Parce qu’à l’annonce d’une triste nouvelle, on repense à son passé, à son histoire, à ses souvenirs. Et de fait, j’ai eu l’envie, le besoin même, de replonger dans ma cuisine, sans dépendances. Ouvrir une bouteille de vin, un Chinon aux fruits rouges type prune, je crois qu’il aurait bien aimé un verre de Chinon, je ne sais pas pourquoi, c’est l’image qu’il me renvoie, ça ne se discute pas, ça se ressent, simplement, intérieurement, silencieusement, c’est comme le désir, la passion, l’Amour. Et le type, un passionné, je le crois, de théâtre déjà, de cinéma et d’amitié. Pas un bougon, ce n’est qu’un personnage, mais un être tendre qui boirait un verre de vin avec moi. Agnès, tu peux te joindre à nous.
Bref, du coup, j’ai sorti mon DVD de « Cuisine et Dépendances », et j’ai souri, beaucoup, énormément, pendant quatre-vingt dix minutes. Et puis, je me suis rendu compte que j’avais un beau coffret avec le texte intégral de la pièce. Je crois que je ne l’avais jamais lu auparavant. L’occasion, je me jette dessus, comme quand on est sur un quai de gare, face à un train, et qu’on décide de monter dedans, juste pour voir un sourire. Parce que des sourires il y en a beaucoup qui fusent à l’ombre de la lune d’un soir. Et je prolonge donc ce plaisir de lire la pièce. Les dialogues font toujours mouche, j’ai les images qui restent gravées en moi, comme certains sourires.
J’ai encore passé un grand moment, un plaisir, un régal, aussi bon qu’un flan pâtissier ou qu’une panna cotta avec son petit coulis de mangue, aussi délicieux qu’un Chinon dans une cuisine sans dépendance ou qu’un Beaujolais aux abords d’un étang. C’est ça l’effet Bacri pour moi. Du coup, je n’ai pas besoin de vous raconter l’histoire, tout le monde la connait, tout le monde l’a vécu. J’adore ce cynisme, cette mauvaise foi, ces comédiens, cette écriture… Tout simplement. J’adore les rapports humains, ses questionnements sur le couple, sur l’amitié, sur la société. Et c’est avec cette même simplicité que je me ressers un verre, dans les coulisses d’une cuisine. J’ouvre même un énorme paquet de pistaches.
FRED : ... Dis donc, t'es pas gai, toi, ce soir, hein ?
JACQUES : Tu le connais, Georges... C'est le contraire d'un gai...
GEORGES : Mais qu'est-ce que vous avez avec ça ?... Pourquoi voulez-vous à tout prix que je sois "gai" ? ... Je me demande pourquoi vous attachez tant d'importance à ces choses-là... Il est toujours question d'être "gai", ou souriant, ou "en pleine forme", c'est une obsession ?... Je n'ai pas appris de bonne nouvelle, je n'ai pas gagné au Loto, je n'ai rien à vendre à personne, je n'ai aucune raison d'être particulièrement "gai"... Je suis un être humain, pas un animateur !!... Il n'y a qu'à la télévision qu'on voit des gens éclater de rire à longueur de temps, comme des crétins...
JACQUES : Est-ce que quelqu'un te demande d'éclater de rire comme un crétin ? On te demande de ne pas glacer l'atmosphère, c'est quand même moins contraignant !...
« Cuisine et Dépendances », Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.
Comme je le disais ailleurs, le Bison où l'art de trouver les bons mots...
RépondreSupprimerIl faut absolument que je revois le film !
Prévois une grosse part de flan en même temps...
SupprimerÇa se ressent, intérieurement, dans les tripes, comme le désir, la passion, la force du blizzard sur un coeur en tempête, ça se ressent, extérieurement, à l'ombre d'un sourire, d'un quai de gare, les rapports humains, j'adore... <3
RépondreSupprimerEt si on s'ouvrait un Chionon?
* Chinon, bien sûr... mes mots s'emmêlent dans l'euphorie du blizzard, d'un soir québécois. Je veux bien d'une dernière goutte, la plus précieuse qui soit, la vie est une fête... et si nous fêtions?
Supprimerma cave est remplie de Chinon... J'ai donc bien plus qu'une goutte à proposer... Par temps de blizzard, certaines précautions s'imposent...
SupprimerAlors on s'ouvre un Chinon? Plus qu'une goutte, une bouteille.
SupprimerLa vie est une fête :-*
la vie est surtout dans la dernière goutte...
Supprimer🙏😪
RépondreSupprimerElle va manquer au cinéma, sa tronche de grognon...
Supprimer