Epices Islandaises

Le célèbre Erlendur est parti en promenade dans les landes, des vacances méritées en solitaire, en flic taciturne et sombre. Du coup, je me retrouve avec l’inspectrice Elinborg pour mener l’enquête. Une affaire de viol et de drogue du violeur. D’ailleurs, ça serait le violeur qui aurait ingéré la drogue et se serait fait tuer. Pas commun cette affaire…

Elinborg est peut-être l’antithèse d’Erlendur. Elle parait enjouée, une mère de famille qui essaye tant bien que mal d’élever ses trois enfants, des ados à l’âge difficile. Pas facile donc de concilier ces deux parties prenantes de sa vie. Erlendur n’a plus donner signes de vie depuis son brusque départ, une voiture de location laissée à l’abandon. Mais on n’a pas le temps de s’en occuper. Cela fera l’objet d’une autre affaire, d’un autre bouquin, priorité au meurtre du jour aux odeurs de tandoori. 

« Ensuite, elle avait vu ce sang.

Et cette entaille en travers de sa gorge.

Elle avait été prise de nausée. Elle ne voyait plus que le visage blafard de l'homme et cette entaille rouge, béante. Elle avait l'impression qu'il la fixait de ses yeux mi-clos et qu'il l'accusait. »

Et Elinborg a du flair aussi, question épices indiennes elle s’y connait. L’enquête, elle la mènera avec brio, bien évidemment, je n’en doutais pas moins. Elle la mènera aussi un peu dans les landes, un coin reculé loin des fast-foods de Reykjavik. Une petite excursion pour comprendre l’assassiné et pourquoi pas trouver l’assassin, même si l’assassiné a l’air d’un beau salopard, adepte du Rohypnol.     

Je ne renonce jamais à m’enfoncer dans la noirceur de l’Islande, à plonger dans une eau glacée et sombre comme la vie. Et mon fidèle compagnon Erlendur m’entraîne dans l’histoire de son pays, dans la géologie de ses terres, dans la beauté de sa tourbe. Et là, point d’Erlendur pour accompagner mon voyage solitaire, donc moins d’entrain, de silence, de solitude. Plus de frustrations par conséquent, car si je lis les romans d’Arnaldur indridason, ce sont justement pour ces à-côtés, ces mystères et ces paysages illuminés par le blizzard, des aurores boréales entre ciel et terre, et célébrés par la tristesse des anges. Mais cela ne m'empêchera pas d’écouter encore un titre de Sigur Rós, vous l'aurez compris, je milite pour ce bonhomme qui mélange le folk des fjords et le blizzard du rock. Fuck le blizzard.  

« Elle pensait à Runolfur, à cette méchanceté qui l'habitait et qui coulait au fond de sa conscience telle une rivière noire, profonde, froide et tourmentée. »

« La Rivière Noire », Arnaldur Indridason.

Traduction : Eric Boury.