C'est un été. 1982 pour la version originale. 1985 pour la version de François Ozon. 2020 pour son visionnage dans la salle obscure. 2021 pour sa lecture. Que de dates estivales pour commencer cette histoire. Et beaucoup de chiffres pour un roman, à commencer par son sous-titre, "Une vie et une mort en quatre parties cent dix-sept petits morceaux six rapports circonstanciés et deux coupures de presse avec quelques blagues deux ou trois devinettes quelques notes et un fiasco par-ci par-là pour faire avancer le récit".
Mais il est question aussi de lettres, de poésie, de souvenirs et de mélancolie. Les mots ont leur place dans l'univers de Hal, seize ans, qui ne sait pas très bien ce qu'il veut faire l'année prochaine. Arrêter le lycée comme le voudrait son père, continuer comme le souhaiteraient sa mère ou son professeur de lettres. Mais d'ailleurs pour faire quoi...
TRISTE adj. (XIIe ; trist, Xe; lat. tristis)
1. Qui est dans un état de tristesse, malheureux.
2. Qui, par nature, présente les caractères extérieurs de cet état ; qui ne rit pas, n'est pas gai. Clown triste. Les gens tristes sont peu apprécier en société.
3. Qui exprime cet état. Visage triste. Faire triste mine.
4. Par ext. Qui est comme imprégné de tristesse, répand la tristesse. Robe, couleur triste.
Triste : abattu, accablé, affecté, affligé, aigri, altéré, amer, angoissé, assombri, atrabilaire, attristé, austère, bonnet de nuit, cafardeux, chagrin, consterné, défait, désenchanté, désespéré, désolé, endolori, éploré, funèbre, lugubre, malheureux, maussade, mélancolique, morne, morose, navré, noir, neurasthénique, peiné, sévère, sinistre...
Tout ça au long de l'interminable nuit sans sommeil.
Entrée en scène de Barry. Cet été, une promenade à bord d'un voilier, chavirage et sauvetage, mise à nu et vêtements à sécher, l'intimité d'une mère aimante, bref le début d'une amitié en peu de temps, en une nuit même. Barry et son magasin - de disques. J'imagine, des étalages de 33 tours, du bon vieux rock anglais, Charlie Watts et ses Rolling Stones, Ozzy Osbourne et son Black Sabbath, du vieux punk, de la néo dark wave. Les british ne manquent pas de rock, mais là n'est point le sujet, le roman n'est pas musical, sauf pour l'omniprésence d'Ozzy, il est littéraire, il est mélancolique, du spleen et de l'amour, mais les histoires d'amour finissent... en général...
Cette danse du coucou [premier titre de la traduction française des années quatre-vingt avant son renouveau ozonesque], si chère à Laurel et Hardy, est surtout une ode à l'amitié qui se mue en amour, aux silences incompris, à cette passion de deux êtres qu'un instant de jalousie un jour d'une fin d'été (les premiers jours de septembre apportent toujours ses réponses sur l'amour véritable) sombrera comme un voilier chahuté par le vent, chavirera par la fougue d'une houle aux abords de la Tamise, par un orage sombre et noir comme les pensées de l'adolescence.
Celui de nous deux qui mourra le premier, l'autre s'engage à aller danser sur sa tombe.
Et moi, j'aimerai bien aussi te voir danser sur ma tombe. Chanter même, à la manière d'Ozzy pourquoi pas ou pas. Boire une bière sur ma tombe. Pisser dessus aussi si l'envie t'en presse. Et n'hésite pas à gerber également sur la pierre... Voilà comment j'imagine les poussières de ma tombe.
"Été 85", Aidan Chambers.
Traduction : Jean-Pierre Carasso.
Salut, le Bison !
RépondreSupprimerLe titre " Été 85" colle mieux à l'affiche du film, évocateur des vacances d'été, que l'original anglais, bien plus synonyme de chagrin et de deuil.
J'ai entendu parler du film, mais j'ignorais qu'il était une adaptation du roman.
Je note le titre dans mon carnet de " Livres a trouver ".
Merci pour cette chronique !
Depuis le film de Ozon, la nouvelle édition doit plus facilement se trouver, surtout dans des brocantes vide-greniers ou site d'occasion. Cette édition est d'ailleurs préfacée par Ozon lui-même et pour boucler la boucle par postfacée par l'auteur qui évoque l'adaptation de Ozon.
SupprimerEt le titre original, Dance on my grave...
Bonne journée
Nous étions peu nombreux en salle l été dernier à aller voir le dernier film de notre chouchou. Nous sommes ressortis le sourire aux lèvres. Nous avons aussitôt lu le livre... Sur la plage. Ma moitié à beaucoup aimé, moi moins, trop d'images du film parasitant la lecture.
RépondreSupprimerOui. Ozon a été très fidèle au roman... Mais un an après, il est vrai que j'avais toujours les images du film en même temps que je lisais...
SupprimerLire après un film, j'adore.
RépondreSupprimerJ'ai fini, cette nuit, en larmes. Petit pays. Rien à voir.
Moi je n'aurai pas de tombe. J'aimerais être dispersée mais pas sûre que ce soit faisable. Je serai dans une urne avec ma moitié.
Il était beau ce film.
Oui... il était très beau ce film... Et je regrette aussi de ne pas pouvoir disperser les cendres de ses proches. Redevenu poussière, l'on devrait pouvoir se mêler aux autres poussières...
SupprimerIl me reste à voir le film d’Ozon et d’ailleurs je vois qu’il est dispo sur mon Hélix (un truc de par chez moi). Je le regarde donc... absolument... parce que déjà, à te lire, j’ai envie de découvrir cette histoire de spleen et d’amour... et que « les premiers jours de septembre apportent toujours ses réponses sur l'amour véritable ». J’aurais même envie d’en faire une citation à graver quelque part...
RépondreSupprimerUn film à voir... et si tu ne me crois pas (ben oui c'est aussi ton droit), demande à la grenouille des marais, elle saura te convaincre.
SupprimerTout Ozon est à voir, de toute façon...