dimanche 24 septembre 2023

Le Bidonville de Zarathoustra


 De Paris à Casablanca, retour à leurs racines. 
C’est décidé : Chérif et May décident de revenir dans leur ville natale en découvrant qu’ils vont avoir leur second enfant. 
Chérif, architecte de ville, May historienne, un couple qui avance main dans la main dans ce projet. Ils connaissent bien tous les deux la ville, même si ce n’est pas la même, à Chérif les coins populaires, à May quartiers de la bourgeoisie.
Si le roman de Yasmine Chami va s’attarder sur le couple, le sujet principal sera sa ville, Casablanca, à travers leurs regards, et leurs projets.
Chérif d’ailleurs, doit réhabiliter un bidonville. Pour cela il devra « recaser » sa population à l’extérieur de la ville. Il y prévoit des maisons en dur pour tous, avec un toit, l’eau, l’électricité. Il pense aux infrastructures nécessaires, écoles et espaces verts. Il espère même faire venir des lignes de bus…
Une action louable, donc…
Sauf que May a une autre vision du projet, du promoteur et de la mairie. Elle voit surtout des hommes et des femmes, dans le besoin, à qui l’on va reprendre la seule chose qu’ils avaient pour eux dans cette ville : la vue sur la mer.    

« Tu es un poète », avait-elle souri avec malice mais il avait rétorqué, vif : « Jamais ! Les poètes finissent maudits, la ville les dissout, les avale, crache leurs os disloqués qui vont rejoindre les carcasses de poissons morts au large du port. Plutôt mourir ! Non, je serai un nabab... et toi la reine de Saba ! Ma femme. »

Ainsi, May va s’aventurer dans le bidonville, écrire, en même qu’un journal de bord de sa grossesse, sur les gens qui y vivent, les femmes, les vieux. Un livre où ces hommes et ces femmes qui ne savent pas écrire pourront aussi devenir auteurs, avec leur nom sur la couverture. Un livre sur le bidonville et cette espace de la ville qui, malgré les promesses qu’on peut leur faire, n’ont pas envie de quitter, « le bidonville de Zarathoustra ». Ainsi, May s’opposera petit à petit au projet de Chérif, pour lequel elle a du mal à croire, et c’est ce couple si solide du début qui va s’étioler au fil des pages.

Un roman sur la ville, un roman sur le couple, un roman sur les femmes. Un roman sur ces âmes qui vivent dans la misère et dont pour le confort de tous, il est préférable de parquer à l’extérieur de la ville et ainsi pouvoir reconstruire de nouveaux quartiers huppés et centres commerciaux avec vue sur la mer, effluves d’embruns. 

« Casablanca Circus », Yasmine Chami.

Sur une masse critique, 
Merci donc à Babelio et les éditions Actes Sud 
pour la visite guidée des bidonvilles de Casablanca.
 

 
 

4 commentaires:

  1. Ce que tu dis de ce livre me tente vraiment beaucoup.
    Je le note.
    Et Page/Plant ! Pourtant pas un inconditionnel de Led Zep mais ce disque m'a transporté. Sans les images, en écoutant Yalla, j'y étais au Maroc.
    A bientôt.

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    1. Inconditionnel de Led Zep je suis, inconditionnel du one shot Unledded je reste.
      Pour le roman, très intéressant. Il m'a par contre manqué un peu de romanesque, un peu d'émotion...

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    2. Ahhh oui c'est bien bon ça et quand tu voix les voix derrière c'est encore mieux !

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    3. Par derrière, c'est toujours mieux mon bibi. Pensées...

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