mardi 15 juin 2021

Un Quasi-Crime

 les chroniques transat 

Le COURAGE

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« Vous qui tenez ce livre dans vos mains, que savez-vous de moi ? Que je suis une femme qui a subi un viol ? Une femme qui a le courage de tenir une conférence de presse ? Une femme qui ose parler de viol sans fermer les boutons de son chemisier jusqu’au cou ? »

 


Une question de survie et une question de courage. Le courage d’affronter les autres, le courage de se présenter en victime dans un pays aux mœurs encore fermés, le courage d’écrire son trouble, ses erreurs, sa vie. Victime d’un viol, d’une relation sexuelle non consentante, comment en est-elle arrivée là ? Shiori Ito se repasse les évènements de la veille, mais rien, l’obscurité totale, comme dans une boite noire. Mais d’ailleurs, pourquoi se présente-t-elle ainsi, à moi, lecteur lambda d’un autre pays ? Pour me parler de son viol, de son pays, d’autres femmes à qui cela pourrait survenir. Pour faire changer les choses aussi.

 

Sais-tu qu’au Japon, ce crime est rarement dénoncé, c’est ainsi qu’il faut en décrypter les maigres statistiques sur le sujet. Mais sais-tu aussi que dans ce pays où le soleil se lève tôt, il y a deux notions, le viol et le quasi-viol. Et la distinction ferait hérisser les poils de chacun. 

 

« Je savais que ce que je venais de vivre était une relation sexuelle non consentie, mais je ne réalisais pas encore qu’il s’agissait d’un viol. Si on y réfléchit, cela saute aux yeux. Mais pour moi, un viol était une agression brutale perpétrée par un inconnu. Quelque part, je ne voulais pas admettre que ce que je venais de vivre était un viol. »

 

Pourtant tu as l’habitude de boire, tu n’es pas la dernière à trinquer et tu tiens bien l’alcool. Accompagnée de sushis, la soirée se présentait bien dans cette modeste izakaya. Qu’est-ce donc qu’un ou deux, même trois, flacons de saké… Alors que s’est-il passé dans cette chambre d’hôtel. D’ailleurs, pourquoi t’es-tu réveillée dans cette chambre d’hôtel, le trou noir. La boite noire…

 

Un long parcours se dessine alors pour la journaliste-auteure. Elle veut faire reconnaître son crime, elle veut des excuses, mais dans ce pays la voie des femmes n’a guère de poids face à l’institution judiciaire, et même populaire. Il est difficile de se dresser contre l’une et l’autre et surtout contre le biographe attitré du premier ministre en exercice. Mais le courage l’amène à avancer, coute que coute, malgré le regard des autres, même si par moment elle aurait préféré tout abandonner, ne serait-ce que pour épargner cette histoire à sa famille. Mais voilà, dans les moments de doutes, elle voie sa petite sœur et là, le courage et la détermination reprennent force, pour qu’elle ne soit pas un jour dans ce même rôle de « victime ». Elle est là pour témoigner, sans larmes, sans pitié, juste pour faire bouger, changer, ouvrir, les codes, les mentalités, les lois. Et moi je suis là pour partager en silence ce non-silence, ce cri dans un pays que j’aime tant.

 

« Il faut que je parle. Il n’y a pas d’autre voie. Mon travail est de témoigner. Me taire, c’est tolérer le crime qui a été commis. »

 

« La Boîte Noire », Shiori Ito.

Traduction : Jean-Christophe Helary et Aline Koza.

Dans une boite noire, 
Soleil sombre et Chimay embrumée, 
 les chroniques transat  
de Nadine, de Nadège...


6 commentaires:

  1. Tu es dans ta période nipponne. Je te conseillerais donc de voir La mère et Hospitalité.
    J'aime bien (façon de parler) la notion subtile de quasi viol. Ils sont trop délicats ces japonais :-)

    C'est beau Joe qui joue.
    Quand j'étais au lycée j'avais un correspondant Japonais, Yasuhiro Zadaïchi. Je ne suis jamais allée au Japon. J'aimerais tant. Je l'ai googlisé (pas le Japon, mais Yasu)... RIEN. Je connais même encore son adresse par cœur à Yokohama.

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    1. Je suis toujours entre deux périodes nippones. Elles ne me lâchent pas côté littérature.
      Malheureusement, la notion de quasi-viol n'a rien de délicat, mais limite plus abject dans sa définition.

      Hospitalité, je ne connais pas mais de Koji Fukada (oui, j'ai regardé avant, je ne connais pas tout le cinéma japonais), j'avais beaucoup aimé (et donc vu) "Harmonium" et L'infirmière.

      La mère, j'imagine de Mikio Naruse (oui, là j'ai encore plus fait appel à Google), je ne connais pas du tout... Comme beaucoup dans ma culture cinématographique, je suis plus dans le contemporain (et donc à partir du Dersou Ouzala de Kurosawa, les 7 samouraïs étant une exception)

      Tu en as de la chance - et de te souvenir - de ton correspondant lycéen. Je n'ai pu visiter que Tokyo - et ses alentours, mais oui j'aimerai bien y retourner, là ou ailleurs, probablement ailleurs, sous la poussière...

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  2. Je ne connais pas la littérature jap.

    J'ai vu aussi Harmonium et L'infirmière. Celui-ci est aussi surprenant.

    Je ne connaissais pas Naruse mais j'aimerais voir Nuages épars.

    Tu as plus de chance que moi. Aller à Tokyo.
    Moi je connais Pékin, pas le même folkore.

    Sous la poussière... rrrro.

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    1. Il y a dans la littérature japonaise, une certaine retenue comme pour les films, de la sensibilité... mais aussi il peut y avoir du trash, de la violence, comme dans toute société, le tout est de savoir trouver sa poésie.

      Aller à Pékin, c'est déjà et aussi un sacré folklore (même si, je garde beaucoup moins d'attrait pour la Chine que pour le Japon, parce qu'au moins au Japon il y a du bon whisky et le mont Fuji)

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  3. AUCUNE CLASSE, NON, JE N'AI AUCUNE CLASSE!!!!!!!! Crisse!!! Je n'avais pas vu ce billet sur un Transat!!!
    C'est honteux!!!!!
    Il était temps que je délaisse quelque temps le lac et les moustiques...
    Non, aucune classe PANTOUTE! Aussi si peu de classe qu'un quasi-viol dont la signification me donne déjà froid dans le dos en plus d'une forte envie de hurler.
    Le lien est maintenant amarrée en terre québécoise.
    Un Saké ça te dirait?

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    1. Du tout... Les filles de McGill sont forcément d'une grande classe, en plus d'être chaudes et hot hot hot...

      Un saké, pourquoi pas... mais c'est que j'ai l'habitude de boire mon saké avec une geisha ou avec un écrivain japonais comme Dany...

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