- On peut vous faire confiance. Je l'ai tout de suite compris. Dès que j'ai vu le portrait de Soljenitsyne.
- C'est Dostoïevski. Mais j’admire également Soljenitsyne.
Ni Dostoïevski, ni Soljenitsyne, mais Dovlatov. De toute façon, après une bouteille de vodka, toutes les photos en noir et blanc d’écrivains russes se ressemblent. Après deux bouteilles de vodka, tous les écrivains russes portent des noms imprononçables, parfois avant même.
Quand un russe quitte son pays natal, on lui donnait le droit à trois valises. Trois petites valises pour rassembler tous les fragments d’une vie. Mais que mettre à l’intérieur, des souvenirs ou des nécessités ? C’est ainsi l’occasion de faire le bilan de sa vie et d’en découvrir une autre, en partant de rien ou presque, resteront toujours le parfum du souvenir et de la vodka d’antan.
Bien sûr, j'aurais pu refuser. Mais, je ne sais trop pourquoi, j'acceptai. Je passe mon temps à répondre aux propositions les plus saugrenues. Ce n'est pas pour rien que ma femme me dit :
- Tout t'intéresse, hormis tes devoirs d'époux.
Ma femme est convaincue que le premier devoir d'un époux est d'être sobre.
Serguei Dovlatov, de prime abord, effrayé de rassembler sa vie pour la mettre dans de si petits contenants, se limita pourtant à une seule valise. Unique objet pour démarrer en terre américaine, l’écrivain émigré russe va ainsi me conter l’histoire de « la valise », de son costume ou de sa paire de chaussettes. Chaque objet, presque futile aussi imposant voir important qu’une boucle de ceinture, sera l’objet d’une nouvelle autobiographique. Ces dernières sont souvent empreintes de nostalgie, une petite pointe d’ironie, quelques sourires amusants mais surtout beaucoup de tendresse.
Pour moi découvrir un nouvel écrivain russe, c’est caviar et vodka. Une immersion totale ou presque – j’évite quand même de me rapprocher du goulag, la vodka doit y être de piètre qualité. Et la vodka rafraîchit les idées, comme la littérature russe. Le souffle glacial du blizzard tourne les pages de ma vie, une bouteille de vodka se vide autant qu’une solitude déverse des verres de transparence. Je ne suis ni poète ni russe, mes vers sont juste des verres d’une vodka blanche et glacée – sans un brin d’herbe de bison.
Je me mets ainsi à la place de l’auteur : que mettrai-je dans une valise qui pourrait ressembler à un fragment de ma vie ? Quelques bouquins, une paire de chaussettes colorées – j'aime pas les chaussettes tristes – et puis on a toujours besoin de chaussettes dans la vie, une boite à trésors au style icône orthodoxe, une bouteille de parfum fleur de coquelicot de l’être aimée, une bouteille de vodka ou d’autres quêtes spirituelles… et puis je crois que j’ai fait le bilan de cette vie-là… Ça fait du bien de lire un tel roman, ça permet de faire le tri dans sa vie, et se rendre compte qu’il n’y a rien dans cette putain de vie qui vaut le coup de m’être gardé. Que quelques souvenirs, comme une évidence, qui eux auront le mérite d’être éternels, même après une bouteille de vodka.
- Tu as bu ou quoi ?
- Non. Pourquoi ? Tu en avais l'intention ?
- Ça ne va pas, non ? dit Bezoublov en agitant les mains. Pas question !
Je bois uniquement le soir... Jamais avant midi.
« La Valise », Serguei Dovlatov.
Il y a trois choses que peut faire une femme pour un écrivain russe. Elle peut lui préparer à manger. Elle peut sincèrement croire à son génie. Et enfin elle peut le laisser tranquille. La troisième, entre parenthèses, n'exclut pas les deux premières.
Envie d'une vodka, d'un seul coup comme ça. Et envie de cette valise. Et content de cette musique jamais ouie par mes pavillons auriculaires. Tu as fait asssez fort, Tovaritch. Spassiba. En plus tout mon russe est dans le commentaire.
RépondreSupprimerJe vois que tu en connais plus que moins en russe... Je ne sais pas pourquoi, mais oui, je crois, que cette valise pourrait te plaire. Spasibo спасибо de ta visite.
SupprimerDeVotchKa, malgré son nom russe voulant dire 'Jeune Fille' - un nouveau mot russe à mettre dans ton dictionnaire - est pourtant un groupe de rock indépendant bien américain (de Denver).
Je viens de survoler quelques titres de DeVotchka. Je trouve ça génial. Je ne connaissais pas du tout et j'ai pourtant vu et je possède Little Miss Sunshine. Merci pour la découverte vraiment enthousiasmante.
SupprimerLittle Miss Sunshine est la film qui les a fait découvrir... j'ai deux trois albums d'eaux, et j'aime cette ambiance, entre rock et folklore nostalgique...
SupprimerJe ne connais absolument pas la littérature Russe. Le problème pour moi des noms de famille compliqués c’est que rapidement je ne sais plus qui est qui et je perds le fil de l’histoire. Oui c’est CON je sais !
RépondreSupprimer« Je bois Uniquement le soir ... jamais avant midi » ! Ca c’est CON aussi mais ça me fait sourire :D
C'est la plus belle phrase qui soit...
SupprimerEt pour les noms, de toute façon, après un verre de vodka, on se fout carrément de savoir qui est qui, on continue juste de boire...
J'aimerais bien voir tes chaussettes. Quand j'avais un homme je ne cessais de lui acheter des chaussettes. Une vraie fixette. ça l'amusait beaucoup. Heureuse nature. Elles gisent dans un tiroir...
RépondreSupprimerJe me demande ce que je mettrais dans une seule valise !!! Je vais y réfléchir.
De russes je n'ai lu que les grands classiques... toujours fascinants. Et je suis fan de Vissotski. Je suis sûre que tu aimes.
Je bois uniquement le soir... Jamais avant midi : merveilleux 😂
Vladimir Semionovitch Vyssotski, si on parle du même, je ne connais pas du tout... M'en vais le découvrir, il fera peut-être partie alors d'une prochaine illustration sonore d'un roman russe...
SupprimerLes grands classiques... me font toujours peur... J'aimerais aller voir Dostoïevski mais il me faire encore plus peur qu'une bouteille de vodka vide...
J'adore les chaussettes...
MAGNIFIQUE la chanson symphonique et son très joli chanteur 💓
RépondreSupprimerTrès beau ce chanteur... Hein ! :-) Moi, je suis plus sensible à sa voix, que j'aime beaucoup et aux mélodies...
SupprimerJolie chronique...
RépondreSupprimerpour rester dans le ton :
http://thebinarycoffee.blogspot.com/2017/02/serguei-dovlatov-la-valise-editions-du.html?spref%3Dbl&n=Binary+Coffee:+Sergue%C3%AF+Dovlatov,+La+Valise,+Editions+du+rocher.&t=++Sergue%C3%AF+Dovlatov+,+La+Valise+,+Editions+du+rocher.
http://thebinarycoffee.blogspot.com/2017/02/on-vole.html
Sympa ce blog... je vais y retourner....
Supprimermerci!
Supprimerpetite info : aujourd'hui, en Russie, Sergei Dovblatov est plus connu que Soljenitsyne ! Soljenitsyne n'est plus lu, les nouvelles générations de russe l'ont oublié...
RépondreSupprimerMaintenant, moi aussi, j'ai plus lu Dovblatov que Soljenitsyne, et pourtant je ne suis pas russe :-))
Supprimerc'est "Dovlatov" pas "Dovblatov" c'est moi qui ai fait cette erreur de frappe!... en même temps Doblatov ça serait drôle... (daube) :)
SupprimerPour Soljenitsyne je te conseille "Une journée d'Ivan Denissovitch" et "L'Archipel du goulag" au moins !
J'ai cru que Dovblatov était le nom russe... et qu'il s'est francisé en Dovlatov pour la traduction...
Supprimeren cyrillique c'est "Довла́тов" le B -> V! limpide! non?
SupprimerTiens, pour un essai celle ci devrait t'agréer...
RépondreSupprimermême si je n'ai moi que des disques en russe (sublime langue).
Attention sa guitare est rarement accordée. Ça peut piquer les oreilles.
https://youtu.be/m0ZV1IX0qpU
Magnifique la guitare :-)
SupprimerEt la voix, je lui trouve un timbre à la Arno...
Ça mérite que j'en découvre un peu plus...
Oui il y a du Arno dans la voix mais les textes et la bio sont beaucoup plus désespérés. Il est fait pour toi :-)
SupprimerCaviar et vodka, ça me rappel le 31 décembre !
RépondreSupprimerSinon, c'est pour quand la photo avec tes chaussettes...colorées !! ;)
promis... bientôt une photo sur InstaBison d'un Bison en chaussettes Simpson... A suivre...
Supprimerrappelle*
RépondreSupprimerJe n'ai pas beaucoup lu de littérature Russe et pourtant, mes quelques incursions dans ce monde littéraire j'ai adoré!
RépondreSupprimerAprès deux bouteilles de vodka, y'a pas que les noms qui sont imprononçables. Après deux bouteilles de vodka, t'y comprendrais sans doute rien à l'accent québécois et son débit ^^
"une bouteille de vodka se vide autant qu’une solitude déverse des verres de transparence." Ischhhhhhhhhhhhhhh crisse !
Fuck le blizzard !
je crois que même sans un verre, je capte rien à l'accent québécois :-)
SupprimerEt puis j'aime bien la vodka... j'aime bien imaginé le blizzard emporté mes non-paroles au-delà des glaces et des neiges... j'aime bien l'herbe de bison, mouillée ou pas... j'aime bien d'une manière générale ce qui est mouillée... fuck le blizzard !
SupprimerCrisse, t'as compris pourquoi c'est mouillé???? ^^
SupprimerAprès une bouteille de vodka, j'ai l'impression de tout comprendre de la vie...
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