Tout commence par un silence. Moteur éteint, il regarde dans le viseur de son arme. Un truc qui a attiré son attention. Un vautour vole au-dessus en faisant des ronds dans le ciel. Un silence de morts. Au pluriel, les morts, quatre pick-up en plein désert, et encore plus de cadavres. Sous un soleil de plomb et une terre de poussière, ce pays a toujours soif de sang.
« Détourne pas les yeux. Je veux que tu me regardes.
Il regarde Chigurh. Il regarde le jour nouveau qui commence tout autour à pâlir. Chigurh lui tire une balle en plein front puis reste là à regarder. A regarder les capillaires exploser dans ses yeux. La lumière qui recule. A regarder sa propre image se dissoudre dans ce monde en perdition. »
Une histoire de drogue qui a mal tourné, regarde autour, tu trouveras le magot. Suivre l’odeur de l’argent. Et hop une mallette remplie de billets. Que faire, dans ce désert, dans ce silence, avec tous ces morts autour de soi. Embarque la mallette et rentre chez toi…Invite ta femme au diner, double steaks and bacon et bières à flot.
« Un silence de mort. Peut-être à cause de la lune. Son ombre une escorte plus encombrante qu’il ne le voudrait. Cette sale impression que ça lui fait d’être ici. Un intrus. Parmi les morts. »
Mais voilà, je vais faire une connerie, j’en suis sûr, alors j’y retourne le lendemain sur les lieux de ce carnage. Je le sais, une évidence, pourtant j’y suis attiré par ce silence, comme je le serais par une brune sur un comptoir. Et c’est donc là que les emmerdes sérieuses commencent. Une chasse à l’homme d’une incroyable violence, les corps continuent de s’effondrer dans cette poussière. Fait original, un trou entre les deux yeux mais aucune trace de balle… Intéressant… Sauf pour le shérif de ce bled… un type trop vieux pour ces conneries, un type fatigué qui pense que ce pays n’est plus fait pour lui..
Le roman de Cormac McCarthy, comme l’excellent film des frères Coen, possède un côté je-ne-sais-quoi de mystique, dans la violence presque incompréhensible d’un tel pays. Une violence gratuite que rien ni personne ne saurait arrêter, c’est ça le monde dans lequel nous vivons, un monde de sang et de poussière, une terre qui a soif de sang, pendant que moi j’ai tout simplement soif. Deux bières…
« No Country for Old Men », Cormac McCarthy.
Traduction : François Hirsch.
Ce monde est une abomination, Cormac et les Coen le racontent admirablement.
RépondreSupprimerAaaaah Llewelyn...
Oh une adepte de Cormac ?
SupprimerPas lu mais vu le film. De ton avis et Gov't Mule je prends volontiers. Et j'adore le song de l'orgue.
RépondreSupprimerÀ lire tout de même, même avec le film, même avec Gov'T Mule, même (surtout) avec une bière...
SupprimerBonne idée ce second morceau de Gov't Mule. Quel guitariste, je vais devenir fan !
RépondreSupprimerIl faudrait peut-être que je relise No country ... J'avais été déçu ... en comparaison avec les autres McCarthy. Pas mon Cormac préféré, pas mon Coen préféré, mais bon Cormac et les Coen quand même ...
Il est vrai que, bien que très bon, ce No country for old men, et pour avoir lu récemment son "Méridien de sang", ce dernier lui est bien supérieur, en lyrisme, en poésie, en violence aussi. Méridien est clairement au-dessus, s'il fallait comparé les deux...
SupprimerBien content de voir que sur la couverture du livre figure le livre français( alors que le film était sorti en France uniquement sous le titre anglais! Cela m'avait agacé à l'époque).
RépondreSupprimer(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola