. Rain Man, le syndrome du savant, à l’époque
associé à cette époque-là au syndrome d’Asperger. Une minuscule facette de
cette « vie » qui a eu au moins le mérite d’évoquer au grand public la
notion d’autisme.
Daniel
Tammet a ce même profil, capable de te citer les plusieurs milliers de
décimales qui composent le nombre pi. Moi, je n’en connais que 5, je sais c’est
minable. Mais avant tout, dans ce bouquin, il montre sa vie, ses difficultés,
surtout pour son entourage, et ses joies, ses amours. En fait, il vit avec ce
syndrome comme une personne lambda, comme toi comme moi, il voit simplement les
choses de façon différente, une association de couleur, des mots bleus, de la
chaleur ou des idées qui s’associent. Très intéressante, cette perception du
monde, pour comprendre comment son cerveau fonctionne.
« Aujourd’hui,
au moment même d’écrire sur mon enfance, je suis frappé par tout ce que mes
parents ont fait alors que je ne leur donnais pas grand-chose en retour. Les
écouter me raconter mon enfance a été une expérience magique pour moi, qui m’a
fait comprendre, rétrospectivement, l’importance du rôle qu’ils ont joué dans
la constitution de la personne que je suis devenue. En proie à tous les problèmes
que je leur posais, mes pleurs, mes colères, ils m’ont aimé sans conditions, se
sacrifiant pour m’aider – petit à petit, jour après jour. Ils sont mes
héros. »
Daniel
revient sur son enfance, cette période scolaire incomprise où il parle aux arbres
comme d’autres froisseraient les feuilles des arbres pour sentir ce crissement
entre les doigts. Il est différent, il s’en est rendu compte rapidement, mais
il a pu vivre, devenir quelqu’un de bien, de grand, capable de voyager seul, de
vivre des aventures, malgré les craintes de ses proches, et surtout d’aimer. Ce
fut donc une belle rencontre à la découverte des autres.
Il
y a quelques mois, j’ai croisé un autre gars, un jeune ado avec ce syndrome
d’Asperger. En quelques minutes, il m’a déjà fortement impressionné. Quelle
vie, quelle pétillance, quelle éducation, quel regard… En quelques minutes, il
m’a appris des trucs sur la vie, sans même probablement qu’il ne s’en rende
compte, parce qu’il était simplement lui. Bien sûr, qu’est-ce qu’un aperçu de quelques
minutes dans une vie, et j’imagine que les dispositions ne sont pas toujours
faciles, mais quel amour ce gars-là, j’avais envie de lui serrer la pince, mec,
si tu l’acceptes de la part d’un pauvre bison, tu m’as grandi, petit
(d’ailleurs, il est aussi grand que moi), dans ma triste réalité.
« Je
préférais marcher dans le silence, dans les longues rues vides éclairées par la
lune. »
Je
me permets même un train d’humour, l’auteur n’en manquant pas non plus, en me
disant qu’au fond de moi, je dois avoir aussi un côté autiste, seul dans mon
monde, à écouter les silences, à regarder les cailloux au bord du chemin ou le
bleu de la lune sans en comprendre ses mystères cachés.
« Étais-je seulement quelqu’un qu’on pouvait
aimer ? Je n’en savais rien. »
« Je suis né un jour bleu », Daniel Tammet.
Traduction : Nils C. Ahl.
« il y a vingt-sept
personnes dans une pièce et chacune serre la main aux autres.
Combien y a-t-il
de poignées de main ? »
Vous
avez 12 minutes 20, je relève les copies.
Le gars, il te donne la réponse en quelques poussières de secondes
351 ?
RépondreSupprimerQuand je lisais cet exercice, j fermais les yeux et imaginais deux hommes dans une grande bulle, puis une moitié de bulle coincée dans le flanc de cette première bulle, avec une troisième personne dedans. Le couple de la grande bulle se serrait la main puis serrait celle du troisième homme de la moitié de la bulle. Cela signifiait trois poignées de main pour trois personnes. Puis j'imaginais une deuxième moitié de bulle avec une quatrième personne... et trois pages après = 351 poignées de main.
SupprimerRéponse Correcte ! :-) avec toutes mes félicitations...
Je préfère le bleu au rose, et largement ;)
RépondreSupprimerEt puis, il n'y a que Tammet qui me ferait aimer les maths !! Pourtant, son autobio est franchement littéraire.
S'il suffisait de quelques minutes pour savoir "comprendre" l'autre et l'accepter dans sa différence, ça se saurait depuis longtemps, et le monde tournerait bien (!)
Mon ado à moi (encore que d'1m75) aimait, en effet, le bruit du froissement des feuilles mortes dans ses mains, regarder pendant des heures le reflet de son ombre sur le sable mouillé... (c'est pourquoi j'aime tant les paroles des premiers couplets de "Ton héritage" de Benjamin Biolay)
PS : sinon, je pense que tu es mûr pour "Thinking in numbers" de D. Tammet(titre très mal traduit en français : La poésie des nombres).
Excuse-moi d'avoir été encore trop bavarde. L'émotion que m'a procurée ton billete et les souvenirs prégnants de cette lecture !!
bavarde... ça comble juste la longueur de mes silences...
Supprimer* et excuse pour les fautes...
RépondreSupprimer** et merci pour Jean-Sébastien :))
RépondreSupprimerGlenn Gould me semblait une illustration si évidente de ce bouquin... Et qui dit Gould dit Bach, l'un ne va pas sans l'autre...
SupprimerTout pour me plaire ce livre...
RépondreSupprimerpourquoi pas effectivement. C'est une autobiographie intéressante pour comprendre un peu le mécanisme de l'auteur...
SupprimerMoi aussi je connais 5 décimales de Pi. Je ne suis donc pas autiste, CQFD.
RépondreSupprimerGlenn Gould❤
:-)
SupprimerCependant... tu sembles bien comprendre le raisonnement mathématique. Donc...
Il me reste aussi le carré de l'hypoténuse grâce... au sketche de Guy bedos :
RépondreSupprimerLe carré de l'hypoténuse
Est égal
Si je ne m'abuse
A la somme des carrés
Des deux autres côtés...
Si je ne mabuse.
J'adore.
Tu n'abuses pas...
SupprimerQuel livre ! Je l'ai adoré, tout simplement.
RépondreSupprimerJe l'ai lu à sa sortie et relu avec mes garçons il y a quelques temps. Un regard bleu et juste sur l'autisme, la différence, et quelle pétillance comme tu le dis si bien...
Je pourrais même le relire une troisième fois un jour. Pour la beauté de ce jeune garçon...
Et revoir Rain Man encore et encore. Un sujet qui me touche, forcément.
Excellent choix de bière pour accompagner ta lecture :D
Et Bach, mon chouchou...
Je ne connaissais pas... Je n'en avais même jamais entendu parler. C'est dire que je reste coincé dans ma bulle, à l'écart des autres, du monde, de la vie...
SupprimerRain Man, je ne l'ai pas revu depuis les années 90... Je me dis qu'il n'a pas du bien vieillir... Je sais pas si j'ai même envie de le revoir. Pourtant, fan je suis de Dustin et de Tom...
La bière... bof... c'est pas mon meilleur morceau. Je trouvais qu'elle allait bien avec le bouquin. Mais gustativement, ce fut pas le délire... bien au contraire... sans intérêt...
Et Bach...