mardi 6 février 2018

Hôtel Ambassador, 5 juin 1968

Il est dit que chaque américain se souvient précisément où il était et ce qu’il faisait le 22 novembre 1963, à part peut-être George Bush. Cinq années ont passé, mais la politique n’a pas changé. A l’Hôtel Ambassador, c’est le soir du grand bal, celui de la réception du sénateur Bobby Kennedy, candidat aux primaires de Californie, pour le dépouillement des premiers votes et probablement la marche vers  l’investiture royale, celle du trône de la Maison Blanche. Là encore, une date mémorable ce 5 juin 1968 qui marqua la vie de nombreux militants et américains qui voulaient justement une Amérique qui change, une Amérique plus juste. Bobby promettait la fin du Viet-Nam, des mesures plus sociales, la voix aux minorités. Malgré la richesse de son nom, il est le seul homme à vouloir redistribuer les rôles et les richesses. Mais voilà, comme chacun sait, Bobby s’est fait descendre ce soir-là à l’Hôtel Ambassador. On ne fait pas bouger l’Amérique sans en payer le prix.

« J'étais au maquillage, dans un studio de Londres, lorsqu'on m'apprit son assassinat. Je me suis dit que le monde était devenu fou. En l'espace de quelques années, on avait tué JFK, Malcolm X, Martin Luther King, et maintenant Robert Kennedy. J'ai eu le sentiment que tout fichait le camp. C'était hélas vrai. »
— Anthony Hopkins

« J'avais travaillé pour lui et l'avais côtoyé durant pas mal de temps. Cette nuit du 4 juin a changé à jamais le cours de l'Histoire, pas seulement pour notre pays, mais pour le monde entier. »
— Harry Belafonte


Emilio Estevez mettra des années à réaliser cet ambitieux projet. Pari réussi pour ma part, en grande partie. Bien sûr, le film est essentiellement bavard, mais le réalisateur a pris un autre parti pris, celui de mettre de côté Bobby, qui n’apparaît qu’en filigrane dans ce récit, pour s’intéresser essentiellement aux (petites) gens qui étaient présents ce soir-là à l’hôtel. 22 destins pour un moment d'Histoire. Et pour cela, il aligne les vedettes, les stars, les noms dont chacun pourrait tenir une tête d’affiche. Là, ils se la partagent tous, à part presque égale, parce que chacun n’a au final qu’un petit rôle dans ce film, mais l’enjeu est de montrer l’Amérique et non pas de se montrer. Sur cette affiche, Anthony Hopkins, William H. Macy, Martin Sheen, Harry Belafonte, Laurence Fishburne, Christian Slater, Elijah WoodHelen Hunt, Sharon Stone, Demi Moore… Mais la véritable vedette de ce film reste, malgré tout, la défaite de l’Amérique. Une perte dont elle ne pourra et ne saura s’en remettre et qui entraînera probablement le chaos mondial de nos jours actuels. L’Amérique est morte ce soir-là, comme Bobby et les espoirs qu’il suscitait.

Je vais parler quelques secondes de la bande son, histoire de réveiller celles et ceux qui baillent aux corneilles sur la route de ce cinéma. ;-) Quand on me propose Stevie Wonder, Aretha Franklin, Marvin Gaye, The Supremes et The Moody Blues, je profite de ces airs du temps qui eux ne sont pas morts dans l’oreille collective. Surtout quand le film s’achève sur The Sound of Silence de Simon & Garfunkel.

Bobby, toute une époque… la fin d’une époque.      

« Bobby » [2007], Emilio Estevez

12 commentaires:

  1. Jamais vu ce film mais la bande-son, tu sais ce que j'en pense...:D Il faut dire que j'avais 19 ans. Merci de la découverte. Je comprends que tu n'aies pas interféré avec le roman de Marc Dugain. A bientôt l'ami.

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    1. Marc Dugain va suivre. C'est pour cette raison que j'ai eu envie de ressortir ce film de ma dvdthèque.

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  2. 'Kennedy you son of a bitch' ! -- Sirhan Sirhan :(
    Bon film, jolie bande son.

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    1. Bien résumé. Pas excellent, mais (très) bon quand même...

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  3. Intéressant comme idée et puis Anthony Hopkins, William H. Macy, Helen Hun et Sharon Stone, ça ne se refuse pas !

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    1. Demi Moore ne se refuse pas non plus. Tout comme Heather Graham que je n'avais pas mentionnée... Trop de monde sur cette affiche !

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  4. Pas vu... (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)

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  5. Bonjour le Bison, comme eeguab, jamais vu ce film. Tu me fais regretter de ne pas l'avoir fait. Je ne sais pas si on peut encore se procurer le film en DVD. Bonne après-midi.

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    1. Pour les 50 ans de ce triste événement, peut-être une sortie enrichie du dvd sera mise à l'honneur... pour un film pas parfait mais qui intéressera ceux qui aime les films à ambiance, un univers à part, cet hôtel.

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  6. Un grand que cet Emilio Estevez dont j’aimerai toujours son inconditionnel Breakfast Club.
    L’Amérique est morte ce soir-là, je le pense aussi. Partis en éclats, les pièces de l’Amérique ne se sont jamais recollées que pour diviser le peuple et dominer le monde. La longue lutte vers la liberté s’est transformée en lutte de pouvoir. Je n’ai pas vu le film encore, mais je suis à peu près convaincue que d’entendre The Sound of Silence à sa toute fin m’aurait fait pleurer de tristesse et de colère...

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    1. Je ne connais pas son Breakfast Club. Du moins je ne crois pas... Triste est le mot. Triste pour notre ère car j'ai le sentiment que cette nuit-là a changé beaucoup de notre monde actuel. D'où certainement aussi un sentiment de rage ou de dépits qui peut en découler...

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