Lieu : Mexico, Mexique
Lever du soleil : 7h01 | Coucher du soleil : 18h38
Décalage horaire : - 7h
Météo : 21°. Beau temps peu nuageux. Vent faible
Latitude : 19.432608 | Longitude : -99.133208
Musique : Calexico, Crystal Frontier
Un Verre au Comptoir : Mezcal, avec le ver
Une odeur de soufre, un parfum de chair putréfiée. Je n’ose pas rentrer dans la pièce. J’ai rêvé d’une détonation cette nuit. Il s’est fait sauter le caisson, pressentiment sauvage, le bison de la nuit me l’a murmuré à l’oreille, comme d’autres susurrent à l’oreille des chevaux ou d’une brune dans le coït bestial. Tu n’échapperas pas à cette voix, ni toi, ni moi, le bison rode, et tu vois cette mare de sang, le corps gluant et puant de ton ami gisant sur le lino virant du blanc-poussière ou sombre-carmin. Sombre karma que cette nuit.
« Tu n’échapperas pas au bison de la nuit. »
Une odeur de femme, un parfum de paso doble sous la moiteur des robes. Pedro Infante et le crescendo d’une nuit charnelle dans l’abandon des sens. J’ai rêvé au Mexique des années 30, aux bordels et sa désinvolture, mais aussi à l’envers de son histoire, à toute sa violence, de Pancho Villa à la guerre des Cristeros. Qu’est devenu ce temps ? Un naufrage, une cité abandonnée. Un Bison rode rue Tacuba, un soir de nuit bleue - blue moon - n’ayant pas échappé à ce regard triste dans la vitrine. Elle semble lointaine, solitaire, visage impassible et énigmatique de la femme objet. Muse de chair ou carcasse sans âme ? Le Bison s’en saisit et la ramène chez lui. Dépouillée de ses vêtements, aussi nue que le ver au fond de sa Mezcal, le majeur en émoi. Doux karma que cette nuit.
Chambre 803 d’un motel, un aparté dans cette nuit, réflexion profonde pensée nocturne, le ver était-il plongé vivant dans la bouteille de Mezcal. Une légende urbaine parle également de vers suicidaires. Ou est-ce le bison qui lui a soufflé les derniers instants de la vie d’un ver ? La bouteille à moitié vide en évidence entre les oreillers du lit, draps défaits odeurs de baise taches de sperme, il se réfugie dans les souvenirs. Cette femme, son ami… et l’amour… Un trio de possédés, plongés dans la mort et les souvenirs, un tatouage à l’encre bleue d’un bison une seule aiguille, leurs destins sont liés, même dans la mort. Aucun moyen d’échapper la nuit au Bison bleu.
« Maintenant, le bison de la nuit va rêver de toi. »
Un appart miteux que partagent deux hommes, à défaut d’un motel room 69 ou d’une quelconque chambre qui dégage des odeurs de poésie et de rêve, d’innocence surtout, de folie peut-être. Plus qu’un aparté dans cette nuit, elle est là, immobile, muette, ensorcelante. Est-ce un mirage ou la Mezcal avec son ver, noyade par ordonnance dans les abysses de l’agave bleue, ou encore dans son flot de larves avoisinantes. J’ai cru l’entendre pousser un soupir, sous la perfection de ses traits. Provocante, vêtue d’un peignoir chinois telle une invitée d’honneur, sans dessous, un fantasme parmi tant d’autres que semblent partager Tonio, Bernardo et le Bison. La Misérable, Vénus callipyge aux fesses rondes … un quatuor de possédés. Draps défaits et tâches de sperme, mais il n’y aura de cette femme que l’odeur du passé, une robe de mariée à l’ancienne et un voile recouvrant son visage, des souliers de satin. Offerte au regard des passants rue Tacuba. Je m’échappe à son histoire pour rejoindre un Bison sous la nuit bleue et boire une Mezcal au nom de l’amour, celui rêvé, celui des souvenirs ou encore des fantasmes. Blue moon, j'ai le cœur tropical des nuits de tempête.
« Le bison de la nuit va rêver de toi, dit-il. Il marchera à tes côtés, tu entendras ses pas, son souffle. Tu sentiras sa sueur et il s’approchera si près de toi que tu pourras le toucher. Et quand il décidera de t’attaquer tu te réveilleras dans la prairie de la mort. Alors tu cesseras de faire le malin, pauvre con. »
« Le bison de la nuit va rêver de toi, dit-il. Il marchera à tes côtés, tu entendras ses pas, son souffle. Tu sentiras sa sueur et il s’approchera si près de toi que tu pourras le toucher. Et quand il décidera de t’attaquer tu te réveilleras dans la prairie de la mort. Alors tu cesseras de faire le malin, pauvre con. »
« J’éteignis la lumière mais ne put m’endormir : je redoutais la nuit, la longue nuit du bison bleu. »
« La nuit je me couchais nu sur le lit,
lumière allumée,
je supportais la chaleur et j’attendais
l’assaut du bison bleu. »
Les Escales,
Un trip littéraire composé à 4 majeurs,
amarée des mots et de la poussière.
Prochaine escale : Patagonie
Mais quel est cet autre Bison ? Est-ce un frère de Chigurh ou du juge de Cormac McCarthy ? Ton texte m'a ramené dans ses ambiances. La Frontera, le Mexique, le soufre, la souffrance. Ici le sexe en plus.
RépondreSupprimerEn bonus, une grande version d'un grand Calexico.
A bientôt.
Le Bison de la nuit hante tes rêves, c'est un être méprisable de chair et de sperme. Et dans l'esprit, il peut y avoir du Cormac McCarthy pour le côté ambiance poisseuse et poussiéreuse.
SupprimerLa grenouille de la nuit, ça sonne moins bien bizarrement...
RépondreSupprimerC'est moins bandant, effectivement.
SupprimerMerci encore, grenouille de la nuit, tu y étais de cette escale...
Quel plaisir de partager ces voyages avec toi mon Bison de la nuit bleue...!
RépondreSupprimerUn mélange de mots et d'escales que j'adore... (la prochaine nous promet aussi de belles vagues d'émotions, j'ai hâte!)
Au fait, tu as croqué dans le ver ou tu l'as sucé? Arrrrrkkkkk! ^^
J'adore ton choix musical de Calexico, magnifique... <3
Merci de ta patience, j'ai quand même trainé plus de 3 mois dans ce Mexique à boire de la Mezcal et à dormir à la belle étoile avec quelques tarentules de compagnie :P
Bisous
Calexico est toujours magnifique, avec un ver de Mezcal en plus, et c'est une immersion totale dans la poussière d'une vie mexicaine...
SupprimerQuel joli Blue-moon !
RépondreSupprimerJ'ai maintenant cette furieuse envie de partir sous ce soleil Méxicain et de boire una Corona muy fresca!
Salud Bisonte
y'a pas de ver dans le verre d'une Corona... juste une rondelle de tristesse...
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