
« Dans ce monde, on trouve toutes sortes de gens. Chacun fait tout et n’importe quoi de sa vie. Et quelques-uns deviennent des meurtriers. Par accident, par colère ou par jeu. Je crois que cela fait partie de la vie de l’homme. Pourtant, je n’avais jamais imaginé devenir l’un d’eux, ni que ma mère deviendrait une victime. Tout ce que je voulais, c’était avoir une vie à moi. Mon espoir, c’est que vienne le jour où je pourrais faire ce qui me plaisait, où je pourrais vivre ma vie à moi – après la mort de ma mère. Mais je n’aurais jamais pensé qu’elle mourrait de cette manière. Encore que si, d’ailleurs autant l’avouer. »
Je m’approche de la chambre de ma mère, toujours aucun bruit dans la maison, pas même le floc floc de la cafetière qui égraine son temps et ses gouttes de café noir, ni même le toc toc du sang qui circule dans mes tempes. Je pénètre son antre, les pieds baignant dans cette mare de sang à l’odeur écœurante. Ouvrir la porte – qui n’était pas fermée à clé, se retenir de gerber devant ce spectacle nauséeux. Elle est là, allongée sur son lit, les yeux fermés, couverte elle aussi de sang – le sien, je présume. J’essaie de rembobiner le film d’hier soir, comme un scénario de la nouvelle vague, mais les éléments ne s’enchaînent pas, l’histoire de mes souvenirs reste étrangement mystérieuse. Suis-je donc devenu le meurtrier de ma mère ?