samedi 10 décembre 2022

Un Goût dans la Bouche


J’ai comme un goût dans la bouche. Qui reste. Nauséeux. Je bois, je bois, je bois pour faire passer ce goût devenu ferreux. Bains de bouche à la Listerine. Mais rien n’y fait, ce goût semble indélébile, il ne s’efface pas de ma bouche, de ma tête. Je passe le visage sous l’eau, enlever tout ce sang au bord de ma bouche. Je reprends ma route, croise celle de Maren, seize ans, qui fuit aussi son « anomalie ». 

Elle est pareil, de la même veine, du même sang dirai-je de mon esprit cynique. Laissée par sa mère, qui n’arrive plus à s’occuper d’elle, à la protéger, elle traverse les Etats-Unis à la recherche de son père qu’elle n’a jamais connu. Comprendre pourquoi. Pourquoi il est parti. Pourquoi elle est comme ça. Pourquoi je bois de la Listerine.

Comme quoi, me diras-tu. A la recherche de normalité dans cette société-là. Elle n’est pas « normale ». Mais elle découvre qu’elle n’est pas seule. Sur sa route, subitement livrée à elle-même, elle monte dans des pick-up, elle rencontre des gens qui sont comme elle. Des gens qui bouffent d’autres gens. Chacun ses motivations. Ceux qui mangent les vieux, ceux qui dévorent les personnes malades ou en fin de vie, ceux qui bouffent les méchants… Et elle. Son premier festin, sa baby-sitter… Et puis des camarades de classe ou de camp d’été…


Mais du coup que faire des os... Au fait, tu es plutôt team foie ou plutôt team tripes ?… Par contre, si tu te sens l’âme d’un vegan, change de pick-up ou change de route, ça va saigner sur le chemin, cannibales qu’il y a à chaque croisement… 
« Bones and All », une publicité littéraire pour la Listerine.

« Il a longuement regardé la gravure que j'avais trouvée dans un livre de bibliothèque intitulé Légendes étranges et merveilleuses de l'Ecosse. La légende disait ceci : "L'officier de police découvre le repaire de Sawney Beane et de son clan de cannibales." Il y avait des ossements empilés dans les recoins de la grotte, des membres suspendus au plafond, des dizaines de visages ricanants émergeant de l'obscurité, et une marmite surveillée par une vieille sorcière à la denture acérée qui reflétait les flammes ; sans doute était-elle la femme de Sawney. Devant l'entrée de la grotte se tenaient plusieurs hommes en uniforme, horrifiés par ce qu'ils avaient sous les yeux - le résultat de décennie de massacres innommables. »

Et si l’envie t’en prends, bien mal te prend, de prendre la route, embarque dans le pick-up, direction N'importe où ou « N’importe quoi » au choix mais sur la route du cinéma
 

« Bones and All », Camille DeAngelis.
Traduction : Anne-Sylvie Homassel.


Sur une masse critique, 
Merci donc à Babelio et les éditions Albin Michel,
pour ce carpaccio sanguin.






4 commentaires:

  1. Mais il est comment le livre ? Aussi tarte que le film ? Ou seulement une pub pour la Listerine. En tout cas j'ai repris une bonne dose de Ian Curtis. Cette chanson, cette voix !!! Merci pour le lien.

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    1. Baah... Comment dire... C'est clairement un livre pour jeune ado, alors je manque pas mal de repère sur ce genre de littérature.
      Mais, du coup, si tu le demandes, sur un plan purement personnel, je n'ai pas été très emballé par cette lecture, trop de raccourci dans l'histoire, des trucs qui arrivent là comme ça, tellement gros qu'on s'en doute déjà à l'avance...
      Et du coup, pas vu le film, vu ce que tu en pensais, et vu le peu de temps qu'il est resté dans mes salles. Une semaine, puis c'est tout...

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  2. Oui c'est ton avis purement personnel qui m'intéresse. Je pense que le film est peut-être aussi fait pour les ados en manque de sensations fortes et de Timothee. Mais apparemment il n'a attiré personne.

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