
Sur le quai d’une gare. Personne. Juste du vent, pas l’ombre d’une brune. Juste de la poussière balayée par le vent. La brume s’évapore, la lune s’enfuit, un train siffle. Puis le silence. D’un quai vide, d’une vie vide. Le train reprend son rythme lancinant, le regard sur l’horizon. Je regarde par la fenêtre le paysage défiler. Des arbres, des forêts, des clairières, des arbres, un lac. Je descends à l’arrêt suivant. Toujours personne sur le quai, personne qui m’attend. Je m’engouffre, petit chemin sous-boisé dont les méandres semblent grimper au-delà des montagnes. La sueur découle à chaque pas, atmosphère humide, au son des clochettes des temples voisins.
Bien étrange atmosphère où je plonge, à l’ombre de cryptomérias centenaires, un parfum de forêt et de solitude, dans un lieu à la fois mystique et mystérieux. Bien étrange bouquin que j’ai amené avec moi pour accompagner cette longue plage de silence où les âmes semblent avoir disparu, la mienne comprise. Entre deux pauses contemplatives, je lis quelques pages, ouvrant un roman hongrois, je me retrouve immergé dans la forêt du Kansaï à suivre les traces du petit-fils du prince Genji à la recherche d’un jardin d’une incroyable beauté.