Il y a Nico et moi, sa grande sœur. Nico c’est mon petit frère. Et au-dessous ou à côté ou ailleurs, si l’on veut faire des liens généalogiques, maman et notre père. C’est donc plus l’histoire entre Nico et notre « père ». C’est plus d’ailleurs une histoire d’ambiance pseudo-familiale, de liens rompus, et d’atmosphère étouffante voir oppressante. Nico a d’ailleurs fugué. Une nouvelle fois, devrais-je dire. C’est pas que c’est une habitude, mais c’est pas la première fois non plus. Que dire de plus, d’ailleurs.
« J'aimais l'idée de m'enfermer dans la salle de bains, de me recroqueviller au fond de la baignoire, sous le mitigeur dernier cri, mais j'avais peur de ne plus pouvoir en sortir, incapable d'ouvrir la porte qui me séparait de mon père, incapable d'articuler les quelques mots nécessaires au bon déroulement du week-end. »
Nico. Une enfance meurtrie par un père autoritaire et maltraitant. Nico. Avec ses frêles épaules et son esprit rebelle. Il subit les remontrances et les châtiments, sans rien dire, par fierté même. Une façon de se forger une carapace. De s’endurcir. De se muscler intérieurement. Vu de l’extérieur, c’est aussi un moyen de s’isoler et de s’échapper de ce carcan familial. Je parle de notre père mais dois-je mentionner dans l’histoire notre mère… Je pense qu’il lui en veut également. Médecin généraliste, elle s’occupe de ses patients avant tout, et surtout. Du coup, elle s’est mise à l’écart de notre famille, et par moment, je me demande si elle ne nous prend pas plus comme des patients plutôt que ses enfants. Elle a abandonné sa vie de couple. Elle a jeté l’éponge sur ses enfants aussi. Du moins, c’est mon sentiment.
« Ma mère assistait à la dérive de Nico, sans s'alarmer. Elle ne voyait pas qu'il érigeait un mur derrière lequel il s'isolait. Elle butait chaque jour contre les fortifications mais ne tentait pas de les abattre. Elle se cognait inlassablement, elle était pleine de bleus. Mais ces bleus semblaient indolores, elle ne s'en plaignait pas. Devenait-elle insensible ? Elle ne pouvait aborder Nico de face, lui parler dans les yeux, elle n'obtenait rien, aucune réponse, aucun indice, il ne faisait plus signe. Elle essaya de le prendre de biais, fit des détours, emprunta des chemins escarpés. Mais Nico refusait de voir les efforts de ma mère, comme s'ils arrivaient trop tard. Le mal était déjà fait, Nico était inaccessible. »
Nico. On s’imagine déjà comment cela va finir. Mal. Ce genre d’histoire finit toujours mal. C’est presque une loi, une sentence irrémédiable. C’est une famille en dérive qui forcément fait des dégâts. Le seul moment où les enfants peuvent souffler, c’est chez les grands-parents. Mais là aussi tout a une fin. Chaque instant de la vie de Nico pèse son lot de souvenirs et de brimades. L’impuissance d’une vie. Et ce ne sont pas de simples affichettes "Porté Disparu", comme l'on fait pour les chats, sur le plexiglas des abribus qui vont le faire revenir.
« Nico », Brigitte Giraud.
Hubert Félix... j'ai l'impression d'être totalement passée à côté et chaque fois que je l'entends... waouououh !!! Mais bon j'ai tout Léo Ferré ici et je l'ai vu en concert et c'était : DEMENT !
RépondreSupprimerBon ton livre... moi et l'enfance maltraitée, j'ai du mal. Et pourtant j'écoute chaque jour en podcasts les Affaires sensibles de Fabrice Drouelle. Hier c'était l'histoire de Gipsy Rose Blanchard, une histoire de dingue que si elle était pas vraie on dirait que le scénariste a poussé le bouchon un peu loin. Le syndrome de Munchausen par procuration c'est choupinou.
HFT fait partie de ses personnes que je ne suivais pas réellement plus jeune, mais avec le temps (il m'en a fallu aussi du temps) j'ai pris plaisir (et donc le temps) de le découvrir. Ses derniers albums, ses derniers lives sont des enchantements musicaux... DEMENT même :-)
Supprimer