mardi 9 janvier 2018

Des Moissonneuses-Batteuses et de la Couille Poilue

« Le Festival de la Couille », un titre qui va te faire sourire, air malicieux qui plisse de jolies rides autour des yeux. Parce que tu crois que j’ai choisi ce titre pour le titre, et tu t’attends à ce que je t’abreuve de salacités perverses au goût de sperme et de suc séminal dégoulinant entre les cuisses de demoiselles n’ayant pas froid aux yeux ni aux majeurs. Sauf qu’aujourd’hui, je vais m’attarder aux histoires vraies que composent ce livre. Pas un roman, pas tout à fait des nouvelles bien que cette vingtaine d’histoires pourraient se lire comme telles. Entre deux grands romans, Chuck Palahniuk ne cesse d’écrire. Pour des journaux, pour soi, pour moi. Il parle de la vie, celle des gens de l’Amérique profonde perdus dans le Kentucky ou la Géorgie. D’ailleurs peu importe l’État où il erre son esprit, l’écrivain compose des articles, des reportages, des impressions du temps et du vent et cela en devient presque passionnant. Pas comme, bien entendu, son « Fight Club » ou son « Choke » car l’auteur choque les âmes de ses mots crus et de ses situations trash. Non, là il expose des faits, il interviewe des célébrités ou presque, il se balade dans des campagnes pour de fabuleux concours de moissonneuses-batteuses. Il se retrouve dans des bars à écraser des cafards pendant que son pote se fait écraser par le cancer dans la chambre de l’hôpital du coin de ce bar. Il s’enivre dans de réputés concours de fellation… Mon univers, en somme. Le silence de la campagne que seul le moteur d’un mastodonte Massey-Ferguson vient déranger. Le silence d’un homme seul attablé devant une bière sur un comptoir collant que seul un jukebox crachotant un air de country vient perturber. Le silence d’une femme pompant passionnément que seule ma giclée impromptue vient accentuer.

« Ce soir, il est question de briser et de réparer. Ce soir, on a le pouvoir de vie et de mort.
Tout le monde est rassemblé pour le concours de moissoneuses-batteuses de Lind. Lind est une ville de quatre cent soixante-deux âmes dans les collines arides, aux confins est de l'état de Washington. Elle est blottie autour des silos d'Union Grain, alignés le long du chemin de fer de la Burlington Northern. Les artères numérotées – First, Second et Third Road – sont parallèles aux voies ferrées, elles aussi. […] Dans toutes les directions sur plus de cent cinquante kilomètres, il n'y a que des champs d'armoise et d'amarante, sauf sur les collines vallonnées couvertes de blé. Dans cette région, les tourbillons de poussière s'en donnent à cœur joie. Les voies ferrées relient les grands silos des villes agricoles comme Lind, Odessa, Kahlotus, Ritzville et Wilbur. A la sortie nord de Lind s'élèvent les restes en béton du pont ferroviaire de Milwaukee Road, aussi spectaculaires qu'un aqueduc romain. Aucun document ne permet de savoir d'où vient le nom de Lind. Vers le sud, s'étendent les terrains de rodéo, des gradins sur trois côtés d'une arène poussiéreuse. Les lièvres viennent pâturer dans un parking de graviers autour des carcasses cabossées et rouillées des anciens participants au concours de démolition. Les concurrents sont de grosses et lentes machines à moissonner le blé. »



De Lind, Washington, à quelques encablures de Missoula, pays de mes auteurs favoris, je monte dans le pick-up, direction un peu plus à l’est, vers le Montana. Le Stetson en place sur ma tête, quelques bières dans la glacière, des bisons autour, une grande plaine poussiéreuse. Quelques nanas, le regard peu farouche, les seins à l’air, je m’arrête. Des bikers en harley, le bide proéminent, le gobelet de bière d’un litre, se pintent la gueule, leurs gros doigts dans le short de leurs gonzesses. Je sens que je vais me plaire, dans ce coin paumé. Un panneau d’affichage, « Rock Creek Lodge ». Après cette route j’ai besoin de faire une pause, de boire une bière et cerise sur le gâteau, de me faire sucer par une horde de femmes, blondes, brunes, rousses, au Stetson soulignant leur regard et aux santiags rien-au-dessus. Oui, je vais m’y plaire là-bas. Testy Fest.

« Une jolie blonde repousse sur l'arrière son chapeau de cow-boy. De cette façon, elle peut sucer son partenaire sans que le bord du Stetson vienne lui frotter le bide. La chose se passe sur une scène, dans un bar bondé. Ils sont tous les deux nus et barbouillés de pudding au chocolat et de crème Chantilly. On appelle ça « Concours mixte de Body Painting ». La scène est couverte d'un tapis rouge. Lumières fluo. La foule scande : « On veut la pipe ! On veut la pipe ! »
Le cow-boy vaporise de la crème chantilly entre les fesses de la blonde et commence à la lécher. Elle le masturbe d'une main pleine de chocolat. Un autre couple monte sur scène et l'homme se met à sucer le pudding dans la chatte rasée de sa copine. Une fille avec une queue-de-cheval châtain et les seins à l'air fait un pompier à un ado non circoncis.[...]Les gens sont serrés comme des sardines, ils fument des cigares, boivent de la bière Rainier, de la Schmidt's et de la Miller, tout en mangeant des testicules de taureau frits dégoulinant de mayonnaise à l'ail. Ça sent la sueur et quand quelqu'un lâche une caisse, le pudding au chocolat fait soudain penser à autre chose.Testy Festy, le festival de la couille du Rock Creek Lodge vient de commencer. »

Voilà, tu as eu ton extrait salace qui mêle plaisir culinaire et vulgarité littéraire. Je peux maintenant, redevenir sérieux et triste, à mon image. Ce festival de la couille, titre accrocheur de la maison d’édition qui n’a rien à voir avec le titre original de l’auteur, ne représente que 5 pages sur les 300. Ces cinq minuscules pages qui se lisent plus vite qu’une pipe avant éjaculation ne représentent pas le contenu sérieux et souvent hors de l’ordinaire d’une vie américaine.


« Le Festival de la Couille », Chuck Palahniuk.

10 commentaires:

  1. "Des moissonneuses-batteuses et de la couille poilue", voilà qui fait rêver...ou pas !
    Plutôt pas d'ailleurs !! ^^

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    1. Tu serais donc plutôt un adepte de l'épilation... :-)
      Pour ma part, je trouve fascinant ces grosses moissonneuses-batteuses... et j'aimerais bien faire ce Testy Festival pour boire de la bière, manger de la couille de taureau et...

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    2. Faut dire que de la bouse de vaches pis des Massey-Ferguson (version charentaise) y’en a en masse dans son coin perdu de la Charente profonde... de quoi faire croasser la grenoUille et gigoter ses cuisses à frire... ^^

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    3. Je le verrai bien dans ce festival de la couille, mangeant quelques testicules de taureaux aussi frites que ses cuisses...

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  2. Quelque chose me disait que ça allait déraper quelque part, jusqu’à ce que mes intuitions me transportent vers le suc séminal et les majeurs en rut. Au passage une paire de big joes à l’air et des blondes, des rousses, des brunes qui font sucette à monsieur. On se fait la belle vie dans tes lectures! :-)
    Sans parler des santiags avec rien au-dessus... un string peut-être, pour la forme... ^^

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    1. Là où ça glisse, ça dérape forcément. C'est pour ça qu'il faut éperonner ses santiags dans la boue avant de chevaucher des pouliches aux big joes en rut...

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    1. Pas une grande passion pou les Massey-Ferguson ou les John Deere ? :-)

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  4. Je ne sais si ce bouquin là est politiquement correct à nos heures de grand effroi, mais je pense qu'il vaut peut-être mieux que son titre!

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    1. Chuck ne fait pas dans le politiquement correct, mais c'est une excellente découverte de l'Amérique en dehors de ce festival original...

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